BOLEWA SABOURIN : LA DANSE COMME OUTIL THÉRAPEUTIQUE CONTRE LES VIOLENCES PATRIARCALES

Bolewa Sabourin
Bolewa Sabourin ©Claire Dem

Bolewa Sabourin, danseur chorégraphe franco congolais participera mercredi 25 janvier à la 6ème journée nationale contre le sexisme organisé par le collectif Ensemble contre le sexisme. Militant de la lutte contre les violences faites aux femmes, il a fait de la danse un outil thérapeutique.

La danse est «un langage comme un autre», l’alpha et l’omega de la vie de Bolewa Sabourin dont l’enfance s’écoule au sein d’une famille de danseurs. Son père d’abord, puis son oncle avec lequel il apprend les rythmes traditionnels congolais. Un héritage qu’il endosse en enseignant lui-même dès l’âge de 17 ans. Une «bouée de sauvetage» pour exprimer la douleur de l’absence des parents, et les troubles qu’elle déclenche, violences et addictions. «Là, je pouvais me rattacher à une forme de normalité» analyse le jeune homme de 37 ans.

En réponse à ces maux qui se déploient dans le contexte politique des années Sarkozy, Bolewa Sabourin co-fonde avec William Njaboum l’association LOBA qui signifie « Exprime-toi ! » en lingala, une des langues du Congo. «Une partie de moi qui veut dire nos ancêtres les gaulois, mais quand on me regarde, on ne me renvoie pas à ces ancêtres là et d’un autre côté on me demande d’en faire abstraction. Paradoxe énorme» souligne le danseur.

La danse outil de résilience

Sans maman, le danseur a pourtant grandi dans des espaces où il n’y avait pratiquement que les femmes qui tissent aussi son histoire. «En 2017, j’ai rencontré le docteur Denis Munkwegé [Prix Nobel de la paix] qui disait que les femmes n’allaient pas voir le psy, comme en Occident on peut le faire, mais que par la danse et par le chant cela fonctionnait». Outil de résilience, la danse lui ouvre une autre voie. «J’ai travaillé sur un modèle thérapeutique pour permettre à des personnes en situation de vulnérabilité de pouvoir se reconstruire par la danse et la psychothérapie» développe Bolewa Sabourin.

Il y a encore un  travail d’empowerment à faire pour les femmes, il faut qu’elles soient à un niveau où elles puissent parler avec les hommes

lI confie que la rencontre lui a permis de conscientiser son engagement contre les violences faites aux femmes. «Beaucoup d’hommes ne sont pas en adéquation avec une pensée viriliste mais l’existence même de ce privilège masculin fait qu’il est difficile de s’en passer» glisse le chorégraphe qui compare ce déséquilibre à celui des ressources entre le Nord et le Sud. «Mon fils peux regarder l’eau couler sous la douche alors qu’au Congo on met l’eau dans une bassine». Les deux facettes d’une même inégalité.

«La société civile et économique va plus vite que le politique» constate le militant qui en redéfinit la place. «Le politique fait partie de LA politique qui est construite par tous les individus, les organisations associatives et les entreprises». le danseur précise «Le droit de vote accordée aux femmes a dû s’imposer face a des gens qui pensaient que les femmes n’étaient pas assez rationnelles pour décider par elle-même». Bolewa Sabourin invite à une déconstruction des masculinismes. «C’est un héritage mais qu’est-ce qu’on en fait ?» interroge-t-il. Il faut que les hommes fassent aussi leur part.

Le procès du sexisme – 6ème journée nationale contre le sexisme le 25 janvier 2023.

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