Elles ont marqué les esprits lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Gisèle Halimi, Simone Veil, Louise Michel et sept autres femmes d’exception font désormais leur retour dans l’espace public. Leurs statues ont été réinstallées rue de la Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris. Un hommage puissant aux grandes oubliées de l’histoire.
Le 26 juillet 2024, Paris ouvrait ses Jeux Olympiques avec un défilé spectaculaire sur la Seine. Parmi les séquences les plus marquantes, l’émergence de dix statues dorées de figures féministes illustres au pied du pont Alexandre-III. Une scène puissante, symbolisant la remontée à la surface de figures trop longtemps invisibilisées par l’Histoire.
Près d’un an après leur apparition lors du défilé d’ouverture des JO, les dix statues ont été réinstallées dans l’espace public. Elles occupent désormais la rue de la Chapelle, dans le 18ᵉ arrondissement de Paris, sur un linéaire de 800 mètres aménagé pour l’occasion entre le boulevard périphérique et la place de la Chapelle, avec pistes cyclables, bancs, éclairage, plantations, et panneaux pédagogiques. Cette galerie à ciel ouvert débouche sur la nouvelle Adidas Arena, site olympique conçu aussi pour un usage local et associatif. Une reconquête urbaine à la fois sportive, culturelle et mémorielle.
Une installation durable
Parmi les figures féministes mises à l’honneur, Gisèle Halimi, avocate et militante pour le droit à l’avortement ; Simone Veil, survivante de la Shoah, ministre et première présidente du Parlement européen ; Louise Michel, icône de la Commune de Paris ; Olympe de Gouges, autrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ; Hubertine Auclert, pionnière du suffrage féminin ; Christine de Pizan, première femme autrice professionnelle de l’Histoire ; Alice Milliat, promotrice du sport féminin ; Paulette Nardal, intellectuelle martiniquaise et figure du mouvement de la négritude ; Jeanne Barret, exploratrice du XVIIIe siècle ; et Alice Guy, pionnière du cinéma muet. Chacune a désormais son piédestal.
Mesurant près de quatre mètres de haut, ces statues ont été conçues en résine polymère renforcée de fibre de verre, grâce à une impression 3D de haute technologie menée par CMDS Factory et Marie 3D. Elles ont été traitées pour résister aux intempéries, aux pollutions urbaines et au vandalisme. Chaque socle intègre un QR code donnant accès à une audio-description et à des contenus biographiques, pensés pour être accessibles aux personnes en situation de handicap visuel.
Ces statues sont prêtées gratuitement par le Comité international olympique et le groupe BPCE, et resteront en place jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028. Si cette temporalité est encore provisoire, elle marque une rupture : jusque-là, les femmes représentaient à peine 10 % des statues parisiennes, et seulement 6 % des rues de la capitale portent un nom féminin. Ce projet, salué par de nombreux collectifs féministes comme #OùSontLesFemmes, est un appel à prolonger l’élan. Un symbole fort, certes, mais aussi une opportunité concrète de repenser nos paysages urbains et nos récits historiques.