PRÉAVIS DE GRÈVE GÉNÉRALE DES SUISSESSES POUR 2019

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©vonecia-carswell

Pas du genre à déclencher des grèves surprise sur un coup de colère. Pourtant le ras le bol des femmes suisses est bien là. Malgré l’adoption d’une loi fédérale en 1995 sur l’égalité (LEg) les suissesses pourraient faire mentir les statistiques. Championne du monde de la non-grève l’Etat helvétique devrait régresser dans le classement en 2019. Puisque lassées d’attendre des avancées significatives sur les inégalités dont elles sont victimes, les femmes ont décidé de lancer un mouvement de grève général le 14 juin 2019.

Ce ne sera pas la première fois que les femmes se mettent en grève. Le 14 juin 1991 plus d’un demi millions de suissesses s’était mobilisé pour lutter contre les inégalités. 28 ans plus tard les bonnes intentions légales n’ont pas fait leur preuve. A l’époque « La grève resta symbolique » analyse Le Temps. Pourtant vêtues de fuschia les femmes avaient organisé des débrayages et des défilés dans une mobilisation sans précédent. « A travail égal, salaire égal » revendiquaient les slogans. Car bien qu’inscrite dans la loi dix ans plus tôt le principe tarde à être appliqué.

 28 ans après la première mobilisation nationale les inégalités demeurent

Point central des manifestations de 1991 les inégalités salariales demeurent. Au pays feutré des banques et du chocolat les femmes gagnent en moyenne 600 euros de moins que les hommes constate le quotidien suisse. Et le Conseil des Etats ne donne pas le bon signal. Amendant la loi sur l’égalité il propose la mise en place d’un contrôle sur l’écart des salaires tous les 4 ans. Et uniquement pour les entreprises de plus de 100 salariés. De quoi alimenter la colère des suissesses. Lors des assises féministes romandes Michela Bovolenta syndicaliste s’indigne. « Au niveau des tribunaux, les plaintes pour inégalité salariale ou harcèlement sexuel n’aboutissent majoritairement pas. Il faut reprendre la rue, car dans les espaces politiques, cela ne marche pas ».

 

Femmes bras croisés, le pays perd pied. Slogan manifestation du 14 juin 1991

 

Les assises féministes fustigent les politiques

La mollesse avec laquelle les politiques masque leur entrain sur le sujet est un facteur endémique. Comme le relate une intervenante citée par gauchehebo « Nous sommes gouvernés par des hommes vieux et riches qui n’ont visiblement pas les mêmes préoccupations que nous ». La question arrive dans un contexte bouleversé par le mouvement #metoo. Et après la mobilisation nationale des 8 millions d’espagnoles le 8 mars à l’occasion de la journée des droits de la femmes. La stagnation des droits des femmes est un obstacle économique qui laisse à l’écart des mesures inclusives favorisant l’égalité. Ainsi le Conseil Fédéral a refusé un congé paternité de 20 jours.

Les suissesses passent à l’offensive

Le collectif des Assises romandes et féministes s’appuiera sur des comités  locaux pour préparer des actions tout au long de l’année. La journée du 19 juin 2019 sera le point d’orgue d’une année « féministe »organisée avec notamment la création de permanences juridiques. Si la lutte contre les inégalités salariales occupent une place majeure, les suissesses souhaitent que les revendications n’oublient pas le harcèlement, les violences faites aux femmes et l’équilibre vie privée vie professionnelle. Une répétition sous forme de manifestation aura lieu le 22 septembre à Berne.

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