AVEC « VILLAGE FACTORY » ISABELLE MACÉ BOOSTE LE TERRITOIRE RURAL

Village Factory impulsé par Isabelle Macé

Après de nombreuses missions en Afrique Isabelle Macé, ingénieure en informatique a posé ses valises à Asnières sur Vègre (Sarthe). En mars 2016 elle cofonde « Village Factory » dans l’ancienne école du village, un  tiers lieu qui réunit un espace de co-working et beaucoup plus selon les affinités et les savoir faire qui s’y expriment. Une véritable communauté est née. En juin de cette année, à force d’obstination et d’ingéniosité la commune de 300 habitants située en zone blanche sera fibrée. Un exploit qu’elle a contribué à réaliser. Rencontre.

Comment l’aventure est née ?

Je faisais des systèmes d’information en Afrique. Pendant six ans je ne rentrais qu’une semaine par mois en France. Mais du coup  je pouvais m’installer partout parce que mes clients étaient à distance en Côte d’ivoire. C’est comme ça que j’ai pu m’installer à la campagne avec surtout une connexion internet. Quand on part sur des missions de trois semaines où matin midi et soir on déjeune avec des grosses équipes et qu’on se retrouve toute seule à la campagne le contraste est sévère ! Le dimanche après-midi toute une partie des habitants se retrouvait dans le café associatif qui s’était monté dans le village. Et on s’est dit ce serait bien de travailler là. Mais ce n’était pas possible de mélanger des gens qui rigolent, lisent le journal et disent deux trois blagues avec ceux qui essaient de bosser et de passer des coups de fil !

Vous créez Village Factory dans l’ancienne école, un symbole fort ?

On a été voir le maire. Il nous a dit si vous voulez il y a l’école qui ferme. On peut vous mettre le lieu à disposition. Une école qui ferme dans un village c’est tout un symbole. On a gardé l’esprit. Apprendre à travailler ensemble dans la journée et le soir apprendre aux autres tout ce qu’on sait faire. Il y a des cours d’informatique, d’italien, de dessin, des conférences une fois par mois on regarde des documentaires et on débat … Aujourd’hui c’est un tiers lieu où il y a du co-working dans la journée.

Qui rassemblez-vous dans ce tiers lieu ?

Il n’y a pas de profils type. On s’adresse aux usagers du numérique. Il y a  des gens qui ne viennent que pendant les vacances scolaires de Paris. On a une personne qui traite des déchets à l’international, un paysagiste qui fait des projets en Inde, un écrivain public, un architecte, un graphiste… C’est plutôt des 30/50 ans. On est tous du coin dans un rayon de 18km. L’idée est de mailler un territoire avec des initiatives identiques. Partout il y a d’anciens bâtiments qui ne sont plus utilisés et qu’on peut reconvertir en lieux pour les néo ruraux en mal de connection internet et partager au delà des mètres carrés.

 

Savoir, savoir faire, savoir être c’est ce que je décline depuis le début. Par exemple je donne des cours pour apprendre à savoir faire sa page Facebook pro. Tout le monde peut avoir un savoir faire à partager.

 

Isabelle Macé confondatrice du réseau Village Factory
Isabelle Macé confondatrice du réseau Village Factory

Une communauté est en train de naître mais qu’en est-il de vos connections internet ?

On avait l’équivalent du minitel ! On a fait des démarches en disant voilà on est une douzaine de pro réunie dans un même lieu qu’est ce qu’on peut faire ? On nous a répondu :  « déménager » ! On a contacté des gens qui avaient des contacts en Syrie pour savoir comment ils arrivaient à faire passer des connections dans des endroits parfaitement interdits. On nous a répondu qu’on pouvait placer des relais sur des châteaux d’eau. Et de châteaux d’eau en châteaux d’eau sans obstacle entre eux on pouvait sans déperdition obtenir du haut débit ! Nous avions 5 châteaux d’eaux à relayer et tous les maires concernés dont les communes n’étaient pas mieux loties que la nôtre ont donné leur accord ! Au mois de juin nous serons la première commune fibrée en zone blanche.

C’est un sacré exploit !

Surtout dans un village composé à moitié de retraités et de gens qui ne sont la que le week-end ! Ça ne fait pas rêver les opérateurs classiques. Pas assez rentable ! En juin 100% des habitants seront connectés.

L’idée de créer un label « Village Factory » c’est aussi pour l’essaimer ?

Si ça marche chez nous ça marchera partout ! Dans le tiers lieu nous organisons tous les cours que les gens nous demandent. Etre connecté c’est pouvoir partager les intervenants et multiplier les gens qui en bénéficient. Une intervention qui plait peut-être démultiplier à une échelle sans limite. J’avais expliqué au conseil municipal que si on touchait 5% du territoire français au travers de nos cours nous touchions 3 millions de personnes. Soit l’équivalent de la région parisienne. Cela signifie qu’ il ne faut pas beaucoup de communes pour qu’on soit très puissant.

 

De la même façon que le co-worker peut paraître tout seul je pense que les tiers lieux ne doivent pas rester tout seuls.

 

 Village Factory correspond à une tendance durable ?

Je ne sais pas. les gens qui viennent là ne sont pas normaux. Est ce qu’on est bizarre ou est ce qu’on est juste normaux et que la société est en train de changer ? Même si beaucoup de gens quitte Paris, ils ne s’installent pas pour autant en pleine campagne comme nous on peut le faire. La fibre en milieu rural ce n’est pas pour télécharger des films plus vite ou aussi vite qu’à Paris. Elle est presque plus utile ici que dans les grandes villes. On peut en faire quelque chose d’innovant.

Aujourd’hui vous proposez un accompagnement à ceux qui voudraient suivre votre initiative, votre modèle est-il rentable ?

Ça ne peut pas être rentable. 150 € par mois en ville c’est jouable ici non. Ce que je reproche au côté urbain c’est de faire des locations de mètres carrés. Le modèle auquel je crois c’est de trouver un ou des partenaires. Lui dire nous on a douze places de coworking et je voudrais que vous nous sponsorisiez. Et que vous accompagnez des porteurs de projet en louant leur place de coworking. Ca serait un modèle de soutien à l’économie locale. On est pas économiquement viable pour les opérateurs par contre pour le territoire on est super dynamique.

 

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