Dans un très long post sur son compte Instagram, Siri Hustvedt, l’épouse de l’écrivain Paul Auster décédé le 1er mai déplore que l’annonce de sa mort lui ai été confisquée. Elle dit avoir été « naïve » et interroge sur ce qu’il reste d’intime dans la célébrité.
« J’étais naïve, mais j’avais imaginé que je serais la personne qui annoncerait la mort de mon mari, Paul Auster » débute Siri Hustvedt dans un long post publié hier sur Instagram. L’épouse de l’écrivain américain Paul Auster qui avait annoncé sur ce même réseau le cancer de son mari en mars 2023. Depuis lors elle postait des nouvelles de « Cancerland », « territoire (…) déroutant et traître », un territoire qu’il n’a jamais quitté selon ses mots.
Le décès de Paul Auster, icone mondiale de la littérature new-yorkaise révélée par sa « Trilogie New yorkaise » a été annoncé par le New York Times, citant une amie de la famille, la journaliste américaine Jacki Lyden. « J’ai découvert qu’avant même que son corps ait été enlevé de notre maison, la nouvelle de sa mort circulait dans les médias et que des nécrologies avaient été publiées. Ni moi, ni notre fille Sophie, ni notre gendre Spencer, ni mes sœurs, que Paul aimait comme ses propres sœurs et qui ont été témoins de sa mort, n’avons eu le temps de nous remettre de cette perte douloureuse » a réagi Siri Hustvedt.
« On nous a volé cette dignité »
« On nous a volé cette dignité » poursuit-elle avant de déplorer les portraits stéréotypés consacrés à l’écrivain décrit comme « froid, intelligent, « postmoderne » et « intellectuel ». Cette caricature fabriquée est tellement étrangère à la personne et aux écrits que je connais intimement depuis quarante-trois ans ». Des regrets qu’elle résume ainsi, « Il est déconcertant (…) de constater que d’innombrables personnes qui connaissaient Paul, plus ou moins, souvent moins, pontifient maintenant sur l’homme que j’aimais. Eh bien, qu’il en soit ainsi. Je n’ai aucun contrôle là-dessus. ».