L’ARGENT ET LES FEMMES : FAUT VOIR COMME ON NOUS PARLE !

Extrait etude Starling Bank, illustration Erin Aniker
Extrait etude #Make Money Equal Starling Bank, illustration Erin Aniker

Le 4 novembre à 16h 16 les femmes travailleront gratuitement jusqu’à la fin de l’année selon l’étude de la newsletter éco Les Glorieuses. Le moment idéal pour s’interroger sur la façon dont on continue à parler des femmes et de l’argent.

Si les revendications en faveur de l’égalité salariale sont toujours d’actualité (selon Eurostat les salaires des femmes toujours inférieurs de 15,5% à ceux des hommes), il existe de façon sous jacente une construction de normes de genre lié à l’argent. Selon que l’on s’adresse aux hommes ou aux femmes, un discours construit sur des stéréoypes inconscients renvoient les uns à la puissance, les autres à la frivolité.

#Make Money Equal

En 2018, Anne Boden, la fondatrice et CEO de Starling Bank évoque « les obstacles systémiques » rencontrés par les femmes en matière de finance. Et communique sous le #MakeMoneyEqual.« L’inégalité entre les sexes va bien au-delà des bas salaires et de la symbolique des conseils d’administration (…), Elle commence par la façon dont on nous parle ». Forte de cette idée, elle lance une étude en 2018 qui passe au crible 300 articles de la presse et étudie les mots employés. Le constat est édifiant. 90 % des articles destinés aux femmes se concentrent sur les petits moyens d’économiser de l’argent, la recherche de bons d’achat et de bons plans, tandis « 60% des articles financiers des magazines masculins ont tendance à parler aux hommes comme s’ils étaient des financiers avertis« .

J’ai fondé une banque, donc naturellement, je suis à l’aise pour parler d’argent. Mais même moi, j’ai parfois l’impression que je dois m’excuser quand je dépense de l’argent pour moi.

Anne Boden, CEO Sterling Bank

Aux femmes la frivolité

S’adressant aux médias, l’étude évoque un discours passéiste à l’heure où les femmes sont « le principal soutien de famille dans 40% des ménages ». Celles-ci seraient enfermées dans une relation à l’argent culpabilisante tandis que les hommes affirmeraient par ce biais leur statut personnel. Une approche hétéronormée qui expliquerait que les femmes voient petit lorsqu’elles souhaitent lever des fonds. En 2019, le Baromètre Sista révélait que les fondatrices de start up recevaient 2,5 fois moins de fonds que les entrepreneurs.

Elles gèrent l’argent du foyer

Les clichés des femmes dépensières incapable de gérer des fonds à la vie dure, même si elles tiennent majoritairement les cordons de la bourse du foyer. Mais elles partent de loin. Car il faut attendre 1966 pour que madame puisse ouvrir un compte bancaire sans l’aval de monsieur, puis 1985 pour que les époux soient indistinctement associés à la gestion des biens du foyer. Un article du journal interne de la BNP (1992) publié sur le site « Des femmes qui comptent » évoque des femmes plus fourmis que cigales. Toutefois quel que soient leurs revenus,  » elles ont le sentiment d’être prisonnières d’un univers dont elles ne maitrisent pas le langage ».

Via le site « Des femmes qui comptent »

L’historienne Michelle Pérot souligne dans le podcast « Rends l’argent » que la féminité s’apparente au don, rendant suspecte une femme qui serait dépensière et de ce fait une mauvaise ménagère. Elle contreviendrait à sa nature profonde car « une femme ne compte pas ».

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