MARTINE ESQUIROU : POURQUOI ON PEUT ETRE OPTIMISTE A 50 ANS QUAND ON CHERCHE UN NOUVEAU JOB

Martine Esquirou start-uppeuse

Ex journaliste économique passée à la direction de la communication de grands groupes (Vivendi, Canal +, Thomson, la Générale de santé) Martine Esquirou est à l’aube d’un nouveau parcours professionnel. Rencontre avec une communicante qui livre des réflexions optimistes sur le monde du travail au féminin après 50 ans.

Au coeur des rédactions de l’Express, de Libé et des Echos, Martine Esquirou a « glissé » vers l’économie des médias, de l’industrie culturelle et numérique. Repérée par Jean-Marie Messier dans les années 2000 lors de la fusion Vivendi Universal, elle devient dircom, « une autre façon de raconter l’histoire des grands groupes vue de l’intérieur, en leur donnant de la visibilité, en les présentant à travers l’excellence de leur savoir-faire ». Aujourd’hui, en vacance de poste, elle s’interroge sur la façon de poursuivre son parcours professionnel.

Comment envisagez-vous la suite de votre carrière ?

J’ai quitté le groupe la Générale de Santé en septembre. J’ai encore envie de travailler. J’ai une expérience, des compétences pour accompagner des transitions, des groupes qui sont soit dans des périodes de spin off (scission des activités) soit dans des périodes d’expansion et ont besoin de réfléchir sur leur visibilité, leur marque leur communication interne. Toutes ces choses là je sais les faire en tant que communicante aujourd’hui.

 

C’est ce que je sais le mieux faire, ce que je fais depuis le plus longtemps. Ma mère institutrice m’a appris à écrire.  Je n’ai plus rien appris depuis et c’est ce qui m’a servi.

 

Concrètement comment valorisez-vous votre expérience professionnelle ?

Je reste connectée. Je me dis que le temps presse contrairement à ce que je pensais jusqu’à présent. Il faut vite trouver des moyens de créer de la satisfaction voire de la joie dans ce que je fais. Donc, j’explore beaucoup de choses tout en cherchant un poste. J’aide des start-up et une association pour l’éducation des jeunes. Je suis deux formations en même temps dont un certificat d’administrateur à Sciences Po. J’ai aussi très envie d’écrire sur les femmes. J’ai toujours été très grande militante féministe, à 16 ans, je militais pour le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception. J’ai créé des réseaux de femmes dans les groupes dans lesquelles j’étais. Je ferais peut être un blog, une émission de radio… Je vais me redonner cette respiration là, tout en regardant ce qui se passe sur le marché du travail.

 

Il y a beaucoup de projections fantasmatiques sur cet âge de la cinquantaine.

 

A votre avis quels sont vos atouts pour un chargé de recrutement ?

On a les qualités de ses défauts. A notre âge, les gens ne se disent pas : tiens elle va tomber enceinte, tiens elle ne va pas être mobile ! On est dans une période très insécure et l’expérience de l’âge peut rassurer qu’on soit un homme ou une femme. Et puis, le mode d’employabilité des groupes évolue malgré tout, parce qu’ils ont besoin d’expertises pointues sur un projet qui ne justifie pas que le poste soit figé pour les vingt années à venir. Ils vont faire appel aux prestataires extérieurs. Je pense que nous aussi devons nous adapter à un marché du travail différent comme l’ont fait les slasheurs

 

Essayons d’aborder notre âge et notre sexe en inventant des nouvelles façons de vivre et de travailler, ne rajoutons pas de désespérance !

 

Votre analyse est plutôt optimiste ?

Tout le monde sait que l’âge de la retraite recule à 65/67 ans. On ne parle pas de plafond de verre. Le seuil des 50 et 60 ans n’en est plus un de la même façon qu’auparavant. Oui, j’ai l’impression que la société évolue. Je suis plus inquiète pour le travail des jeunes générations. Je trouve terrible de voir autant de jeunes obligés de s’expatrier. En voulant protéger les gens, on a dressé des barrières pour entrer dans le marché du travail, il y a dans le privé, des personnes qui ont peur d’être au chômage et qui ont des charges excessives de travail.

C’était votre cas ?

J’ai toujours beaucoup bossé parce que j’avais objectivement du travail. Une Work Addict ! Mais à chaque fois que j’ai pu déléguer, que j’ai pu faire grimper dans la hiérarchie des gens plus jeunes je l’ai fait. C’est à nous de montrer la voie aux plus jeunes.

Propos recueillis par Sophie Dancourt

© Sipa photo agency

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