FRÉDÉRIQUE CINTRAT BOOSTE L’AMBITION PROFESSIONNELLE

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Cadre supérieure dans le groupe de la Caisse des Dépôts Frédérique Cintrat est devenue entrepreneure. Après 27 ans de salariat dans l’univers de l’assurance elle se jette à l’eau et crée Axielle.com application de networking pour les femmes et Assurancielle dédiée à l’assurance au féminin. Ses deux start up incarnent une trajectoire professionnelle bâtie sur un fonctionnement en réseau qu’elle maitrise parfaitement. Distinguée  » Femme de l’année dans l’assurance  » en 2013 elle met ses compétences au service des entreprises et lors de grands évènements professionnels. Membre de nombreux réseaux féminins (Voxfemina, Financielle) cette diplômée de l’EM Normandie vient de publier « Comment vient l’ambition ? » (Eyrolles éditions 2018). Une boite à outils pleine d’énergie. Interview.

Pourquoi écrire un livre sur l’ambition aujourd’hui ?

En 2013 j’étais directrice commerciale et plus je montais et plus je constatais qu’on était peu nombreuse dans les événement de networking. Ainsi qu’à l’accession aux postes de leadership. Par ailleurs je trouvais qu’on parlait beaucoup du plafond de verre et assez peu de l’ambition. Cela m’a donné l’idée de regarder la terminologie du mot ambition sur internet. Et je suis tombée sur une archive que l’INA venait de publier autour d’un débat télévisé auquel j’avais participé qui s’intitulait « comment l’ambition vient aux filles ? » J’ai décidé 30 ans après d’en faire un livre.

Y a-t-il une ambition féminine ?

Ce sont les mêmes ressorts pour les hommes et les femmes. Bien que l’on ait tendance à investir davantage sur les garçons que sur les filles. Pour certaines d’entre elles réaliser leurs ambitions signifie qu’elles doivent déjà faire abstraction de ce qu’on peut attendre d’elles.

Quels sont les freins à l’ambition ?

A contrario ce sont des caractères forts qui réalisent leurs ambitions quel que soit le job. Ce sont des femmes très autonomes ou qui sont issues de contextes familiaux au sein duquel l’ambition est quelque chose de naturel. Elles sont encouragées à prendre des risques. Par opposition les freins sont fréquents dans un univers surprotégé où il y a moins d’espace de liberté. Il y a aussi des moments où les priorités de vie font que l’on met l’accent sur telle ou telle chose et je ne rentre pas dans la caricature sur les enfants. Enfin l’entreprise est-elle adaptée à ça ? Après 45 ans si les femmes ne sont pas déjà à des postes de leadership c’est plus compliqué. Et c’est pour ça qu’un certain nombre décide de se lancer dans l’entrepreneuriat.

Il y a donc une date de péremption à partir d’un certain âge ?

Je vais nuancer. Il y a une compétence que les femmes n’ont pas forcément développées qui est celle du réseau. A un certain niveau de poste et de compétences on attend que l’expérience soit aussi une capacité à nouer des liens avec un éco système extrêmement large. Et si ces femmes ne l’ont pas fait au cours de leur carrière elles ont beau avoir les diplômes il leur manque le rayonnement. D’où l’intérêt quels que soient l’âge et les priorités de cultiver son réseau et de le développer.

Que conseillez vous ?

  • Fonctionner en réseau

Le tout premier c’est de fonctionner en réseau. Il ne suffit pas de s’inscrire dans un réseau. Il faut qu’il soit utilitaire. L’étude d’HEC au féminin de 2015 montre que les femmes ont un réseau moins étoffé et moins utilitaire que les hommes. On peut être une très grande extravertie et ne pas faire de réseau utile. Je peux avoir peu de personnes mais avoir bien ciblé des gens influents ou des dirigeants. Mais le réseau n’est pas forcément composé que de big boss. Cela peut être des personnes qui amènent à la recommandation. Et il faut savoir l’utiliser à bon escient et saisir les opportunités. Il faut cibler les objectifs. L’essentiel est de ne pas perdre de temps.

