BIBLIOTHÈQUE IDÉALE : « NOUS SOMMES TOUS DES FÉMINISTES »

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Chimamanda Ngozi Adichie at The Forum recording at the Galle Literary Festival © BBC World Service

Texte fondateur d’un féminisme « pop »à l’image d’une Beyoncé , le livre de l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie est rapidement devenu une « bible » pour les femmes de toutes générations. Une aura amplifiée par ses conférences TED inspirantes et ses déclinaisons commerciales comme ces tee-shirts portant le titre de l’un de ses talks « We should all be feminists ». Mais le slogan « Nous devrions tous être féministes » est un puissant mantra qui mérite toute sa place dans boite à outils de l’émancipation.

Aujourd’hui, après une longue période d’aveuglement, j’assume pleinement être une féministe heureuse, qui aime les femmes et les hommes, qui portent des talons, des jupes et du rouge à lèvres pour son propre plaisir.

Féministe, moi? Jamais !

Vous m’auriez rencontrée il y a vingt ans c’est ce que j’aurais répondu.
Pourquoi être féministe? Nos grands-mères et mères s’étaient mobilisées, le combat me semblait clos. Les féministes, pensais-je, sont ces femmes qui rejettent les hommes, pleine de colère et de rage contre la société, en deux mots : pas moi.

Il semble que le terme de féminisme – que le concept même de féminisme – est lui aussi limité par les stéréotypes (…) le terme est chargé de connotations lourdes et négatives. (…) On déteste les hommes, on déteste les soutiens-gorge, on déteste la culture africaine, on estime que les femmes devraient toujours être aux manettes, on ne se maquille pas, on ne s’épile pas, on est toujours en colère, on a aucun sans de l’humour, on ne met pas de déodorant.

Chimamanda Ngozi Adichie

C’était sans compter mon passage par cinq années de vie dans la capitale européenne. Une réalité crue m’est apparue : ma voix n’avait pas de portée auprès des prestataires de services que j’engageais (jardinier, plombier, électricien, peintre, …), des hommes se permettaient des remarques déplacées dans la rue, voire m’agressaient verbalement. Ne pas partager mon habitation avec une personne du sexe opposé m’avait reléguée en humain de seconde classe. En trois mots : ça m’a énervée.

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Féministe, moi? Par défaut

A quarante ans, l’évidence est là, la femme n’est pas l’égal de l’homme. Les stéréotypes sont encrés dans la société, les droits acquis par les générations précédentes sont seulement le début du chemin. Je suis prise dans un système que j’alimente par l’usage d’expressions et de comportements anti-féminins. Mes yeux s’ouvrent face à une constatation tragique, même les femmes ne favorisent pas leur genre. A nos filles nous disons “Tu peux être ambitieuse mais pas trop. Tu dois viser la réussite sans quelle soit trop spectaculaire, sinon tu seras une menace pour les hommes. Si tu es le soutien de ta famille dans ton couple, feins de ne pas l’être, notamment en public, faute de quoi tu l’émasculeras.”

C’est l’injonction paradoxale, s’émanciper, devenir autonome mais pas trop pas au détriment de… Sortir de chez soi avec une liste de conditions depuis l’apparence vestimentaire et physique en passant par le vocabulaire et la posture dictés par un inconscient social hors d’âge.

Féministe, moi? Pour une éducation des filles et des garçons basée sur les aptitudes et les centres d’intérêts.

A l’aube de la cinquantaine, je me revendique féministe, de la vague qui prône l’éducation de toutes et tous et surtout pour l’inclusion des hommes. Comment faire changer les expressions langagières, les comportements et le respect?
C’est dans ce contexte que j’ai lu Chimamanda Ngozi Adiche. Cette auteure Nigériane, dans son discours « Nous sommes tous des féministes » remet dans le contexte socio-culturel africain et occidentale, les biais que nous acceptons sans plus nous en rendre compte.

Si vous n’avez pas le temps de lire, écoutez le TEDx dans sa version originale (sous-titre français disponible)

Un texte court et fondamental, qui rassemble les genres autour d’une cause commune « (…) je considère comme féministe un homme ou une femme qui dit, oui, la question du genre telle qu’elle existe aujourd’hui pose un problème et nous devons le régler, nous devons faire mieux.Tous autant que nous sommes, femmes et hommes « . A mettre entre toutes les mains, pour ouvrir les yeux ou réveiller les consciences endormies.

Nous sommes tous des féministes, Chimamanda Ngozi Adichie, Folio 2€, 50 pages. Suivi de la nouvelle Les marieuses.


BIO EXPRESS
15 septembre 1977 : Naissance dans l’État d’Anambra, au sud-est du
Nigeria.
2008 : Master en création littéraire et une maîtrise ès arts d’études
africaines à l’Université de Yale 
2003 : premier roman, L’Hibiscus pourpre (Purple Hibiscus)
2012 : Conférence Ted x à Londres  » We Should All Be Feminists ».
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