L’ACADÉMIE FRANÇAISE ADMET LA FÉMINISATION DES NOMS DE MÉTIERS

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S’agit-il d’une révolution ou d’une nécessité face à l’évolution des usages de la langue ? Adopté à une imposante majorité (2 voix contre) les « immortels » (tient le masculin l’emporte) ont entériné le document de la commission sur la féminisation des noms de métiers sans toutefois donner un avis contraignant.

Chirurgienne, rédactrice, acheteuse … sont couramment employées et font partie des usages de langue, mais certains mots posent encore question sur leur féminisation. L’Académie française vient de trancher dans son rapport du 28 février. Présidée par l’historien Gabriel de Broglie et composée de de la romancière Danièle Sallenave, du poète Michael Edwards et de l’écrivaine Dominique Bona, la commission souligne qu’il « n’existe aucun obstacle de principe » à la féminisation des noms de métier. L’Académie française se refuse à en dresser une liste exhaustive, « une tâche insurmontable » dans « une période de transition sociale et d’évolution des usages ».

La « gardienne des bons usages »

Rappelant le contexte marqué par « l’évolution « rapide et générale » de la place des femmes dans la société, l’Académie française explique qu’elle est « gardienne des bons usages ». Soit ! Mais quelles sont ces usages ? Longtemps considéré comme la fabrication de néologisme, la féminisation de certains mots cristallise toujours le débat. Autrice, écrivaine interroge. Pourtant dès le Moyen-Age, autrice, chirurgienne, commandante font partie de la langue, alors que d’autres mots féminisés ne subsistent pas. la « peinteresse »(pour femme du peintre), « l’autoresse ».

L’Académie française ne codifie pas la langue

L’Académie française insiste sur son refus de codifier la langue, préférant « recenser utilement les difficultés rencontrées, qui expliquent les hésitations, voire les résistances de l’usage ». La féminisation la plus courante consiste à ajouter un e. Une constante qui s’applique sans accentuer la féminisation comme mairesse ou doctoresse. Ce que le rapport note comme un « mode ancien de féminisation, très marqué et regardé de ce fait aujourd’hui comme porteur d’une discrimination ». Rien de tel pour la transformation des mots en « eur » qui se féminise en « eure » Imperceptible à l’oreille. On pourrait ajouter que ces mots n’impliquent aucune connotation négative à la différence de certains mots féminiser en « euse », (rapporteuse, entraineuse …)

Oui cheffe !

Exemplaire le cas de la féminisation de « chef » réunit de nombreuses difficultés. Doit-on écrire chèfe, la chef, chefesse ou même cheftaine ? L’usage semble préféré cheffe. Et la commission constate que « la langue française a tendance à féminiser faiblement ou pas les noms des métiers (la remarque peut être étendue aux noms de fonctions) placés au sommet de l’échelle sociale ». Le pouvoir se refuse jusque dans les mots à s’incarner au féminin. On ne dit toujours pas « maitresse des requêtes » au Conseil d’Etat, mais on espère Présidente de la République lorsque le cas se présentera ! Pendant longtemps ambassadrice employée depuis la fin du XVIème siècle désignait l’épouse de l’ambassadeur. « Cet usage de la «conjugalité », qui rapporte la dénomination féminine à l’épouse du titulaire d’une fonction, d’un mandat ou d’une charge, est tombé en désuétude ». Ouf !