Décédée le 16 juillet 2025 à 87 ans, Connie Francis a été une icône de la pop américaine des années 60. Mais elle fut aussi l’une des premières artistes à parler publiquement de son viol et de ses troubles psychiques. Une parole rare, bien avant #MeToo.
Connie Francis est morte le 16 juillet 2025, à l’âge de 87 ans. Le nom dira sans doute quelque chose à celles qui ont grandi dans l’ombre des juke-box : Who’s Sorry Now, Stupid Cupid, Where the Boys Are… Dans les années 50 et 60, elle fut l’une des premières femmes à dominer les charts internationaux. Une star avant que le mot ne devienne industriel.
Mais la puissance de sa voix n’a pas suffi à la protéger. En 1974, alors qu’elle séjourne dans un motel du New Jersey, Connie Francis est victime d’un viol à l’arme blanche. Elle a 37 ans. L’agression la plonge dans un cauchemar psychique et judiciaire. À une époque où la parole des femmes est largement disqualifiée, l’artiste choisit pourtant de témoigner. Elle poursuit la chaîne hôtelière pour négligence en matière de sécurité, remporte son procès, et obtient 2,5 millions de dollars. Le jugement fera date, ouvrant la voie à de nouvelles normes de sécurité dans l’hôtellerie américaine
Mais les séquelles psychiques sont dévastatrices. Internements psychiatriques à répétition – dix-sept au total -, tentative de suicide, médication lourde et diagnostic erroné de trouble bipolaire, Connie Francis se bat pour sa survie psychique. Elle affronte les conséquences mentales du traumatisme, ce que peu d’artistes osent encore évoquer dans les années 80. « J’ai tout perdu : ma voix, mon équilibre, ma réputation. Mais je me suis promis de ne jamais me taire », écrit-elle dans son autobiographie Who’s Sorry Now (1984), qui devient un best-seller du New York Times.
De la parole intime à l’engagement public
En 2010, elle rejoint officiellement Mental Health America en tant que porte-parole nationale. L’organisation, pionnière dans la défense de la santé mentale aux États-Unis, la choisit pour mener une campagne de sensibilisation aux soins post-traumatiques. Elle y parle de stress, de dépression, de reconstruction, avec une franchise rare pour une figure publique.
Connie Francis ne cesse de revisiter son histoire pour mieux en faire une arme. En 2017, elle publie Among My Souvenirs: The Real Story, Vol. 1, dans lequel elle revient sur son agression, les années d’errance médicale, et sa lente remontée. Elle y dénonce aussi l’incompréhension du corps médical face aux femmes survivantes de viol. Dans une interview accordée à Growing Bolder, elle déclare : « Je voulais que les femmes sachent qu’elles n’étaient pas folles. Ce qu’elles ressentaient était réel. Il fallait juste que quelqu’un le dise. »