CORSET FREE : LA RÉVOLTE DES CORÉENNES CONTRE LA DICTATURE DE LA BEAUTÉ

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Capture Twitter @rusoranetuser

Il y a quelques mois une présentatrice de télé sud coréenne osait porter des lunettes à l’écran. Un acte de rébellion dans un pays où la dictature de la beauté n’est pas un vain mot. Depuis quelques semaines une vidéo fait le buzz sur les réseaux sociaux. Une jeune femme se maquille puis retire son make up sans un mot mais avec le sourire. Anodins pour les occidentales, tous ces gestes s’inscrivent dans le mouvement « Corset Free » – sans corset- porté par les coréennes victimes d’un insupportable diktat sur leur apparence physique.

En Corée du sud les canons de la beauté forgent une dictature. La plupart des coréennes utilisent quotidiennement une dizaine de produits cosmétiques contraintes par une vision sociétale sexiste. Un visage sans make up n’est pas une option. Et une femme sans un maquillage appuyé subit des remarques désobligeantes. Dans ce contexte oppressant se dessine un mouvement de rébellion grandissant dans le sillage de #metoo. sous le hastag Corset free des femmes entreprennent de changer les codes. Comme le rapporte le site de RFI « Corset désigne les canons de beauté extrêmes imposés aux Sud-Coréennes ». Il y a quelques mois Lim Hyeon-ju a troqué ses lentilles contre une paire de lunettes pour présenter les journaux de la principale chaine MBC News. Une audace folle en forme de résistance !

 

Une société patriarcale

Cette règle non écrite mais inscrite dans la société ne concerne pas les présentateurs. L’apparence ne vaut que pour les coréennes qui perdent une à deux heures par jour à se maquiller. C’est cette absurdité sexiste que dénonce Bae Lina une YouTubeuse dans une vidéo virale ( 1,7 millions de vue) intitulée « I’m not pretty » (Je ne suis pas jolie) publiée le 4 juin. Face caméra la jeune femme retire ses lunettes, met une paire de lentilles et se maquille. Des messages d’insultes sur son physique défilent. Puis sans un mot et avec le sourire elle se démaquille et ajuste ses lunettes. Un message ponctue la démonstration. « Tu n’as pas besoin d’être jolie. Ne sois pas accablée par le regard des autres ».

Se couper les cheveux est un acte de révolte

Sur le même registre une autre YouTubeuse « Daily Room » est apparue les cheveux courts. Elle a annoncé qu’elle renonçait à ses tutos beauté pour rejoindre le mouvement Corset Free. Ajoutant qu’elle avait été élevée dans une famille patriarcale et avait été harcelée au lycée elle ambitionne de modifier le regard de la société sur les femmes. Des femmes ont réagi en postant des commentaires et photos de cheveux coupés sur les réseaux sociaux. Yonhap News Agency rapporte notamment le témoignage de l’une d’elle qui se félicite d’économiser tous les mois jusqu’à 350 euros réservés à l’entretien de ses cheveux. Le Professeur Yoon Kim Ji-young de l’université Konkuk de Séoul explique que le mouvement Corset free est né d’une vision normative de la beauté qui n’autorise pas la diversité des silhouettes.

 

Cette année, la Corée du Sud s’est classée au 118ème rang sur 144 pays dans l’enquête mondiale sur l’écart de genre du Forum économique mondial, qui a pris en compte des facteurs tels que l’égalité salariale et les congés de maternité.

 

Une industrie de la beauté florissante

Le diktat de la société coréenne qui pèse sur les femmes est aussi un enjeu économique. Le South China Morning Post rapporte que les ventes de produits de beauté sud coréen atteindront environ 7,2 milliards de dollars (US) en 2020. Le corps comme seule valeur pour les femmes était un principe déjà dénoncé par Naomi Wolf dans « le mythe de la beauté » il y a 30 ans. « En attribuant une valeur aux femmes dans une hiérarchie verticale selon une norme physique culturellement imposée, la beauté exprime des relations de pouvoir dans lesquelles les femmes doivent concurrencer artificiellement les ressources que les hommes se sont appropriées ».

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