Alors que les protestations à l’encontre des violences sexuelles se sont amplifiées ces dernières semaines en Australie, le gouvernement, acculé, a annoncé le 8 avril son souhait de reprendre l’ensemble des recommandations d’une enquête nationale de janvier 2020 sur le harcèlement sexuel au travail.
Cela faisait plus d’un an que les déficiences en matière de lutte contre les agressions sexuelles au travail en Australie avaient été dénoncées. Jeudi 8 avril, le Premier ministre, Scott Morrison, a annoncé que le gouvernement acceptait de reprendre « dans leur intégralité, en partie ou dans leur principe » les 55 recommandations du rapport Respect@Work,(respect au travail) une enquête nationale publiée en janvier 2020 par la Commission australienne pour les droits humains, une organisation indépendante, qui l’avait lancé deux ans plus tôt en partenariat avec la ministre des Femmes.
Deux affaires d’agressions sexuelles
Le gouvernement se trouvait acculé à réagir, face à deux récentes dénonciations de viol. Le 15 février, Brittany Higgins, membre du Parti libéral, dirigé depuis 2018 par Scott Morrison, a déclaré qu’elle avait été victime d’un viol perpétré par un collègue dans les locaux du Parlement. Fin février, une autre affaire a révélé que le procureur général Christian Porter, conseiller juridique du gouvernement, était poursuivi pour l’agression en 1998 d’une adolescente de 16 ans, décédée l’an dernier. En raison de « l’absence de preuves suffisantes », selon la police, il n’a pas été mis à pied et n’a pas démissionné non plus.
#EnoughIsEnough (« Assez, c’est assez ») ont crié sur les réseaux sociaux de nombreuses personnes, dont la parole s’est déliée. Des membres du Labor, le principal parti d’opposition, ont dénoncé la culture du harcèlement qui règne dans leurs rangs. Des témoignages d’agression ou de sexisme dans des écoles se sont aussi multipliés. La dénonciation en ligne est passée aux actes, avec des dizaines de milliers de personnes qui se sont réunies dans plus d’une quarantaine de villes du pays, les 14 et 15 mars. Elles dénonçaient les violences sexistes et sexuelles, rappelaient qu’un « non est un non » et qu’il était urgent d’éduquer les garçons et les hommes pour en finir avec cette culture.
Les mesures doivent encore faire l’objet d’un vote
En reprenant des recommandations du rapport Respect@Work, le gouvernement prévoit de supprimer l’immunité dont bénéficiaient jusqu’ici les parlementaires, magistrats et fonctionnaires dans le cas d’accusations de harcèlement sexuel au travail. Il doit désormais relever de la « faute grave » et être un motif valable de licenciement. Un programme d’éducation à des « relations respectueuses » entre femmes et hommes est également prévu dans les établissements scolaires. La plupart de ces mesures doivent faire l’objet d’un débat parlementaire et d’un vote pour être adoptées. Elles ne seront donc pas immédiates.
Au cours des cinq dernières années, une personne sur trois a déclaré avoir vécu une expérience de harcèlement sexuel au travail, selon l’enquête de la Commission australienne pour les droits humains, dont deux femmes sur cinq (39 %) et un homme sur cinq (26 %). D’après des données publiées en août 2020 par l’Institut australien de la santé et du bien-être, une femme sur six et un un homme sur 25 ont été victimes d’agression sexuelle à partir de 15 ans. Dans 97 % des cas enregistrés par la police, les agresseurs étaient des hommes.
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