A 76 ans, l’américaine Karen Uhlenbeck a reçu le 20 mars le prestigieux prix Abel décerné tous les ans par l’Académie norvégienne des sciences et des lettres. La reconnaissance de l’ensemble d’une carrière.
Créé en 2003 ce prix doté de 600 000 couronnes (620 000 euros) supplée l’absence de Nobel en mathématiques. La spécialiste des équations aux dérivées partielles a reçu cette distinction pour « son travail fondamental dans l’analyse géométrique et la théorie de jauge qui a radicalement modifié le paysage mathématique « a déclaré le Président du comité. La mathématicienne, professeure émérite à l’Université d’Austin au Texas et chercheuse à l’Institute for Advanced Study, de l’Université de Princeton avait déjà été pionnière, en étant la première femme à être reçue à l’Académie nationale des sciences aux Etats-Unis comme le souligne Le Monde.
C’est difficile d’être un rôle model, cependant, ce que vous devez faire, c’est montrer aux étudiants que des personnes imparfaites peuvent être et continuent de réussir …
Karen Uhlenbeck
Son parcours est atypique. La native de Cleveland passionnée par la lecture s’est intéressée tardivement aux mathématiques. Elle soutient sa thèse à 26 ans en 1986 et ne cessera de développer « des outils et des méthodes d’analyse globale qui sont maintenant utilisés par les géomètres et analystes » a commenté l’Académie norvégienne. Karen Uhlenbeck est également une femme engagée pour l’égalité des sexes en science, combattant l’effet Mathilda selon lequel les recherches des femmes scientifiques sont absorbées au profit des hommes. L’instigatrice du programme Women and Mathematics (WAM) a également co-fondé le Park City Mathematics Institute(PCMI) dont l’objectif est de former de jeunes chercheurs.
Karen Uhlenbeck a joué un rôle majeur dans les progrès des maths et a inspiré les générations suivantes de femmes à devenir des figures du domaine.
Robbert Dijkgraaf, directeur de l’IAS
Conscient de la récompense tardive de la mathématicienne, Jim Al-Khalili, membre de la Société royale norvégienne cité par Le Monde a estimé que « La reconnaissance des réalisations de Karen Uhlenbeck aurait dû être beaucoup plus grande car son travail a conduit à certaines des avancées en mathématiques les plus importantes de ces quarante dernières années ». Un regret qui permettra peut-être de reconnaitre plus de femmes scientifiques à l’avenir. Il suffit de rappeler que l’autre grand prix de mathématique, la médaille Fields a été attribuée à l’iranienne Maryam Mirzakhani en 2014, seule femme lauréate depuis sa création en 1936.