 

Il ne faut pas s’épuiser. Il faut savoir ce qu’on fait de ses contacts. Le réseau féminin ce n’est plus un loisir.

 

  • Maitriser l’art de la parole

Tout dépend si on est salariée ou entrepreneure. Dans l’entreprise il faut susciter un certain intérêt par la prise de parole dans des groupes de travail, dans des colloques. Celui qui va prendre la parole n’est pas forcément le plus érudit. C’est un super accélérateur parce qu’on sort du lot. Il faut s’entrainer quand il n’y a pas beaucoup d’enjeu. Aujourd’hui tout le monde parle d’oser. Mais je n’aime pas trop ce terme. Un des témoignages du livre dit « moi je vais viser le mammouth et s’il est trop gros je vais en couper des tranches ». Il faut se donner des micro objectifs. Est ce que je prends le risque ou pas ? La prise de risque me fascine davantage. Dans l’entreprise se dire je postule à un autre poste c’est prendre le risque d’être moins bonne que sur le poste actuel.

  • L’image et la santé

Il faut de l’énergie c’est la base. Et également faire attention à son image. Quand on travaille dans une entreprise il y a plein de codes non verbaux. Le code du pouvoir. Certaines me disent il faut s’affranchir de tout ça. Mais l’apparence génère des clés de compréhension. Alors même si la liberté est assez grande il faut éviter que le public pense d’abord elle est glamour avant de dire elle est compétente. On peut le déplorer mais on ne peut pas le nier.

Alors on est toujours sur des codes très masculins ?

Mais même de la part des femmes. Combien d’entre elles te disent mais tu es magnifique sur une photo professionnelle ? La façon de s’habiller est déjà une façon de communiquer. Etre féminine peut laisser entendre sexy et dans le monde professionnel on entre dans quelque chose de l’ordre de la séduction et donc du privé. Il faut adapter sa tenue à son auditoire et à ce qu’on veut véhiculer.

Il y a une différence de comportement face à l’ambition selon les générations ?

On est la première génération qui a fait des études longues. HEC a été mixte pour la génération des femmes qui ont 65 ans aujourd’hui. Sur les jeunes générations ça dépend complètement du milieu. J’ai fait une intervention pour un réseau (SMEREP)au mois de décembre dernier. Et des jeunes filles me disaient dans notre milieu c’est plus difficile de dire qu’on a de l’ambition. J’avais l’impression d’être 35 ans en arrière ! Une étude révèle que les jeunes femmes sont plus ambitieuses mais cela ne se traduit pas par je veux un gros poste dans une entreprise mais je veux pouvoir être indépendante faire ce que je veux quand je veux. Mais le risque c’est aussi de se dire on va pas gagner de l’argent tout de suite et d’être précaire.

 

Les rôles model ce n’est pas uniquement une question d’âge mais des gens qui disent que c’est possible.

 

Avoir des « rôles model » dans la vie professionnelle est nécessaire ?

Bien sur. C’est une identification. Les « rôles model » sont partout même dans les séries télé. Dans l’univers de la tech des filles comme Aurélie Jean c’est bien. Les personnes qui m’inspirent peuvent être plus jeunes que moi. Si elle entreprend à son âge pourquoi moi j’aurais des réticences ?  Quelle est mon appétence au risque ? Je perds un confort de salaire et je prend le risque de ne pas plaire à tout le monde et de ne pas être dans la norme ! Il ne faut pas être lisse. Les aspérités attirent l’attention. Tout le monde aime la glace à la vanille par contre la glace à la pistache on l’adore ou on la déteste ! Je me suis rendue compte que les femmes qui ont témoigné ont été pro active. On est moins venu les chercher que les hommes. Alors les femmes doivent davantage  faire savoir qu’elles ont de l’ambition. Ce sont des biais inconscients.

 

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