Mise à jour article 2017 « Pourquoi les femmes de 50 ans vont mener le monde » – mai 2025
Elles sont invisibilisées dans les publicités, absentes des conseils d’administration, rarement invitées dans les débats médiatiques. Et pourtant, les femmes de plus de 50 ans sont déjà, en silence, en train de prendre le pouvoir. Non pas un pouvoir autoritaire ou symbolique, mais un pouvoir d’influence, de transmission, d’innovation. Dans un monde en mutation, ce sont elles qui disposent de l’expérience, de l’autonomie et du recul nécessaires pour repenser nos modèles.
Dès 2017, Joseph F. Coughlin, directeur du MIT AgeLab, tirait la sonnette d’alarme dans une tribune fondatrice : « The future is female, the future is older, and the future is now. » (« L’avenir est féminin, l’avenir est plus âgé, et l’avenir, c’est maintenant.»). Il appelait à reconnaître le pouvoir de consommation, de décision et de transmission des femmes quinquagénaires et plus. Sept ans plus tard, la société lui donne raison. Cette génération transforme l’économie, le travail, la représentation de l’âge — souvent sans tambour ni trompette. Dans son livre The Longevity Economy, l’expert souligne « Les femmes sont les principales actrices de l’économie de la longévité, et leur pouvoir en tant que consommatrices reste largement sous-estimé. ».
La révolution tranquille des femmes de plus de 50 ans … mais puissante
Aujourd’hui, ces femmes sortent des marges pour occuper le devant de la scène, souvent sans bruit. Elles créent leur entreprise, pilotent des associations, siègent dans des conseils d’administration ou inventent des formes hybrides de carrière et d’engagement. Une révolution silencieuse mais tenace. « Je me sens plus libre à 55 ans qu’à 35. Je ne cherche plus à faire mes preuves, je les ai faites. Je cherche maintenant à transmettre, à inspirer », confiait Brigitte, ingénieure devenue mentor dans un incubateur, dans Le Monde (mars 2024). Ce sentiment de puissance tranquille revient souvent chez ces femmes qui, après avoir porté des responsabilités professionnelles, familiales, sociales, redéfinissent leurs priorités. Comme l’analyse Laetitia Vitaud, experte du futur du travail, « les femmes seniors affrontent beaucoup de déception au travail. »
Une influence économique massive mais ignorée
Le paradoxe est saisissant. Les femmes de plus de 50 ans jouent un rôle clé dans la consommation, mais restent largement ignorées par les marques. Comme le souligne l’étude Nielsen (2021), elles sont “plus actives, ambitieuses et influentes que jamais” et redéfinissent cette période de leur vie comme un “nouveau prime time”. Pourtant, elles restent sous-représentées à l’écran, au travail, et dans les campagnes marketing. « Les femmmes de plus de 50 ans redéfinissent ce qui est possible à l’écran, au travail et à la maison. Pourtant, elles restent largement invisibles dans la culture dominante. » Dans une enquête menée par The Guardian en 2024, plusieurs femmes témoignaient de cette exclusion : « On nous parle comme à des retraitées ou à des grands-mères. Mais nous travaillons encore, nous voyageons, nous montons des projets. Le marché ne nous voit pas. »
Une maturité qui répond aux défis de notre époque
Dans un contexte de crises successives — sanitaire, climatique, économique —, ce leadership tardif des femmes devient un levier de stabilité. Ces femmes ont une capacité d’analyse affûtée, un sens de la nuance, une appétence pour le collectif. Loin de vouloir “prendre le pouvoir”, elles veulent le transformer. « Il est grand temps de repenser la valeur de l’âge dans notre société. À 55 ans, une femme n’est pas au crépuscule de sa vie : elle est souvent au sommet de ses compétences. » affirmait Laure Adler à l’Obs.
Cette révolution n’est pas en demande. Elle est en action. Elle se joue dans les territoires, dans les communautés, dans les réseaux. Sur LinkedIn, dans les podcasts, dans les tribunes et les newsletters, elles prennent la parole pour réinvestir le récit collectif. Une dynamique que certains médias commencent enfin à capter : en avril 2025, Forbes France a publié la première édition de son palmarès « 50 Over 50 », mettant en lumière des femmes comme la cheffe étoilée Anne-Sophie Pic ou la productrice Alexia Laroche-Joubert, pour qui l’après-50 ans est une scène, pas une sortie. Une reconnaissance encore timide, mais significative.