À 63 ans, la musicienne franco-béninoise devient la première artiste originaire d’Afrique subsaharienne à recevoir une étoile sur le célèbre trottoir hollywoodien. Un hommage institutionnel rare pour une artiste qui, depuis quarante ans, construit une carrière libre et engagée.
Le 3 juillet, la Chambre de commerce d’Hollywood a dévoilé la liste des personnalités qui recevront une étoile sur le Walk of Fame en 2026. Parmi elles, la musicienne franco-béninoise Angélique Kidjo. Une première pour une artiste originaire d’Afrique subsaharienne, et une reconnaissance tardive d’un parcours international exemplaire.
Depuis les années 1980, Kidjo a construit une œuvre musicale qui échappe aux étiquettes habituelles. Chanteuse, compositrice et productrice, elle navigue entre afrobeat, jazz, funk, pop et musiques traditionnelles ouest-africaines, chantant en fon, en yoruba, en français et en anglais. « Je viens d’un pays où il y a cinquante langues. La diversité, je suis née dedans », rappelait-elle dans une interview au New Yorker.
Révélée à l’international au début des années 1990 avec l’album Logozo (Island Records, 1991), elle a depuis enregistré plus d’une quinzaine d’albums et remporté cinq Grammy Awards. Son travail comprend des collaborations avec des artistes de renommée mondiale, comme Alicia Keys, Peter Gabriel, Burna Boy ou encore Ibrahim Maalouf. Ses relectures audacieuses, notamment celles de Remain in Light des Talking Heads (2018) ou de l’œuvre de Celia Cruz (Celia, 2019) ont fait d’elle une artiste hors norme.
Un hommage rare
Avec son étoile sur le Walk of Fame, Kidjo rejoint un panthéon culturel largement dominé par les figures américaines blanches, et plus rarement accessible aux artistes issues du continent africain. La distinction reste très symbolique, mais elle intervient dans un contexte où les questions de représentativité dans l’industrie culturelle continuent de faire débat.
Kidjo est l’une des rares musiciennes noires de plus de 60 ans à bénéficier d’une telle reconnaissance internationale — une réalité qui souligne, en creux, la persistance d’un double standard lié à l’âge, au genre et à l’origine dans les carrières artistiques mondiales. « Il faut être deux fois plus inventive quand on vient de loin et qu’on ne coche pas les cases », soulignait-elle à France Inter en 2022.
Au-delà de sa carrière musicale, Angélique Kidjo est aussi une figure de l’engagement. Ambassadrice de l’UNICEF depuis 2002, elle a fondé la Batonga Foundation pour soutenir l’éducation des filles en Afrique de l’Ouest. Plusieurs de ses projets musicaux ont une dimension explicitement politique, à l’image de Mother Nature (2021), qui aborde les thèmes de la justice environnementale et des inégalités structurelles.