SÉNIORITÉ DES FEMMES : LE RAPPORT DE «LA FONDATION DES FEMMES» DÉNONCE UNE BOMBE SOCIALE

le coût de la séniorité des femmes. Sexisme, âgisme, charge mentale : le rapport choc de la Fondation des Femmes.
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Une femme de 45 à 65 ans perd en moyenne 157 245 euros par rapport à un homme du même âge. Ce chiffre, révélé par le dernier rapport de la Fondation des Femmes rédigé par Laetitia Vitaud (auquel J’ai piscine avec Simone a eu l’honneur de contribuer), illustre la bombe sociale que représente la précarisation progressive des femmes seniors. Sexe, âge, charge mentale : les inégalités se cumulent et fabriquent l’appauvrissement. Voici ce qu’il faut retenir.

  • Une double peine : sexisme + âgisme

Passé 45 ans, les inégalités de revenus entre femmes et hommes se creusent à un rythme inquiétant. À 55 ans, l’écart moyen atteint déjà 27,2 % selon les données de l’INSEE. Dans le privé, ce différentiel grimpe jusqu’à 25 % en temps plein équivalent. Résultat : sur vingt ans de vie active, une femme perd en moyenne 157 245 euros, soit près de 8 000 euros par an. Une mécanique implacable où sexisme et âgisme se renforcent : tandis qu’un homme senior est encore perçu comme un professionnel expérimenté, une femme du même âge devient « trop vieille », soupçonnée de manquer de flexibilité ou de compétences numériques. Près d’un cabinet de recrutement sur deux (47 %) reconnaît aujourd’hui qu’il est difficile de « placer » une femme de plus de 45 ans.

  • Carrières freinées, précarité renforcée

Pour les femmes, la deuxième partie de carrière ressemble souvent à un terrain miné. Les carrières déjà hachées par la maternité et les interruptions familiales se retrouvent plombées par l’absence d’opportunités de progression. Le temps partiel contraint devient une réalité pour beaucoup : 43,3 % des femmes de plus de 60 ans y sont cantonnées. Pire, plus d’une femme sur deux (50,7 %) arrive à la retraite après avoir connu des périodes de non-emploi, amenuisant du même coup ses droits à pension. Dans ce contexte, les fameux « trous dans le CV » deviennent des pièges à double peine : ils freinent les possibilités de retour à un emploi stable et dégradent lourdement les niveaux de retraite.

  • La charge invisible du care

C’est l’une des grandes forces du rapport : mettre en lumière ce que la société continue d’invisibiliser. Entre 45 et 65 ans, les femmes incarnent de fait la « génération sandwich » : coincées entre enfants parfois encore dépendants et parents vieillissants à soutenir. Elles assument 23 millions d’heures de garde d’enfants chaque semaine en France — la majorité gratuitement — et représentent 60 % des aidant·es familiaux. Un rôle central pour la cohésion sociale… mais un fardeau pour leurs carrières. Car pendant qu’elles prennent soin des autres, elles freinent leur propre parcours professionnel. Et personne n’en tient compte : ni les employeurs, ni les politiques publiques.

  • Santé et invisibilité

Dans le monde du travail, les transformations biologiques des femmes restent un tabou. À commencer par la ménopause. Pourtant, 87 % des femmes déclarent souffrir d’au moins un symptôme lié à cette transition hormonale : bouffées de chaleur, insomnies, fatigue chronique, troubles cognitifs… autant de réalités qui affectent la qualité de vie au travail. Or, faute de reconnaissance, ces impacts restent sous-évalués, poussant de nombreuses femmes à se replier vers le temps partiel ou à sortir prématurément de l’emploi. Une « pénalité ménopausique » qui s’ajoute à la pénalité maternelle, dans un silence coupable.

  • Le décrochage final

Le rapport le dit clairement : sans inflexion rapide, c’est toute une génération de femmes qui glissera vers la précarité. Déjà, 60 % des personnes « ni en emploi, ni en retraite » sont des femmes. À la retraite, l’écart de pension entre hommes et femmes atteint près de 40 %. Résultat : 70 % des retraités pauvres sont aujourd’hui des femmes. Et ce phénomène va mécaniquement s’aggraver avec le vieillissement de la population, si rien n’est fait pour sécuriser les parcours professionnels des femmes seniors et mieux reconnaître leur contribution sociétale.

  • Un appel à l’action

Le rapport de la Fondation des Femmes ne se contente pas de dresser un constat glaçant : il propose également des pistes concrètes pour enrayer la spirale de précarisation. Neuf recommandations sont avancées, parmi lesquelles : renforcer la lutte contre les stéréotypes de genre et d’âge, mieux prendre en compte la santé spécifique des femmes au travail, favoriser le maintien en emploi après 45 ans, reconnaître et compenser le travail du care, ou encore garantir un accès effectif à la formation pour les femmes seniors. Autant de leviers pour que vieillir ne soit plus un facteur d’exclusion économique.

Chez J’ai piscine avec Simone, nous sommes fières d’avoir contribué à ce travail collectif. Et déterminées à continuer de porter ces combats pour que les femmes de 45 ans et plus ne soient plus les grandes oubliées du monde du travail.

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