JOSÉPHINE BAKER AU PANTHÉON : UN PARCOURS INCLASSABLE

Josephine Baker
Josephine Baker ©Wikimedia Commons

Après Simone Veil et Maurice Genevoix, Joséphine Baker fera son entrée au Panthéon demain. Première artiste de scène admise dans l’enceinte érigée pour les « grands hommes », elle incarne un militantisme qui ne se laisse enfermer dans aucune case.

Joséphine Baker sera la sixième femme, la première femme noire et la première artiste de scène célébrée dans ce sanctuaire. Voilà pour les chiffres qui incarnent la volonté du gouvernement de choisir un symbole universel et disruptif. Elle rejoindra Sophie Berthelot, la physicienne Marie Curie, les résistantes Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion et la politique Simone Veil. Six femmes d’engagement au côté de 75 hommes. L’aboutissement d’une idée proposée en 2013 par Régis Debray qui écrivait alors dans une tribune du Monde : « rien ne serait plus dépaysant, moins hypocrite et narcissique, que de hisser cette Américaine naturalisée en 1937, libertaire et gaulliste, croix de guerre et médaille de la Résistance, au coeur de la nation ».

Une militante aux multiples causes

Impossible de faire la synthèse de ses combats qui seront honorés demain. Née dans une Amérique ségrégationniste, elle choisit la France pour exercer son art. La meneuse de revue ne se laisse pas enfermer dans le stéréotype de l’artiste noire des Années folles où le jazz, alors genre mineur prend ses quartiers. Joséphine Baker militante s’engagera dans le contre-espionnage, profitant de sa notoriété et de sa liberté de mouvements pour transmettre des informations au cours de la seconde guerre mondiale. Engagée contre le racisme au sein du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, elle prononcera un discours au côté de Martin Luther King. « Quand j’étais enfant et qu’ils m’ont chassée de ma maison, j’ai eu peur et j’ai fui. Par la suite, j’ai fui encore plus loin. Jusqu’à un endroit qui s’appelle la France ».

Il y avait aussi le projet, effectivement, qu’on peut qualifier de politique : réunir douze enfants des quatre coins de la planète, les élever ensemble et finalement, montrer, comme elle disait à l’époque, à la face du monde que lorsqu’on élève des enfants, il y a de la solidarité qui va se créer. Il n’y aura pas de place pour la violence, pour le rejet, pour la haine et pour la guerre.

Brian Bouilon-Baker in France Inter

Autant de causes qui se mêlent et dessine une personnalité impossible à réduire. Avec l’adoption de 12 enfants issus de tous les continents, Joséphien Baker compose une famille « arc en ciel », « une petite ONU qui, d’après elle, serait plus solidaire que la grande » commente son fils Brian Bouillon-Baker sur France Inter ce matin. Mais pour l’Elysée, le choix de l’artiste se justifie « au nom du combat qu’elle mena toute sa vie pour la liberté et l’émancipation, la France éternelle des Lumières universelles ». Un choix qui vient rappeler dans un contexte de défiance et de populisme qu’il ne suffit pas d’un symbole pour éteindre les choix de société comme le rappelle Libération.

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