Le collectif Ensemble contre le sexisme organise lundi 25 janvier sa 4ème journée nationale contre le sexisme. Une mobilisation indispensable sur la question des violences économiques faites aux femmes. Les 2 co-présidentes Catherine Ladousse et Moïra Sauvage pointent une discrimination sourde et systémique.
Le 1er confinement a mis à mal la situation économique des femmes, un sujet préoccupant qu’il était indispensable de traiter lors de cette 4ème journée. Catherine Ladousse, présidente co-fondatrice du Cercle InterElles souligne que les violences économiques ont été amplifiées par la crise sanitaire. « On voit bien les pièges pour les femmes qui sont en télétravail et qui ont du aussi jongler avec les tâches domestiques ». Un partage encore inégalitaire qui relève d’un sexisme de genre manifeste dans la sphère privée et publique.
Instaurer une journée nationale contre le sexisme
Moïra Sauvage, essaysite spécialiste du droit des femmes et responsable pendant 6 ans de la commission Femmes d’Amnesty International France affirme l’importance de cette journée en rappelant que le sexisme est la racine de toutes les inégalités. « Si on peut faire comprendre à la société avec cette journée les ressorts de ces inégalités qui se traduisent par des retraites moindres pour les femmes, il y a un espoir que dans quelques décennies, il y en ait moins ». Le collectif Ensemble contre le sexisme né à l’initiative de Laurence Rossignol sénatrice et ex ministre des droits des femmes réclame depuis le début de son engagement l’instauration d’une journée nationale. Mais sans succès. « On nous répond qu’il y a déjà deux journées pour le droit des femmes, le 8 mars, et le 25 novembre » déplore l’autrice du rapport Les Violences envers les femmes en France : une affaire d’Etat.
L’indépendance financière des femmes
Mais c’est insuffisant au regard des enjeux. Au sein du foyer, les violences économiques se traduisent par l’emprise des hommes sur la gestion de l’argent. « Je pense qu’au sein de certaines directions générales, certain estime que le salaire des femmes est un salaire de complément ». La directrice exécutive de la communication de Lenovo explique que la question de l’indépendance financière des femmes est fondamentale. Et c’est au sein de l’entreprise que la bataille doit être menée. « Il faut éduquer les femmes à parler d’argent et notamment de négociation salariale ». La fondatrice du cercle InterElles considère que parler d’argent reste plus tabou que dans la culture anglo saxonne. Et pénalise d’autant les femmes.
Miser sur l’éducation
Dans la colonne positive, Catherine Ladousse se réjouit de la mise en place de l’index Pénicaud qui oblige les entreprises à évaluer les inégalités femmes hommes. « Il y a un enjeu d’image, de communication et de recrutement des salariés » mais la loi ne peut pas tout. C’est pour cette raison que le collectif insiste sur la place qu’il doit être faite à l’éducation. Et cela dès l’enfance martèle Moïra Sauvage. « De nombreuses idées toutes faites subsistent, y compris dans la tête des femmes ». C’est pourquoi la déconstruction des stéréotypes est facilitée par des mentors au sein de l’entreprise poursuit Catherine Ladousse. « Si vous êtes promis à un poste pour remplacer un homme et que vous n’avez pas le même niveau de salaire que lui, il faut poser la question ». Et cela s’apprend.
Un lent changement
La jeune génération s’empare du sujet note la fondatrice du cercle InterElles mais il reste du chemin à parcourir. La faiblesse des levées de fonds opérée par des femmes l’atteste. Une entrepreneure sur dix dans la tech et une moindre appétence pour les technologiques creusent l’écart. « Ces secteurs là veulent absolument les femmes et quand elles arrivent dans ces entreprises, elles doivent se battre car on est dans une culture très masculine » constate Catherine Ladousse.
Le mouvement MeToo est une fenêtre ouverte. Pour moi qui suis vraiment une universaliste, je pense que toutes les femmes du monde subissent du sexisme même si elles vivent des vies très différentes.
Moïra Sauvage
Un outil pour mesurer les risques de violences économiques
Ensemble contre le sexisme propose de mettre en place un outil calqué sur le violentomètre destinée à mesurer si sa relation amoureuse est bien fondée sur le consentement. Concernant les inégalités économiques, « Cela permettrait tout au long des différentes étapes de la vie des filles et des femmes de définir les risques et les écueils à éviter pour ne pas se retrouver dans une situation menant à des inégalités économiques » explique Moïra Sauvage. La prise de conscience de ce sexisme économique émerge peu à peu grâce aux universitaires et chercheuses. « Elles étudient les inégalités dans les successions. Nous pensions que tout allait bien et que la loi protégeait les femmes mais il n’en est rien » regrette la journaliste.
Avec les hommes
Catherine Ladousse évoque le rôle des hommes dans cette lutte contre les violences économiques. « L’un des moyens formidables de faire avancer cette prise de conscience est le congé paternité. Même si on y va à petit pas en France, c’est une première étape symbolique ». L’autrice de « A la rencontre du sexe fort » estime que la jeune génération des hommes évolue sur ce sujet. Toutefois, « Je pense que les hommes se fichent du sexisme parce qu’ils ne le vivent pas, mais ils ont beaucoup à gagner à l’égalité entre les sexes ».
L’évènement est à suivre lundi 25 janvier en ligne sur inscription