NUMÉRIQUE : OÙ SONT LES FEMMES ?

Numérique où sont les femmes JFD 2018
Delphine Remy Boutang ©François Tancré

.Les femmes de la tech se sont données rendez-vous le 17 avril à la Maison de la radio pour la 6ème Journée de la Femme Digitale. Sur un mode conversationnel en duo entrepreneures, intrapreneures ont occupé la scène du studio 104 pour échanger sur leurs expériences. Le but ? Encourager les femmes à se lancer dans le numérique secteur où elles sont trop peu nombreuses « For a Better World ».

La sous représentation des femmes dans le numérique est endémique et constitue la raison d’être de cette journée co fondée  il y a 6 ans par Delphine Remy-Boutang. Après le temps du constat place à l’action. Sur la base des résultats de l’étude « Elles changent le monde » réalisée auprès de plus de 1000 femmes entrepreneures et intrapreneures les témoignages inspirants prouvent que les choses évoluent. Mais alors que les freins semblent s’atténuer pourquoi ne trouve-t-on que 10% de femmes entrepreneures dans la tech? Ou sont donc passées les pionnières des années 70 ?

En primaire les filles sont attirées par le numérique

Difficile de suivre le cheminement de l’évaporation des femmes dans le numérique tant il commence tôt. Ainsi que l’a détaillé Mounir Majhoubi secrétaire d’Etat chargé du numérique l’attrait du monde digital est réel pour les petites filles à l’école primaire. « Parfois les filles sont meilleures que les garçons dans les ateliers numériques. Quelques années après au collège tout cela disparaît. Les mêmes filles qui voulaient être designer de voitures ne sont plus au rendez-vous. Comment on fait pour pas perdre ça » ? La solution passe dès le plus jeune âge par la construction des imaginaires. « Il faut travailler avec des prof qui n’ont pas forcément cet imaginaire. Mais aussi avec les parents qui transmettent de façon consciente ou inconsciente des valeurs à leurs enfants ». Des rôles modèles toujours et encore.

Se former, être coaché

Des rôles modèles il y en a eu de toutes générations au cours de la journée. Alix de Sagazan, co-fondatrice de AB Tasty insiste sur la nécessité d’être coaché. « On se retrouve à manager du jour au lendemain… C’est un exercice difficile. Nous avons été coachés avec mon associé sur toute la partie management ». L’entrepreneuse pointe un besoin mis en avant dans l’étude. 82% des femmes ayant répondu au questionnaire n’ont jamais suivi de formation. Et se sont formées par elles-mêmes ou ont été cherchées les compétences qui leur manquaient. Pour Jeanne Massa co-fondatrice d’Habiteo et ambassadrice du programme « French Tech diversité » est adepte du coaching pour ses équipes. Pour leur faire partager sa vision d’un projet.

 

On parle partout de l’égalité salariale, mais il se trouve que le secteur le plus en croissance est aussi celui qui exclut le plus.

 

Le paradoxe du numérique et des femmes

Mounir Majhoubi rappelle que le numérique est un eldorado pour tous ceux et celles qui s’en empareront. « On est en train de créer dans le secteur le plus dynamique un biais. On va avoir une génération d’hommes qui va avoir des carrières extrêmement accélérées avec des salaires élevés et des femmes qui ne sont pas dans ces secteurs et qui ne vont pas avoir les mêmes progrès ». L’égalité salariale en prend un coup. Alors même que la société se digitalise (déclaration en ligne, consommation…) avec un impact quotidien dans nos vies comment accepter que les femmes restent en marge ? Au delà des questions d’égalité se profile un modèle de société fabriquée et conçue par les hommes.  Au coeur des enjeux l’Intelligence Artificielle qui irriguera notre avenir doit être penser par les hommes et les femmes au risque de développer une société hémiplégique.

 

Une intelligence artificielle ressemble à celui qui l’a conçue. Et donc elle ressemble aux hommes, au communautés de développeurs et d’ingénieurs qui les ont conçues. Mounir Majhoubi

 

Développer une culture inclusive

La question du numérique est aussi à mesurer à l’aune d’une culture inclusive au sein de l’entreprise. « Dans les entreprises qui valorisent le caractère « bullish » (on gagne toujours quand on parle le plus fort) cela met de coté plutôt les femmes. Et très régulièrement les personnes LGBTQ ». La prise de conscience est le fruit de l’expérimentation. L’étude révèle qu’en matière de management les femmes se basent sur l’empathie, l’accompagnement de leurs collaborateurs pour les faire progresser (+ de 78%). Ainsi que sur l’aménagement des horaires (67%). Delphine Rémy Boutang propose de créer un nouveau terme plus féminin pour remplacer le terme « levée de fonds ». « Choisir un nouveau verbe d’action pour expliquer le financement, l’investissement de façon plus humaine ».

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