ANNIVERSAIRE : L’HÉRITAGE DE SIMONE DE BEAUVOIR SUR LA VIEILLESSE

Simone de Beauvoir
Simone de Beauvoir ©creative commons

Née le 9 janvier 1908, la philosophe, essayiste et romancière Simone de Beauvoir a posé les fondations du féminisme notamment avec « Le 2ème sexe ». Moins connu, cependant son ouvrage sur la vieillesse publié en 1970 constitue une réflexion puissante sur un sujet tabou. Son anniversaire est l’occasion de revenir sur cet essai qui envisageait déjà la différence de traitement du vieillissement entre les femmes et les hommes.

Lorsque Simone de Beauvoir évoque son projet sur la thématique du vieillissement, elle se heurte à des commentaires négatifs. « Quand je dis que je travaille à un essai sur la vieillesse, le plus souvent on s’exclame “ Quelle idée […] Quel sujet triste ” ». Et pourtant, le volumineux travail de 800 pages met au jour un sujet peu traité à l’époque. La philosophe tire le fil de son expérimentation de la vieillesse pour produire un ouvrage qui fait toujours référence notamment sur la perception genrée qu’en a la société.

Simone de Beauvoir évoque l’ambiguïté du nouveau ou de l’absence de statut de ces femmes vieillissantes qui perdent leur fonction de reproductrice. « On a dit parfois que les femmes âgées constituaient un “ troisième sexe ” et, en effet, elles ne sont pas des mâles mais ne sont plus des femelles; et souvent cette autonomie physiologique se traduit par une santé, un équilibre, une vigueur qu’elles ne possédaient pas auparavant ». Cette mise hors champ des femmes ménopausées à l’heure où elle retrouve toute leur liberté (débarassée des charges éducatives) ne se fait pas au détriment d’une carrière professionnelle. A l’époque la philosophe dépeint un contexte où le travail n’est pas la norme pour les femmes.

La vieillesse n’est pas seulement un fait biologique mais un fait culturel

Simone de Beauvoir

Le « care » compensation à l’inutilité des hommes à la retraite

Consciente que l’utilité sociale des femmes organisée par la société les maintient dans leur foyer, SImone de Beauvoir dénonce déjà le « care » dont elles ont la charge. Aujourd’hui largement étudiée, cette notion définie les soins prodigués majoritairement (64% selon la Compagnie des aidants) par les femmes à la cinquantaine aux parents et beaux-parents vieillissements et à leurs enfants, jeunes adultes. Mais contrairement à ce statut aujourd’hui déploré par les femmes, l’écrivaine y trouve une consolation comparativement à la situation des hommes retraités. « Je n’aime pas beaucoup que les femmes aient comme activité la vie d’intérieur, la cuisine et les petits enfants. Mais c’est quand même une ressource pratique et psychologique, qui leur permet de survivre beaucoup mieux [ que les hommes ]». Maigre compensation !

Susan Sontag enfoncera le clou sous le prisme du vieillissement genré en publiant deux ans plus tard un article intitulé « The double standard of aging », (Le double standard du vieillissement). Devenu un texte de référence toujours pertinent aujourd’hui, le constat est toujours en défaveur des femmes. Nombre d’entre elles à commencer par la philosophe intériorise cette nouvelle étape de leur vie comme un désastre. A l’aube de la quarantaine SImone de Beauvoir se désole de vieillir. « Déjà à quarante ans, je suis restée incrédule quand, plantée devant mon miroir, je me suis dit : “ j’ai quarante ans ” ».

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