Un sondage exclusif IPSOS pour le magazine ELLE indique que 49 % des Françaises estiment que Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national (RN) est féministe. Un résultat choc qui reflète une communication opportuniste.
Il a fallu relire deux fois les résultats pour être certaine qu’il ne s’agissait pas d’une publication du média parodique Le Gorafi. Marine Le Pen serait féministe pour 49% des sondées. Sur un échantillon de 1 039 femmes âgées de 18 ans et plus, l’institut de sondage a notamment mis en avant les principaux enjeux qui ont mobilisé les électrices au premier tour, et les droits des femmes n’arrivent qu’en 9ème position pour 48% des femmes, loin derrière la santé et le pouvoir d’achat.
Pourtant, Emmanuel Macron avait fait de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de son quinquennat. Une déception pour beaucoup de femmes au vu des résultats. Hausse des féminicides (113 en 2021 contre 102 en 2020), un budget pas à la hauteur de l’enjeu régulièrement dénoncé par les associations féministes. Mais cet échec n’explique pas le brevet de féministe délivré à la candidate du RN au vu de ses positions sur les sujets majeurs des droits des femmes à commencer par l’avortement.
Des prises de position peu féministes
Nous Toutes rappellent que l’euro députée s’est toujours opposée ou abstenue de voter les avancées en matière de droits des femmes entre 2004 et 2017. L’association féministe rappelle que Marine Le Pen n’a par ailleurs pas voté les propositions de loi relatives à la précarité professionnelle des femmes et à la protection des victimes de violence conjugale. Le think tank Terra Nova souligne l’absence des députés RN lors du vote de la loi Rixain portant l’accélaration de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Son opposition au droit à l’avortement s’est manifestée particulièrement par sa volonté de dérembourser l’IVG. « Par leur intelligence, et leur capacité de prévision, elles ( les femmes) ont la possibilité d’éviter de tomber enceintes lorsqu’elles ne le veulent pas ». En 2022, Marine Le Pen poursuit la même ligne en s’opposant à l’allongement du délai légal de 12 à 14 semaines.
Mais entre temps la candidature d’Eric Zemmour a adouci l’image de Marine Le Pen. Un bénéfice pour la candidate qui est considérée comme une « défenseuse » de l’espace public qui serait menacé par les minorités ethniques et religieuses relève dans Elle, François Kraus, directeur du pôle « politique » et expert « genre et sexualités » à l’Ifop. Le discours « édulcoré » de la candidate d’extrême droite ne cadre pas avec son programme présidentiel axé sur la famille et les mesures visant à encourager la natalité. Une composante immuable du tryptique famille, travail, patrie, ADN de l’extrême droite.
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