JAPON : UNE FEMME POUR SAUVER LA DYNASTIE NIPPONE ?

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timbre à l’effigie du nouveau couple impérial

L’abdication de l’empereur Akihito du Japon est inédite dans un pays où la tradition commande d’accepter la charge dynastique jusqu’à sa mort. Le choix de quitter le trône du chrysanthème bouscule les institutions. Si le prince héritier, Nahurito, sera bien couronné mercredi, la descendance mâle se raréfiant, une femme pourrait-elle monter sur le trône dès la prochaine génération ?

L’annonce de l’abdication de l’empereur est un évènement qui vu d’ici, revêt un caractère folklorique. Au Japon, on parle d’une nouvelle ère, car la tradition patrilinéaire pourrait être remise en question, dans une dynastie où seuls les hommes peuvent accéder au trône. Car si Nahurito (59 ans) succèdera à l’empereur démissionnaire ce mercredi, l’ordre pourrait être bouleversé dès la prochaine génération. En cause, la raréfaction des héritiers. La pénurie guette. Reste le frère cadet, le prince Prince Akishino (53 ans), son fils le prince Hisahito (12 ans) et le frère de l’empereur Akihito (83 ans). Avec une équation mathématique à une inconnue, celle de la descendance mâle du jeune Isahito. S’il venait à décéder sans avoir d’héritier mâle le trône sera vacant. Et la sauvegarde de la lignée la plus vieille au monde pourrait passer par l’accession d’une femme au trône. Mais pour cela il faut réformer.

Un cas non prévu par la Maison Impériale

La démission de l’empereur non prévue par la Constitution a fait l’objet d’une loi d’exception, le très conservateur premier ministre Shinzo Abe n’ayant pas souhaité réformer à cette occasion. Le progressisme dont fait preuve l’empereur Akihito trouve un écho favorable dans la population. Le site Dozodomo citait déjà en 2017 un sondage selon lequel 68% des japonais approuveraient le règne d’une femme. Si une réforme de la Maison Impériale allait dans ce sens, cela signifierait que la descendance de cette impératrice pourrait accéder au trône. Inenvisageable pour les ultra conservateurs qui se réfèrent à la permanence de l’histoire. Même si en 2600 ans, huit femmes ont régné. La dernière, Go-Sakuramachi, entre 1762 et 1770 à l’époque de Louis XV. Toutefois, elles ont eu le bon goût de ne pas engendrer de descendance, remettant donc à beaucoup plus tard la nécessité d’une réforme.

Les femmes excluent de la lignée par le mariage

Pourtant il existe bien une descendance de femmes dans la lignée impériale. Mais elles sont automatiquement exclues de la succession dès qu’elles se marient. Une situation qui reflète la prégnance du patriarcat dans la société japonaise. Symbolique à ce titre, Masako Owada (55 ans), l’épouse de Nahurito qui devient la nouvelle impératrice. Sacrifiant sa thèse et une carrière prometteuse (études d’économie à Harvard), elle a été difficilement acceptée par la famille impériale. Trop indépendante, trop roturière ! Une femme que la presse comparait volontiers à la princesse Diana. Rôle modèle d’émancipation dans une société fermée, elle a été rattrapée par le poids des traditions auxquelles se sont ajoutées ses difficultés pour tomber enceinte. Lorsque sa fille nait en 2001, la déception de l’opinion publique la fragilise et la renvoie à son unique rôle de mère.

Elargir la loi successorale

Une révision des lois successorales pourrait permettre à princesse Aiko de Toshi, fille du nouveau couple impérial, âgée de 17 ans de devenir la première impératrice régnante. Et ce même en épousant un roturier. Certains plaident cet « l’élargissement » au sein de la famille impériale autorisant les enfants nés de cette union à prétendre à la succession. Une autre piste suggère de réintégrer dans le giron impérial, les membres exclus après-guerre. Des options qui se heurteront à la très conservatrice et masculine classe politique japonaise.

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