DEMI MOORE AUX GOLDEN GLOBES : ET SI ON ARRÊTAIT DE JUGER L’APPARENCE DES FEMMES DE 50 ANS ET + ?

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© j’ai piscine avec SImone

Lors des Golden Globes, Demi Moore a brillé… mais son apparence a suscité des critiques acerbes venant de femmes et d’hommes. Ces commentaires révèlent l’obsession tenace de notre société à juger les femmes sur leur physique.

Demi Moore a-t-elle fait de la chirurgie esthétique ? Peut-être. Mais est-ce que cela change quoi que ce soit à son talent ou à ses accomplissements ? Absolument pas. Ce débat récurrent sur l’apparence des femmes publiques détourne l’attention des véritables questions. Pourquoi jugeons-nous encore les femmes avant tout sur leur physique ? Qu’il s’agisse de rides, de cheveux gris ou de lifting, ces discussions sont des distractions. Ce qui compte, c’est l’impact qu’elles ont, leur résilience et leur talent. Recentrons-nous sur l’essentiel. Julianne Moore souligne : « Je pense que vieillir devrait être vu comme une chose positive. Pourquoi le rejetons-nous ? C’est ce qui arrive à tout le monde, alors pourquoi ne pas embrasser cela, au lieu de le considérer comme une faute ou un problème ? ».

Ce qui rend Demi Moore inspirante, ce n’est pas uniquement son succès, c’est sa capacité à affirmer ses choix, qu’ils soient personnels ou professionnels. Et pourtant, même cette autonomie devient un sujet de débat. Pourquoi les femmes devraient-elles constamment justifier ce qu’elles font de leur corps ? Chirurgie ou non, cheveux gris ou teints, maquillage ou naturel : ce sont leurs choix. Les juger revient à leur imposer une nouvelle forme de contrôle. Ce qu’elles font pour se sentir bien leur appartient, point. Isabelle Adjani résume bien ce paradoxe : « La chirurgie esthétique, c’est comme une coupe de cheveux. Pourquoi ce serait acceptable pour certains et scandaleux pour d’autres ? Ce qui me dérange, c’est qu’on passe plus de temps à juger ce que les femmes font ou ne font pas qu’à valoriser leurs accomplissements. ».

Dénoncer les injonctions contradictoires

Les femmes sont coincées dans un double standard étouffant : si elles vieillissent naturellement, elles sont « négligées ». Si elles ont recours à des interventions esthétiques, elles sont « artificielles ». Dans ce cercle vicieux, impossible de gagner. Des normes sociales qui pèsent sur les femmes quelque soit leur âge. Andie MacDowell résume le dilemme : « Je suis fière de mes cheveux gris, mais le nombre de commentaires que j’ai reçus est incroyable. Certaines personnes adorent, d’autres me disent que ça me vieillit. Mais pourquoi devrais-je me soucier de ce qu’ils pensent ? C’est mon choix, mon corps, ma vie. ».

Les attaques contre les choix des femmes viennent souvent d’autres femmes. Pourquoi ? Parce qu’un conditionnement insidieux pousse à juger nos semblables plutôt qu’à questionner ce système oppressif. Mais cette division ne profite qu’au patriarcat. Et si on inversait la tendance ? Au lieu de critiquer une femme pour ses choix – qu’il s’agisse de chirurgie ou de soins – on pourrait les célébrer. Soutenir, plutôt que diviser. Agnès Jaoui appelle à cette solidarité : « Ce que je trouve triste, c’est quand les femmes se jugent entre elles. On devrait être les premières à se soutenir, surtout à mesure qu’on avance en âge. La société a déjà assez de mal avec nous, pourquoi se rajouter du poids ? ».

L’apparence des femmes : une discrimination de genre

Le sujet qu’il faut mettre sur la table est un système qui glorifie la jeunesse quelqu’en soit le prix et qui punit les femmes pour leur âge. Dans ce contexte, critiquer celles qui y répondent, par choix ou par contrainte, est injuste et facile. La véritable question n’est pas de savoir si une femme a recours à des interventions esthétiques, mais pourquoi elle se sent obligée de le faire pour être prise au sérieux, valorisée ou simplement vue. Emma Thompson résumait l’inégalité de genre face à l’âge : « je pense que le fait de modifier son corps pour paraître différent de ce que l’on est réellement – vieillir, ce qui est tout à fait naturel – relève d’une forme de psychose collective. »».

Comments · 1

  1. Je suis en train de lire *On Women* de Susan Sontag. La première partie du livre, The Double Standard of Aging, résonne étrangement avec l’article. Même si les propos de Sontag datent de plus de 50 ans et que le contexte a évolué, son analyse acérée sur la façon dont les femmes sont jugées et évaluées en fonction de leur apparence reste tristement d’actualité.

    Sontag met en évidence une réalité implacable : dès leur plus jeune âge, les femmes sont perçues avant tout comme des objets de désir, et leur valeur sociale est souvent définie par leur apparence. Avec l’âge, le regard que la société pose sur elles devient plus impitoyable et injuste. Injuste, car, comme le souligne Sontag, le vieillissement apporte charisme et crédibilité aux hommes, tandis qu’il est perçu comme un déclin pour les femmes.

    Au-delà de cette injustice de genre, il y a un constat encore plus insupportable : quoi que fassent les femmes, cela ne semble jamais suffisant. Si elles atténuent les signes du temps, elles sont jugées « artificielles ». Si elles les assument, elles sont perçues comme « négligées ». Ce cercle vicieux, que décrivait déjà Sontag, continue de s’imposer aujourd’hui. Et ce qui est encore plus surprenant, c’est qu’il est entretenu aussi bien par les hommes que par les femmes elles-mêmes. Ces normes sont profondément ancrées, sans doute conditionnées par des siècles de patriarcat.

    Comment en sortir ? Sontag suggérait de déplacer le regard, c’est-à-dire d’arrêter de réduire les femmes à leur apparence et de valoriser ce qui fait réellement leur richesse : leur parcours, leurs talents, leur force. Vieillir est souvent associé à une forme de fragilité chez les femmes, alors que chez les hommes, cela rime avec sagesse et une certaine prestance. Pourtant, une femme âgée est une femme forte, forte de ses expériences et de sa confiance retrouvée.

    Laissons-nous vieillir comme bon nous semble, avec ou sans rides, en soignant notre apparence ou non, tant que cela relève d’un choix personnel. Ce qui compte, c’est d’être soi.

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