L’INCLUSION DANS LE COLLIMATEUR : MARK ZUCKERBERG DÉPLORE LA PERTE DE « L’ÉNERGIE MASCULINE »

Mark Zuckerberg
© J’ai piscine avec SImone

Mark Zuckerberg, PDG de Meta, a provoqué une vive controverse après ses déclarations sur le podcast de Joe Rogan. Le dirigeant y a défendu l’idée que la culture d’entreprise moderne, qu’il qualifie de « culturellement neutre », aurait marginalisé l’énergie masculine. Ces propos, associés à des décisions stratégiques récentes chez Meta, dessine un mouvement de backlash sur les politiques de diversité et d’inclusion.

Lors de son entretien, Zuckerberg a évoqué son environnement familial dominé par des figures féminines – trois sœurs et trois filles – pour souligner son expérience des dynamiques de genre. Il a défendu l’importance de l’énergie masculine dans les entreprises : «L’énergie masculine est bonne. La société en regorge, mais la culture d’entreprise essaie vraiment de s’en éloigner. Avoir une culture qui célèbre l’agressivité, même un peu, a ses propres mérites. »

Le patron de Facebook, Instagram et What’sApp a également mentionné sa pratique des arts martiaux mixtes (MMA), qu’il considère comme essentielle pour reconnecter avec cette énergie, expliquant que cela avait « activé une part de son cerveau » auparavant inexprimée.

Meta : des décisions stratégiques controversées

Ces déclarations s’inscrivent dans un contexte où Meta a modifié plusieurs de ses politiques internes, alimentant les critiques sur un possible recul en matière de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI). Parmi les décisions les plus notables : le groupe a supprimé plusieurs programmes de sensibilisation et de formation liés à la diversité, invoquant des « changements dans les contextes juridiques et politiques» . En interne, la suppression des tampons périodiques dans les toilettes masculine pour les personnes transgenre constitue un symbole significatif. Enfin, la dernière annonce du remplacement des vérificateurs de faits par un système similaire aux « Community Notes » de X (anciennement Twitter) au prétexte d’un manque de neutralité dans les vérifications actuelles.

Paradoxe : les propos de Zuckerberg sur l’énergie masculine apparaissent en contradiction avec le profil démographique des utilisateurs de ses propres plateformes. Aux États-Unis, Facebook, Instagram et WhatsApp sont majoritairement utilisés par des femmes. Une étude du Pew Research Center publiée en 2024 révèle que 78 % des femmes adultes déclarent utiliser Facebook, contre seulement 61 % des hommes, creusant un écart de 17 points. Cet écart, qui n’était que de 6 points en 2013, souligne une réalité : bien que Zuckerberg plaide pour une revalorisation de l’énergie masculine, ses plateformes continuent d’attirer une audience largement féminine, amplifiant un paradoxe entre ses ambitions déclarées et l’usage réel de ses services.

Energie masculine : Mark Zuckerberg mélange tout

Le patron de Meta dénonce ce qu’il perçoit comme une « neutralité culturelle » excessive dans les entreprises, qu’il associe à un rejet de l’énergie masculine. Cette critique soulève une question clé : les initiatives inclusives, qui visent avant tout à corriger des déséquilibres historiques et à créer des espaces de travail équitables, effacent-elles certaines identités ou énergies ? Ce débat reste central dans les discussions sur l’équilibre entre diversité et uniformité culturelle.

En affirmant que la masculinité est stigmatisée, Mark Zuckerberg ne distingue pas la masculinité toxique liée à des comportements nuisibles tels que l’agressivité excessive ou la domination. Cette omission brouille les lignes entre des traits masculins bénéfiques et des attitudes qui peuvent nuire à la dynamique collective.

Enfin, les efforts d’inclusion pourraient aller « trop loin ». Et là encore, les chiffres contredisent cette vision. Selon le magazine Fortune, en 2022, 44 femmes occupaient des postes de PDG au sein des entreprises du Fortune 500, soit environ 8,8 % du total, ce qui signifie que plus de 90 % de ces postes étaient occupés par des hommes. Cette domination masculine au sommet des entreprises réfute l’idée d’un déséquilibre en faveur de l’énergie féminine, suggérant au contraire que les structures de pouvoir restent profondément genrées.

L’impact de l’agressivité et le décalage avec la réalité

Le fondateur de Facebook plaide pour une célébration de l’agressivité dans les entreprises, y voyant une énergie positive. Cependant, de nombreuses études montrent qu’un excès de compétitivité peut avoir des effets délétères : augmentation du stress, multiplication des conflits et hausse du turnover. Sans encadrement, une telle approche risque de compromettre la collaboration et de porter atteinte au bien-être des employés.

Alors que Mark Zuckerberg appelle à une revalorisation de l’énergie masculine, cette dernière reste largement dominante dans le monde de l’entreprise. Les normes de leadership, centrées sur la compétitivité, la performance et une prise de décision souvent perçue comme virile, ne sont que rarement remises en question. Ce contraste souligne une déconnexion entre le discours de Zuckerberg et la réalité des pratiques managériales.

Un climat qui s’éloigne des politiques inclusives

Ces déclarations s’inscrivent dans un contexte politique et économique où des figures influentes s’opposent de plus en plus ouvertement aux politiques de diversité et d’inclusion (DEI). Elon Musk, depuis son rachat de Twitter (devenu X), a notamment supprimé de nombreux postes liés aux initiatives DEI dans le cadre de licenciements massifs. Par ailleurs, il a exprimé publiquement son hostilité envers ces politiques. En 2023, Musk déclarait sur X : « DEI est tout simplement un autre terme pour dire racisme. Honte à tous ceux qui soutiennent ces politiques ». Plus récemment, il a critiqué Wikipédia pour ses initiatives en faveur de la diversité, qualifiant la plateforme de « Wokepedia » et appelant à cesser les dons au projet.

Ces prises de position, couplées aux décisions de Meta, marquent une rupture dans la Silicon Valley, autrefois perçue comme un bastion de progrès social en entreprise. Avec le retour de Donald Trump, cette tendance semble reflèter une remise en cause plus large des principes mêmes d’inclusion et de diversité dans les grandes entreprises.

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