Catherine Connolly, 68 ans, féministe et indépendante, devient la troisième femme présidente de l’Irlande. Troisième femme à accéder à la fonction, elle incarne une gauche humaniste et pacifiste dans un rôle avant tout symbolique.
L’Irlande a tourné une page de son histoire en élisant, le 25 octobre 2025, Catherine Connolly à la présidence de la République. À 68 ans, cette députée indépendante, originaire de Galway, a remporté une victoire écrasante avec environ 63 % des voix, face à la conservatrice Heather Humphreys, candidate du Fine Gael et ministre de la Protection sociale. Elle devient ainsi la 10ᵉ présidente de l’Irlande et la 3ᵉ femme à occuper ce poste, après Mary Robinson et Mary McAleese. « Je serai une présidente qui écoute, qui réfléchit et qui parle quand il le faut », a-t-elle déclaré à Dublin lors de son discours de victoire. Une phrase qui résume sa méthode, parler peu, mais avec précision une constante tout au long de sa carrière politique.
Cette discrétion assumée s’accompagne d’une réelle constance. Avocate de formation et ancienne psychologue clinicienne, La nouvelle Présidente s’est d’abord illustrée en politique locale à Galway, avant d’être élue au Parlement en 2016. Indépendante farouche, elle s’est imposée comme l’une des voix les plus singulières du Dáil Éireann, féministe, écologiste et critique des institutions européennes, elle défend depuis des années une approche sociale et humaniste du pouvoir.« Ensemble, nous pouvons bâtir une république qui valorise chacun, qui célèbre la diversité et qui croit en sa propre identité », a-t-elle déclaré durant la campagne, appelant à une Irlande « plus juste et plus solidaire ».
Une candidate aux priorités sociales
Sa victoire reflète avant tout la cohérence de ce parcours. Depuis vingt ans, elle défend une vision plus ambitieuse de la justice sociale et du logement, dans un pays miné par une crise immobilière chronique. L’élue indépendante s’inscrit aussi dans une longue tradition pacifiste, profondément ancrée dans la culture politique irlandaise. Fidèle à cette ligne, elle a dénoncé la « militarisation » de l’Union européenne et appelé à restaurer une diplomatie véritablement indépendante. Sur la scène internationale, Catherine Connolly s’est fait remarquer par ses positions sans détour sur Gaza. Elle a accusé Israël de mener un « génocide » et exhorté le gouvernement irlandais à adopter des sanctions économiques plus fermes. Une conception universelle des droits humains qu’elle applique aussi aux questions de société. La nouvelle élue avait ainsi soutenu, dès 2015, la légalisation du mariage pour tous, estimant qu’« apprendre à chérir la diversité » faisait partie des fondements de la démocratie irlandaise.
Cette liberté de ton a largement contribué à son succès électoral. Son franc-parler et son indépendance ont tranché avec la campagne lisse de sa concurrente, 61 ans, représentante du Fine Gael, le grand parti de centre-droit au pouvoir depuis plus d’une décennie. Ministre respectée mais jugée trop institutionnelle, elle a fait campagne sur la stabilité et la continuité, promettant de défendre « les valeurs de modération et de responsabilité ».
Mais dans un contexte marqué par la hausse du coût de la vie et la crise du logement, son message n’a pas trouvé d’écho. La défaite du Fine Gael a d’ailleurs été vécue comme un revers sévère pour la coalition gouvernementale. « Catherine Connolly a capté un désir d’authenticité et de rupture », a commenté The Irish Times, soulignant que son succès « dépasse les clivages partisans et traduit un besoin de renouveau ».
Pour autant, cette victoire a ses limites. Derrière l’élan populaire suscité par son élection, la marge de manœuvre de Catherine Connolly reste étroite, la présidence irlandaise est essentiellement honorifique. La cheffe de l’État incarne l’unité nationale, promulgue les lois votées par le Parlement et représente l’Irlande à l’étranger, mais n’exerce aucun pouvoir exécutif. Son mandat débutera officiellement le 11 novembre 2025.
Sources : The Irish Times, RTÉ News, The Journal, Reuters, AP News, Al Jazeera, The Washington Post.