FOOT : LES FEMMES SONT-ELLES TOUJOURS HORS JEU ?

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© Jeffrey Lin

On opinerait volontiers du chef sans y réfléchir. Car dans l’imaginaire collectif (et le nôtre ?)  le stade reste un bastion masculin. Et son appropriation par les femmes relève d’une longue quête qui surfe sur les stéréotypes de genre véhiculés par les médias et les conversations de bistrot. Pourtant en 2019 la Coupe du Monde de football féminin se déroulera en France et sera retransmise sur Canal + et TF1. Alors hors-jeu ou pas ?

La dernière couverture de Public nous a hérissé le poil. Intitulé « 10 trucs à ne surtout pas faire quand ton chéri et ses potes matent un match » l’article surfe sur les stéréotypes de genre.  Alors que de nombreux médias ont recruté dans leur team des journalistes pour commenter les matchs le supporter reste souvent dubitatif quand il n’est pas grossier. Et la réussite reconnue d’une Estelle Denis titulaire de sa propre émission sur la chaine « l’Equipe » ne cache pas la difficulté des femmes journaliste à exercer leur métier. La brésilienne Julia Guimarães, l’espagnole Maria Gomez et la colombienne Julieth Gonzalez Therán agressées en direct témoignent de dérapages constants de la part des supporters. Alors rien n’aurait changé ? Pas si sûr. La Coupe du Monde 2018 a une vertu sociétale qui sort (lentement) le football et les femmes des clichés.

 

Le football baromètre de l’avancée des femmes dans la société

L’Iran a autorisé les femmes à suivre le match Iran-Espagne dans le stade de Téhéran. Cet acte inédit depuis la révolution islamique de 1979 ne signifie pas pour autant une libéralisation des comportements. Lâcher du lest dans une compétition internationale offre aux Etats une communication amplifiée et stratégique. Afchine Alavi, membre du conseil national de la résistance iranienne explique à l’Equipe  qu’il s’agit d’un geste destiné aux pays occidentaux de la part d’un régime en difficulté. Et si l’Iran a limité l’entrée des femmes aux matchs impliquant seulement l’équipe nationale l’Algérie suscite la polémique sur la place accordée aux femmes dans les stades. Autorisée par la loi la présence des algériennes serait rejetée par les hommes. Ce que contestent certains internautes.

 

Si les femmes veulent voir un match de foot, qu’elles aillent voir jouer les footballeuses et nous laissent entre nous. Kamel 20 ans (AFP)

 

Le football peut-il se passer de la mixité ?

Estampillé jeu de garçons  le football régit l’organisation des cours d’école. Et renforce l’acceptation d’un sport genré. La division de l’espace renvoie les filles à la périphérie tandis que le centre est réservé au foot. Pourtant d’un point de vue économique féminiser la pratique du football serait pertinent. Dans une interview accordée au Monde Marie-Cécile Naves, directrice des études au think tank Sport et citoyenneté explique que « le sport féminin, et le foot notamment, représente de nouvelles niches en expansion au sein d’un marché saturé ». Mais pour y parvenir une part de rêve indissociable de rôle models manque. Aux Neymar, Griezmann et autres Zidane aucun nom de footballeuse iconique se sort. Aujourd’hui 159.000 femmes sont licenciées au sein de la Fédération.

La Coupe du Monde de football féminin

L’organisation du Mondial féminin l’année prochaine en France pourrait booster la discipline. 52 matchs seront programmés dans toute la France du 7 juin au 7 juillet. De quoi donner de la visibilité aux joueuses, aux arbitres féminines et aux supportrices. Brigitte Henriques Vice Présidente de la Fédération Française de Football depuis 2011 fait bouger les lignes. Chargée du développement du football féminin l’ex footballeuse estime que les barrières culturelles sont tombées. Elle souligne dans l’Yonne Républicaine que sur 16 000 clubs seul un sur deux accueille des joueuses.

 

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