Réactivée par Donald Trump la « Global Gag Rule » ou « Règle du Bâillon » impose aux organisations internationales recevant des fonds américains de ne pas fournir, promouvoir ou mentionner l’avortement, même si cette pratique est légale dans le pays concerné.
Cette politique, qui relève d’une approche conservatrice, a des conséquences importantes pour la santé et les droits reproductifs des femmes. Voici comment elle fonctionne et ses principales répercussions.
La « Règle du Bâillon » a été instaurée en 1984 sous l’administration Reagan. Depuis, elle alterne entre activation par les présidents républicains et suppression par les démocrates. Son principe est clair : toute organisation internationale bénéficiant de financements américains doit s’abstenir de fournir des services d’avortement, d’informer à ce sujet ou de le promouvoir. Cette interdiction concerne également l’utilisation des fonds propres des organisations. Family Health Options Kenya (FHOK), une ONG kényane de santé reproductive, a perdu des financements américains cruciaux après avoir refusé de se conformer à la « Règle du Bâillon ». L’organisation a dû fermer plusieurs cliniques, privant ainsi des milliers de femmes de services essentiels, notamment la contraception et les soins prénataux.
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Les femmes victimes de ces politiques patriarcales
En limitant les financements aux ONG impliquées dans les soins reproductifs, cette politique impacte directement des millions de femmes, en particulier dans les pays en développement. Les effets sont multiples. De la réduction de l’accès aux soins à l’augmentation des avortements clandestins, l’impact de ces politiques restrictives menace les femmes les plus fragiles. Les services essentiels tels que la contraception, les tests VIH/SIDA, ainsi que les soins prénataux et postnataux, voient leurs ressources diminuer. En Ouganda, une ONG qui distribuait des contraceptifs dans les zones rurales a cessé ses activités faute de financements, privant ainsi des milliers de femmes de solutions de planification familiale adaptées.
Les femmes sans accès à des services sûrs se tournent vers des méthodes non médicalisées, avec des conséquences graves. Au Nigeria, une étude a montré une augmentation des complications liées à des avortements non encadrés après la mise en œuvre de la « Règle du Bâillon ». Les femmes vivant dans des régions défavorisées sont les plus touchées par le retrait de ces services. Au Mozambique, la fermeture d’un centre de santé financé par les États-Unis a laissé une communauté rurale sans accès aux soins prénataux, augmentant les risques de complications pendant les grossesses.
Droits humains en jeu
Cette politique pose un problème majeur pour les droits humains. Le droit à la santé reproductive, y compris le choix d’avoir ou non un enfant, est reconnu comme un élément essentiel des droits des femmes. Imposer des restrictions sur l’accès à ces services revient à limiter leur liberté de choix et à mettre leur santé en danger. Face à cette politique, de nombreuses organisations internationales et locales tentent de pallier les effets des restrictions de financement. Cependant, leurs moyens restent limités.