UNE FRESQUE POUR PENSER LE PATRIARCAT : L’INITIATIVE DE L’ASSOCIATION LOBA

Fresque du patriarcat
illustration générée par IA

Chorégraphe, militant et cofondateur de l’association Loba, Bolewa Sabourin crée la Fresque du patriarcat, un jeu de cartes destiné à ouvrir la discussion là où elle résiste encore au sein des entreprises. Parce qu’on ne changera rien sans les hommes et sans un peu de vulnérabilité partagée.

Depuis 2019, Loba anime des ateliers sur les masculinités. avec ce même constat, les hommes repartent touchés, reconnaissants, mais il est difficile de les faire venir. « Nos ateliers demandent aux hommes de se mettre en vulnérabilité, d’accepter d’en parler. Et la vulnérabilité, chez les hommes, c’est leur kryptonite », confie Bolewa Sabourin. Assumer sa part de fragilité, c’est pourtant, selon lui, reconnaître son humanité. « Un mot peut réveiller un trauma, un souvenir, une émotion. Nous sommes tous vulnérables, et c’est ce qui nous relie les uns aux autres. » Dans une société patriarcale, cette révélation reste subversive. « On apprend aux hommes à faire seuls, à dire “moi, moi, moi”. Mais c’est justement ce qui les empêche d’être pleinement humains. »

Face aux résistances, Bolewa Sabourin a voulu imaginer un outil plus accessible. « Nos ateliers sont exigeants. On avait besoin d’un format moins contraignant, qui permette d’aborder ces sujets sans se sentir exposé », explique-t-il. C’est ainsi qu’est née la Fresque du patriarcat. Un jeu de cartes, à la fois ludique et réflexif, inspiré du modèle désormais bien connu des fresques du climat ou de la diversité.
« Le mot “fresque” est aujourd’hui familier dans le monde professionnel, et c’est une chance. Mais le mot “patriarcat”, lui, reste encore tabou. On peut parler de capitalisme, de racisme, de classes sociales… mais parler du patriarcat, c’est encore réservé à quelques cercles militants. »

Avec cette fresque, l’association espère créer un espace de discussion « qui n’engage à rien », où l’on peut simplement écouter, réagir, échanger, sans se sentir jugé. Une porte d’entrée vers un sujet encore difficile à nommer.

Le monde du travail comme terrain d’action

Le choix de s’adresser aux entreprises n’est pas anodin. « On passe les deux tiers de notre vie au travail. C’est un espace où les inégalités s’observent, mais aussi où elles peuvent se transformer », souligne Bolewa Sabourin. La fresque vise d’abord les RH, responsables diversité et inclusion, ces femmes et ces hommes déjà sensibilisés, mais souvent démunis face à la complexité du sujet.
« On veut leur donner des outils pour amener les équipes à sortir du déni, à prendre conscience du système dans lequel on vit, et à trouver d’autres manières d’interagir. La transformation passe autant par le collectif que par l’intime : « C’est en parlant de ces sujets qu’on apprend à construire du “nous”. » défend-il.

Chez Loba, l’art est toujours un levier de transformation sociale. « L’art, c’est comment on se parle, comment on pense la société. » Et parler du patriarcat sans les hommes n’aurait pas de sens : « On ne peut pas construire un changement systémique sans eux. Ils représentent la moitié de la population, et détiennent encore la plupart des pouvoirs économiques, politiques et culturels. » C’est pourquoi dans l’idéal la Fresque du patriarcat sera animée par des binômes mixtes. « On ne s’inquiète pas pour la participation des femmes », sourit Bolewa. « Mais il faut que les hommes bougent. »

La Fresque du patriarcat sera lancée vendredi 17 octobre à la Cité audacieuse, 9 Rue de Vaugirard, 75006 Paris à partir de 18h, inscription ici.

Et pour revoir le formidable documentaire Eduquons nos fils sur la plateforme France Télévisions, c’est ici

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