QUI EST DONNA ROTUNNO, L’AVOCATE D’HARVEY WEINSTEIN ?

Lundi 6 janvier s’ouvre le procès très médiatique du producteur Harvey Weinstein, accusé d’agressions sexuelles. Au côté de l’homme qui a déclenché il y a deux ans le mouvement #MeToo Donna Rotunno, une avocate de 42 ans, spécialiste de ce type d’affaires pénales.

Malgré les 80 accusations publiques de harcèlement et d’agressions sexuelles dont celles des actrices Gwyneth Paltrow et Angelina Jolie, seules deux femmes feront face à l’ex magnat hollywoodien de 67 ans. Face aux accusations de fellation forcée pour l’une en 2006 et de viol en 2013 pour l’autre, l’avocate de Chicago entend bien innocenter son client. A la barre du tribunal new-yorkais, elle devra établir la véracité de relations librement consenties comme le clame son client en guise de défense.

« Le bouledogue des salles d’audience »

Surnommée « le bouledogue des salles d’audience » Donna Rotunno est devenue le 11 juillet 2019 la 3ème avocate du producteur américain. Ultime changement pour mettre toutes ses chances de son côté. En effet, la diplomée de l’Université de droit de Chicago-Kent s’est faite une spécialité de la défense d’hommes accusés d’agressions sexuelles. Une « guerrière » dont ce sera la 40 ème affaire de ce type. Aucun cas perdu à l’exception de celui d’un étudiant accusé de viol et condamné à 16 ans de prison. Selon le portrait que lui a consacré le Chicago Magazine en février 2018, elle se déclare toujours « hantée » par cette affaire. « Car même s’il en était responsable, la peine était beaucoup trop sévère ».

Présomption d’innocence

Cette très grande brune (1,75 m) explique tout l’intérêt d’être une femme dans cette spécialité pénale. « J’ai la possibilité de faire bien plus dans une salle d’audience lors du contre-interrogatoire d’une femme que ne le ferait un homme avocat (…) s’il s’en prend à cette femme avec le même venin que moi, il passe pour une brute. Alors que si c’est moi, personne ne bronche”. Une défense agressive que la pénaliste justifie en disant que tout le monde a le droit d’être défendu. Même dans l’ère MeToo avec laquelle Donna Rotunno prend des distances. « Nous sommes dans une ère de condamnation par allégation, contraire à tout le principe de présomption d’innocence”.

« Nous nous infantilisons »

Et c’est dans ce contexte ultra médiatisé que les avocats devront faire le choix d’un jury impartial. Tache quasi impossible tant l’affaire est au cœur des médias sociaux depuis 2 ans. Le cabinet de l’ex procureure devra affronter ce premier écueil juridique.« Nous sommes ici pour espérer que le système judiciaire lui permettra un procès équitable, la possibilité de faire entendre les faits » souligne l’avocate de la défense dans une conférene de presse. Dans une interview accordée à ABC, Donna Rotunno s’est défendue d’avoir trahie la cause des femmes. « À bien des égards, j’espère pouvoir aider les femmes. Que se passe-t-il dans ces circonstances où les femmes ne veulent pas assumer certaines responsabilités pour leurs actions, nous nous infantilisons ». Si vous ne voulez pas être une victime poursuit-elle « n’allez dans une chambre d’hôtel (pour un rendez-vous) et ne signez pas d’accord de confidentialité* ».

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*Une allusion à l’accord provisoire d’un montant de 25 millions de dollars signé par certaines victimes d’Harvey Weinstein pour clore les procédures civiles.

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