MÉNOPAUSE AU TRAVAIL : DES « SALLES DE PLEURS » POUR LES POLICIÈRES DE NOTTINGHAMSHIRE

Capture Twitter BBC Woman's Hour - La ménopause sur les lieux de travail
Capture Twitter BBC Woman’s Hour

Soucieuse de ne pas perdre ses éléments féminins à l’apparition des premiers symptômes de la ménopause, Sue Fish ex chef de la police de Nottinghamshire a initié des règles de « confort » dans son commissariat. Ventilateurs de bureaux, meilleur accès aux douches et « pièce pour pleurer » figurent au menu d’un programme de management inédit. L’ensemble de ces mesures figure depuis le mois de janvier 2018 dans un très complet « guide de la ménopause » rédigé par  Keeley Mansell, 42 ans, policière atteinte de ménopause précoce. Loin de faire l’unanimité, la prise en compte de la ménopause sur un lieu de travail est cependant une première.

Il y a urgence à prendre en compte les symptômes de la ménopause au bureau « C’était un gaspillage de talent. Et introduire une politique spécifique était la bonne chose à faire » a souligné l’ex chef de la police. Depuis un an un guide a été mis en forme et une nouvelle version publiée il y a quelques jours. Le documente explique que la ménopause est un facteur de discrimination sur le lieu de travail et impacte également l’entourage des femmes concernées. « Il est important que la police de Nottinghamshire comprenne les difficultés et les angoisses des policières et du personnel qui traversent ce changement et que nous gérions cette question en sensibilisant, en formant (…)  tous les responsables et collègues ».  Après les pages détaillants la nature, les effets et les traitements de la ménopause suivent les recommandations adoptées par le management. Parmi les mesures proposées la plus inédite on trouve la mise à disposition d’espaces privés (crying room) permettant aux femmes de faire une pause, pleurer, discuter avec une collègue ou téléphoner à un soutien personnel ou professionnel.

 

Les policières ont un droit de regard sur le thermostat de la pièce. Elles peuvent aussi demander à être placées près d’une porte ou d’une fenêtre. Et bénéficier d’un ventilateur de bureau. « La police de Nottinghamshire veillera à ce qu’elles aient un meilleur accès aux douches afin qu’elles puissent changer d’uniforme ». Dans certains cas, elles pourront même alléger leur tenue en se délestant du port de gilets de protection. La longue liste inscrite dans le guide n’a pas fait l’unanimité. Les mesures ont été qualifiées de condescendantes. « Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de leur dire qu’elles ont besoin d’un espace privé pour pleurer. C’est un peu insultant pour des femmes qui affrontent quotidiennement des situations très difficiles » s’est indigné David Davies, membre du parti conservateur. L’éditrice d’un magazine féminin tacle l’initiative. « Je travaille dans un journal plein de femmes d’âge mûr. Et si elles se sentent fatiguées, après le travail, elles prennent un gin tonic, un chocolat ou un thé ». Keeley Mansell rédactrice du programme met en avant son ressenti. Et rétorque « J’avais l’impression d’avoir perdu ce que j’étais. J’étais une personne qui aimait discuter mais je n’arrivais plus à sortir. J’avais perdu toute confiance en moi. J’ai cherché du soutien et j’ai constaté qu’il n’y avait rien. »

 

Nous travaillons de plus en plus tard. Il y a 3,5 millions de femmes sur les lieux de travail qui ont entre 50 et 65 ans. Il est donc essentiel qu’elles obtiennent un soutien au travail pour leur permettre non seulement de continuer à aimer ce qu’elles font mais aussi d’obtenir de meilleurs résultats. Deborah Garlick fondatrice de Henpicked.net

 

Aux objections de paternalisme les femmes à l’origine de cette politique rappelle que la période de ménopause est stigmatisante. Outre les bouffées de chaleur, les rougeurs, les suées les manifestations physiques s’accompagnent d’un bouleversement intérieur tout aussi cataclysmique. Difficultés à trouver ses mots, manque de concentration, fatigue sont courants. Le programme mis en place s’intéresse aussi aux aspects psychologiques de cette transition. « La confiance peut -être en défaut à un moment où une femme a une faible estime d’elle-même où ne se sent pas elle-même ». Si l’initiative est novatrice sur un lieu de travail, l’instauration de « crying room » existe déjà au Japon pour combattre le stress. Pour 85€ par jour les japonaises louent une pièce équipée de draps chauds et de masques pour les yeux. « Elles regardent des mélos et lisent des mangas super tristes » !

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