FÉMINICIDES : PLUS DE 50 000 FEMMES TUÉES DANS LE MONDE PAR UN PARTENAIRE INTIME

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Photo d’illustration by Luigi Boccardo/Unsplash

Le rapport 2019 sur les homicides initié par l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (UNODC) a été publié le 8 juillet. L’étude s’est intéressée tout particulièrement aux féminicides.

87 000 femmes ont été tuées intentionnellement en 2017. 58% d’entre elles l’ont été par un partenaire intime ou un autre membre de la famille. Le rapport 2019 sur les homicides constate une augmentation de ces décès depuis 2012 (48 000). L’Asie occupe la triste place du plus grand nombre de femmes tuées dans ces conditions (20 000) devant l’Afrique (19 000), les Amériques (8000) et l’Europe (3000). Cependant l’Afrique est un continent où les femmes courent le plus grand risque avec un taux d’homicides conjugaux de 3,1 pour 100 000 femmes.

Bien que ne représentant que 19% des homicides, les femmes constituent 64% des personnes tuées par leur partenaire ou un membre de leur famille

Le rapport constate que même si les hommes sont les principales victimes des homicides dans le monde, « les femmes continuent à supporter le fardeau le plus lourd de la victimisation mortelle résultant des stéréotypes de genre et de l’inégalité ». Elles sont tuées par leurs partenaires actuels ou passé, mais également par des membres de leur famille « en raison de leur rôle et de leur statut de femme » souligne l’étude qui cite notamment les crimes d’honneur. Ces meurtres sont la conséquence de violences sexuelles antérieures motivées par la jalousie ou la peur de l’abandon.

Dans quatre des cinq régions du monde, la maison est l’endroit le plus dangereux pour une femme.

L’absence de définition commune des féminicides

Le rapport de l’ONU consacre quelques pages à la terminologie. Il cite les pays d’Amérique latine qui ont adopté une législation qui incrimine le féminicide en tant qu’infraction spécifique dans leurs codes pénaux. Et note que cela n’a pas permis de constater une baisse du nombre de meurtres de femmes liés au genre. Toutefois, et bien que certains gouvernements utilisent ce terme, l’étude constate qu’en l’absence de définition commune de ce qui constitue un féminicide, on observe « une pluralité de définitions issues d’approches juridiques et sociologiques différentes. Ce qui ne permet pas la comparaison des données collectées par les pays sous « cette étiquette ». Il est donc difficile de rendre compte de l’ampleur de ce phénomène estime le rapport.

Le meurtre misogyne des femmes

Cependant, l’ONU date l’apparition du terme féminicide aux années 1970. Par la suite, « le « féminicide » a été défini dans la première anthologie sur le sujet, publiée en 1992, comme « le meurtre misogyne de femmes par des hommes motivé par la haine, le mépris, le plaisir ou un sentiment de propriété à l’égard des femmes, enraciné dans des relations de pouvoir historiquement inégales entre les femmes et les hommes « . Un rapport du Secrétaire général des Nations Unies en 2006 mentionne le « fémicide ». Il met en évidence certaines caractéristiques de ces homicides, « ainsi que l’inégalité sous-jacente entre hommes et femmes qui les alimente, illustrant ainsi l’interdépendance des normes culturelles et du recours à la violence dans la subordination des femmes ».

Lire aussi FÉMINICIDES : LE HAUT CONSEIL A L’ÉGALITÉ ET L’EX MINISTRE LAURENCE ROSSIGNOL INTERPELLENT L’ÉTAT

En France, à ce jour, le collectif « Féminicides par compagnons ou ex » a recensé 76 assassinats de femmes par leur partenaire ou ex compagnon. Marlène Schiappa a annoncé la tenue d’un Grenelle des violences conjugales à partir du 3 septembre, et le recrutement de 73 psychologues dans les commissariats. D’ici là, selon les chiffres malheureusement établis, une femme continuera de mourir tous les 3 jours.

Comments · 3

  1. C’est accablant ce constat même avec l’évolution de notre société, j’ai vécu pendant 30 ans avec un homme violent, machiste qui me traitait mal mais il me faisait toujours croire que c’était ma faute j’ai mis longtemps à comprendre que ça ne venait pas de moi mais de lui! Un jour à 48 ans j’ai eue la courage de dire stop et de le quitter et je suis fière de moi!
    Je suis très heureuse maintenant c’est une nouvelle vie !

  2. En lien avec votre article, plasticienne engagée, j’ai réalisé une installation dans un centre d’art sur le violences faites aux femmes. Intitulée « Loi n°2010-769 », elle rend tristement hommage aux 130 femmes décédées en 2018 en France et à toutes les autres décédées dans le monde, victimes de leur partenaire ou ex-partenaire. A découvrir : https://1011-art.blogspot.com/p/loi-n2010-769_2.html

    Et aussi « This is not consent » sur la culture du viol : https://1011-art.blogspot.com/p/thisisnotconsent.html
    Ces séries ont été présentées à des lycéens, quand l’art contemporain ouvre le débat.

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