Les dystopies ne sont plus seulement l’affaire de la fiction. Avec la réélection de Donald Trump, des thèmes autrefois réservés aux récits sombres – surveillance, censure, fracture sociale, contrôle des corps – semblent prêts à s’inviter dans le réel. Sa victoire est-elle le prélude à une Amérique où ces cauchemars deviennent réalité ?
La réélection de Donald Trump ce jour symbolise une série de changements radicaux pour les États-Unis, suscitant des inquiétudes sur l’avenir des droits humains et des libertés individuelles. Son programme s’attaque à des thèmes majeurs tels que l’immigration, les droits des femmes et la question du genre, ainsi qu’à la sécurité nationale et la gestion de l’information. Plusieurs séries dystopiques ont anticipé ces thèmes, imaginant des futurs sombres où le contrôle et l’oppression règnent. Plongeons dans ces parallèles troublants entre fiction et réalité.
Immigration et contrôle des frontières
- Trump : Dans le cadre de sa politique d’immigration, Trump promet un renforcement significatif des frontières et la construction de nouvelles infrastructures de contrôle, ciblant tout particulièrement les populations migrantes venant des pays d’Amérique latine et les réfugiés en quête d’asile. Ces mesures s’accompagnent de discours outranciés axés sur la sécurité et la protection nationale. En dépeignant l’immigration comme une menace, Trump érige une société plus fermée, où les étrangers sont perçus comme des menaces.
- La dystopie : Dans The Handmaid’s Tale, les frontières sont strictement contrôlées, et Gilead, l’État totalitaire qui a remplacé les États-Unis, applique des règles très strictes sur qui peut entrer et sortir du pays. Les personnes qui tentent de fuir sont pourchassées et punies, et les frontières deviennent des outils de répression. De même, dans 3%, la série brésilienne imagine une société divisée où seuls quelques élus peuvent accéder à une « île paradisiaque » après une sélection rigide, un « offshore » réservé aux meilleurs. Les autres sont condamnés à vivre dans une société dégradée et appauvrie, soulignant l’idée d’un monde où les frontières ne sont pas des ouvertures mais des murs infranchissables pour la majorité.
Droits des femmes et contrôle des libertés individuelles
- Trump : Le programme de Trump marque une nouvelle étape dans la lutte contre les droits reproductifs. En nommant davantage de juges conservateurs et en remettant en question le droit à l’avortement, il ouvre la voie à une réduction significative des droits des femmes, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour les femmes. La régression des acquis des décennies précédentes devient une réalité alarmante, renforçant les inégalités et limitant la liberté de choix.
- La dystopie : Là encore, The Handmaid’s Tale est l’illustration parfaite de cette dérive. Dans cet univers, les droits reproductifs sont niés, et les femmes sont assignées à des rôles prédéfinis, comme celui de « servante », réduites à leur fonction reproductive dans une société hyper-contrôlée. Les femmes n’ont pas de droits, ni même de nom propre ; elles sont considérées comme des propriétés de l’État. The 100, une autre série dystopique, présente une caste qui maintient les autres sous contrôle strict, symbolisant l’oppression et la restriction des droits en fonction de l’appartenance sociale. Dans ces univers, le libre choix des femmes est totalement supprimé, leur vie étant gouvernée par des règles dictées par un pouvoir patriarcal et répressif.
Le genre et place de la famille traditionnelle
- Trump : La question du genre a été un des piliers de sa campagne, marquée par la valorisation du modèle de famille traditionnelle et une dénonciation des mouvements transgenres et non-binaires. Trump promeut une vision de la société où la « confusion des genres » serait non seulement néfaste mais aussi anti-patriotique, insistant sur l’importance de revenir à des normes de genre « claires » et traditionnelles. En ce sens, il défend un modèle de société qui ne laisse pas de place aux identités de genre.
- La dystopie : Years and Years, une série britannique, explore un futur où les droits LGBT+ sont attaqués et où la famille traditionnelle est érigée en norme sociale, au détriment de l’individualité et de la diversité. Dans cette vision, le choix personnel n’est pas valorisé ; seule la conformité est permise. De manière similaire, Brave New World dépeint un monde où la conformité est imposée à travers un modèle sociétal strict. Les identités individuelles sont niées, et chacun est programmé pour servir la société de façon mécanique et sans remise en question. Ces récits soulignent les dangers d’une société qui nie les identités plurielles, rendant impossible toute forme d’expression libre en dehors des normes imposées.
État sécuritaire et contrôle de l’information
- Trump : Il a axé sa campagne sur l’urgence d’un État sécuritaire, promettant des mesures de surveillance accrue et le contrôle des médias qu’il juge hostiles ou « anti-patriotiques ». Cette rhétorique s’accompagne de restrictions de liberté d’expression et d’une surveillance accrue des citoyens, justifiée par le besoin de protéger la nation contre les « ennemis de l’intérieur ». Le contrôle de l’information et la répression des voix discordantes sont des thèmes centraux de sa vision.
- La dystopie : Black Mirror explore à travers plusieurs épisodes les conséquences d’un État qui surveille et manipule l’information. Dans l’épisode Nosedive, les individus sont évalués publiquement, et leur vie sociale dépend de leur « score » public, qui est constamment surveillé. Cette idée de surveillance étouffante reflète un monde où la liberté d’expression est limitée par la peur d’une sanction sociale immédiate. Bien sûr, 1984 de George Orwell reste la référence pour illustrer un État omniprésent qui redéfinit la « vérité » et réprime toute dissidence. La liberté d’expression n’existe pas ; l’État contrôle les médias, la pensée et les actions des citoyens.
Concentration du pouvoir au sein d’une famille : vers une dynastie Trump ?
- Trump : Le 47ème Président des Etats-unis s’entoure de membres de sa famille qui partagent et promeuvent sa vision. Melania, ses enfants, et même leurs conjoints dont l’influente Belle-fille Lara Trump (co-présidente du Comité national républicain), jouent des rôles influents dans la politique américaine. Trump semble consolider un pouvoir qui pourrait se transmettre de génération en génération, inscrivant son influence dans la durée. Cette dynamique de « dynastie familiale » renforce l’idée d’un pouvoir centralisé qui échappe aux contre-pouvoirs et met en péril le pluralisme démocratique.
- La dystopie : House of Cards explore les manipulations politiques de Frank et Claire Underwood, illustrant comment un couple, puis une famille, peut s’arroger des prérogatives habituellement réservées aux institutions, engendrant une emprise dangereuse sur l’appareil d’État. Dans The Dead Zone, le héros découvre à travers ses visions qu’un leader charismatique, Greg Stillson, menace la sécurité nationale en poursuivant une quête de pouvoir démesurée et dangereuse. Grâce à ses pouvoirs, il voit ce que les autres ignorent ou refusent de voir : les conséquences catastrophiques d’un homme prêt à tout pour gouverner.