Les films hollywoodiens peinent à incorporer de la diversité dans leurs intrigues. Pour les acteurs qui prennent de l’âge, ce phénomène est d’autant plus marqué que le jeunisme reste aujourd’hui la norme dans les représentations collectives, et la seule présence du vieillissement comme sujet central d’un film reste assez rare. Qu’en sera-t-il de « Old » qui sort en salles le 21 juillet ?
Hollywood est sans pitié. Les actrices vieillissantes parlent toutes d’un “tunnel” qui entoure leurs 45 à 55 ans, au cours duquel elles perdent en attractivité et basculent dans les rôles de “vieille”. La caméra se refuse à filmer le vieillissement et pourtant quand elle le fait, le cinéma fait des miracles. L’Oscar pour le meilleur film et pour la meilleure actrice sont cette année revenus au film “Nomadland” de Chloe Zhao et à l’actrice de 64 ans Frances McDormand, pour un film centré sur le quotidien d’une femme vieillissante.
La peur de vieillir, un motif récurrent et entretenu par le cinéma
Le cinéma semble donc s’ouvrir très doucement à la perspective de parler du vieillissement,de plus en plus d’actrices pointant le jeunisme ambiant des castings. « Old », réalisé par M. Night Shyamalan connu pour ses thrillers à succès tels que “Sixième Sens” ou “Split”, Shyamalan se confronte dans ce nouveau film à la question du vieillissement et à ses conséquences. Adapté du roman graphique Château de sable, scénarisé par Pierre-Oscar Lévy et illustré par Frederik Peeters. La question demeure : le film sera-t-il une ode au vieillissement ou au contraire une nouvelle façon de diaboliser ce processus naturel ?
Dans le même esprit surnaturel que les films précédents du réalisateur, « Old » raconte l’histoire d’une famille partie en vacances dans les Tropiques et à qui on interdit l’accès à une plage réputée dangereuse. Mais elle enfreint la règle et se retrouve sur un atoll qui accélère le vieillissement des individus qui la foulent. Coincée, la famille tente désespérément de s’échapper pour parvenir à retrouver le vieillissement naturel de leurs enfants.
Panique sur la plage
Dans la bande-annonce, l’une des premières phrases prononcées par la mère donne le ton. « Et si on essayait tous de ralentir un peu ? ». Ironique quand la suite des évènements est caractérisée par un vieillissement général accéléré. Une vision du vieillissement qui pose question. Si dans le film, c’est la vitesse avec laquelle le vieillissement opère qui fait peur, car la vie entière des personnages se réduit à cette journée, ce film pourrait tout à fait se révéler être une métaphore cinématographique de la phobie collective du vieillissement, implantée par l’âgisme omniprésent dans la société.
Soit le réalisateur choisit de faire émerger une morale qui valide et autorise le vieillissement en faisant relativiser les personnages sur le vieillissement naturel après l’épouvante de cette journée. Soit le film ne fait que traduire l’âgisme et renforcer cette peur de vieillir. Il est d’ailleurs tentant de se rappeler la façon dont l’actrice Bette Davis avait ironisé le manque de propositions de rôles auquel elle faisait face alors même qu’elle était considérée comme l’une des plus grandes actrices de son siècle.
Alors, valorisation ou diabolisation du vieillissement ? Pour le savoir, rendez-vous en salles dès le 21 juillet.