Elisabeth Moreno été nommée ministre déléguée chargée de l’Egalité femmes-hommes, de la diversité et l’égalité des chances du gouvernement de Jean Castex. L’ex vice présidente en charge de l’Afrique chez HP succède à Marlène Schiappa en charge désormais de la citoyenneté. Alors que le mot discrimination ne fait plus partie de l’intitulé du poste, quid des combats contre l’agisme des femmes ?
A 49 ans, Elisabeth Moreno n’a pas le profil d’une politique mais bien plutôt celui d’un véritable role model illustrant tous les pans de la diversité. Née au Cap Vert, la nouvelle ministre a subi de nombreuses discriminations « conscientes ou inconscientes ». Emigrée en France à l’âge de 6 ans, l’ex PDG de Lenovo France s’installe avec sa famille dans une cité d’Athis Mons. Un père ouvrier, une mère femme de ménage et une fratrie de six enfants ne la prédisposent pas à occuper des postes à haute responsabilité dans l’univers de la tech. Des obstacles qu’elle résume au Figaro, « «Je sais combien ça coûte d’en arriver là car je cochais toutes les cases de l’impossibilité: des parents qui ne savent ni lire ni écrire ; une femme, noire, élevée dans une cité et évoluant dans le bâtiment puis les techs« .
Une grosse bosseuse
Elisabeth Moreno qui se définit comme « une grosse bosseuse » prone la diversité au sein des entreprises. Face à la carence des femmes dans la tech, elle a créé Lenovo All pour renforcer la mixité au sein de l’entreprise chinoise et a participé activement au réseau Inter’Elles qui œuvre pour la mixité et l’égalité professionnelle dans les secteurs scientifiques et technologiques. Si les questions de diversité ont été au cœur de ses engagements dans sa vie professionnelle, elle reconnait « qu’il reste encore beaucoup à faire ». Et surtout dans le contexte de crise sanitaire qui va précariser encore un peu plus les femmes, notamment celle qui entre dans la zone rouge de l’âge (45+)
Self made women
Dans une interview aux Echos de 2018, la nouvelle ministre encourageait les femmes à « prendre davantage de responsabilités » pour contourner le sexisme. Pas certain que ce conseil puisse s’appliquer à toutes, mais le leadership féminin que promeut Elisabeth Moreno résulte d’un parcours de « Self made women » qui n’a compté que sur elle-même, comme le racontait sa soeur au Figaro. « Élisabeth est partie de rien, a beaucoup travaillé pour arriver là où elle est, n’a jamais été aidée et n’avait aucun réseau. Elle s’est faite seule ». Retournant sur les bancs de l’ESSEC à 35 ans, la femme d’affaire qui a conduit sa carrière au sein d’univers très masculin estime qu’il faut plus de role model pour parvenir à la mixité.