MARYLINE PERENET IMAGINE VIVA MONICA, LE CABINET DE TRANSITION DÉDIÉ AUX FEMMES DE 45+

Maryline Perenet
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Avec Viva Monica, Maryline Perenet revendique une place centrale pour l’expérience des femmes de 45 ans et plus dans l’entreprise. Le cabinet mise sur des missions de transition pour déverrouiller des parcours freinés par l’âge et le genre.

D’emblée, Maryline Perenet résume son enfance « Je suis née dans un bain de tech et d’audace ». Son père programme des robots souterrains et lui offre sa première console Atari à 7 ans. Sa mère est alors entrepreneure dans l’immobilier. « J’ai toujours été hyper curieuse, ouverte. Je crois que ça vient de là : un tempérament entrepreneurial, le goût de l’innovation, et cette obsession de comprendre. » souligne-t-elle. Ce terreau façonne sa carrière, après une incursion dans le secteur du recyclage, elle s’envole pour les États-Unis. New York et San Francisco lui ouvrent les portes du monde des start-up. « J’ai eu un choc d’énergie. J’ai compris que moi aussi, je voulais créer. ». Chose faite en 2017, lorsqu’elle fonde Digit’Owl, un projet pionnier qui initie les enfants aux algorithmes sans écran.

Avec ce projet, Maryline Perenet poursuit une ligne directrice dans un monde saturé d’algorithmes. « Pour moi, le luxe de demain, c’est la concentration, l’esprit critique, la lucidité. ». Conçu avec une approche neuroscientifique, le programme fait manipuler et programmer des robots aux enfants sans passer par les écrans. « On apprend en marchant, en touchant. C’est comme ça que fonctionne le cerveau des enfants. » En quelques années, plus de 50 000 élèves sont formés. Mais la question des adultes la rattrape : « Beaucoup me disaient : pourquoi tu ne fais pas ça pour les adultes ? C’est eux qui en auraient besoin… ».

Le MIT et le miroir de l’intelligence artificielle

L’entrepreneuse franchit une nouvelle étape en suivant la formation Neuroscience for Business au MIT. « Je voulais comprendre déjà comment mon cerveau fonctionne, et ensuite avoir peut-être l’humilité d’essayer de transmettre quelque chose », explique-t-elle. Fascinée par les rapprochements entre neurosciences et intelligence artificielle, elle observe : « L’IA, c’est construit sur la plasticité neuronale, sur la rapidité d’exécution. C’est tellement puissant que, si on ne sait pas comment notre cerveau fonctionne et comment le préserver des bulles cognitives et des biais, alors là c’est le chaos du cerveau. »

Avant de créer Viva Monica, Maryline Perenet a travaillé comme directrice associée dans un cabinet de management de transition. Une expérience marquante, mais aussi brutale se souvient-elle. « C’est un écosystème 100 % masculin, du patriarcat pur. Des hommes passés par HEC, souvent plus âgés… Moi j’arrivais avec mes 40 ans et mes enfants en bas âge : au mieux j’étais ignorée, au pire une cible à abattre ». Elle constate que les femmes représentent à peine 15 % du vivier de talents.
Nommée à la direction d’un autre acteur du secteur, elle se heurte aux mêmes mécanismes. « Le marché français n’avait pas changé d’un iota depuis 2017. Pire, il s’était refermé. Quand j’organisais des rencontres de managers de transition, il y avait deux femmes sur cinquante. Et toujours le même refrain, « non, ça c’est pour les hommes de plus de 50 ou 60 ans ». ».

L’étincelle Viva Monica

C’est dans un TGV que l’idée et le nom s’imposent à Maryline Perenet. « J’adore Monica Bellucci. Pour moi, elle incarne ces femmes de plus de 50 ans qui continuent d’assumer, d’inspirer, de travailler. Elle est un modèle incroyable. Et là, je me suis dit : voilà, c’est ça mon projet. »
Après des années à voir des femmes talentueuses se tenir à distance du management de transition, tétanisées par des cercles masculins fermés, elle comprend qu’il faut leur ouvrir une voie d’accès différente. « Il fallait que je teste le marché, il fallait voir si ça résonnait. Et j’ai vu l’engouement. Je me suis dit, ça veut dire qu’il y a vraiment un besoin. »
Ainsi se dessine Viva Monica, un cabinet de management de transition, dédié aux femmes de plus de 45 ans longtemps laissées de côté dans le recrutement traditionnel. « « Je crois que c’est la bonne porte d’entrée : proposer des missions en management de transition, qui débouchent dans plus de 30 % des cas sur des CDI. ».

Briser l’angle mort du recrutement

Le problème est aussi structurel. « Les offres de direction, dans 90 % des cas, ne sont pas visibles. Elles circulent dans ce qu’on appelle le marché caché : des dîners, des réseaux, du bouche-à-oreille. » Un système qui exclut de fait celles qui ne maîtrisent pas ces codes.
Maryline Perenet insiste sur un autre frein, les délais de retour à l’emploi. « Pour un homme de plus de 50 ans, il faut déjà compter deux ou trois ans avant de retrouver un poste. Pour les femmes, c’est encore plus difficile. » Face à cette impasse, elle défend l’intérim management comme une alternative crédible, des missions urgentes, de six à neuf mois, qui permettent aux entreprises d’avancer vite et aux femmes de réintégrer le marché.

A rebours des idées reçues, l’experte en neurosciences affirme que les entreprises ont d’abord besoin de sang-froid et d’une vision de long terme, capables de tenir le cap « sous la tempête ». Ces qualités, forgées par l’expérience, se traduisent par de la résilience et une forte capacité d’adaptation, des atouts que les femmes de 45 ans et plus apportent concrètement aux équipes. Dans la pratique, elle distingue deux réalités. Les ETI et les TPE — 90 % du tissu économique —, souvent familiales et pilotées sur le temps long, voient dans l’expérience des 50+ un atout. À l’inverse, les grands groupes cotés, soumis à la pression quotidienne du cours de Bourse, privilégient l’immédiat, ce qui rend l’ouverture à ces profils plus difficile.

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