Le 4 juin 2025, date à laquelle son mari Alexeï Navalny aurait eu 49 ans, Ioulia Navalnaïa a annoncé la création d’un média télévisé indépendant destiné aux Russes. Basée à Berlin et soutenue par Reporters sans frontières, cette chaîne vise à offrir une information libre dans un pays où la presse est sous contrôle étatique.
Depuis l’exil, Ioulia Navalnaïa continue le combat politique de son époux. Plus d’un an après la mort d’Alexeï Navalny dans une colonie pénitentiaire russe, elle a révélé le lancement de Futur de la Russie, une chaîne de télévision indépendante diffusée par satellite. L’objectif est clair : informer, contourner la propagande du Kremlin, et soutenir les citoyens russes qui, malgré la censure, cherchent à comprendre ce qui se joue dans leur pays.
« Ce n’est pas une chaîne sur Navalny. Il s’agit de la Russie de demain », a-t-elle précisé dans une déclaration sobre, prononcée en russe, sans sous-titre ni traducteur — un choix qui en dit long sur sa volonté de s’adresser directement aux Russes, sans filtre. « C’est pour ceux qui n’ont pas quitté le pays », a-t-elle ajouté.
Assurer la promesse démocratique
La chaîne sera diffusée via le satellite européen Astra 4A, aussi appelé Svoboda (liberté), un clin d’œil assumé à la promesse démocratique que portait Alexeï Navalny. Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, les rares voix indépendantes encore présentes en Russie ont été réduites au silence. La télévision publique relaie en boucle le discours officiel, et les plateformes étrangères sont systématiquement bloquées. « Il y a presque une censure totale en Russie. Sous une dictature, il est très difficile de diffuser des informations », a expliqué Ioulia Navalnaïa. Pour contourner ces obstacles, son équipe mise sur des moyens techniques robustes, mais aussi sur une stratégie éditoriale fondée sur la proximité, l’accessibilité et la rigueur journalistique.
Le projet est développé en partenariat avec Reporters sans frontières, dont le représentant Thibaut Bruttin a salué « une initiative essentielle pour garder le lien avec la société civile russe ». Il rappelle que l’accès à une information libre est un droit fondamental, même – et surtout – sous un régime autoritaire.