Le réalisateur Todd Wiseman livre dans le cadre de la compétition du Festival de Deauville une oeuvre dystopique dans un monde libéré de tout contrôle sur les armes à feu en Floride.
Dans un futur proche, l’État indépendant de Floride a aboli le contrôle des armes à feu et les fusillades dans les écoles n’ont jamais été aussi nombreuses. Sammy, un jeune garçon de 13 ans écorché vif à la recherche d’une notoriété malsaine, décide de participer à une compétition mortelle appelée « The School Duel ». Voila pour le pitch glaçant du 1er long-métrage de Todd Wiseman.
Le réalisateur livre un regard issu de sa colère face aux violences scolaires aux États-Unis. Inspiré par des œuvres dystopiques comme Battle Royale ou Hunger Games, Wisemann va plus loin, en confrontant la réalité sociale à la fiction. Il dénonce une régression sociétale où violence et châtiment corporel retrouvent leur place dans un futur pourtant censé incarner le progrès. « Nous régressons en termes de progrès social d’une certaine façon aux États-Unis. J’ai voulu que le futur ressemble au passé » souligne-t-il lors de sa présentation à Deauville.
Ce qui justifie le choix du noir et blanc qui permet de mettre à distance la violence graphique, tout en conservant la profondeur critique de son propos. « Une manière de ne pas faire que le film tout à coup soit gore et d’atténuer un peu la violence » décrypte-t-il. Cette violence omniprésente aux États-Unis doit être remise en question, tout comme l’utilisation dévoyée des enseignements religieux pour justifier des actes extrêmes. Second thème majeur du film.
« Le thème de la religion, c’est un thème qui est vraiment omniprésent aux États-Unis, et c’est étonnant comme c’est vraiment ancré dans la psyché de la société, quand il y a un combat, un conflit, très souvent, on croit toujours que c’est Dieu qui va choisir celui qui va sortir victorieux d’un combat, d’une discussion ou d’un conflit » détaille le réalisateur qui estime qu’au delà de la violence, School Duel interroge aussi la montée d’un nationalisme chrétien inquiétant. Wisemann s’inquiète de cette radicalisation, qui déforme les valeurs religieuses et alimente la violence armée dans son pays.
Le choix de la Floride n’est pas neutre. « En France, on l’imagine souvent comme un état ensoleillé et agréable, mais en réalité, c’est un lieu plus sombre, avec beaucoup de criminalité » commente Todd Wiseman qui ajoute une raison plus intime. « Je vivais à L.A., ma sœur était atteinte d’un cancer et je suis allé en Floride pour être avec elle. C’est là que j’ai commencé à écrire, et on a filmé en décembre l’année dernière, pendant 19 jours, avec peu de moyens ».