LE PROCHAIN MAIRE DE CHICAGO SERA UNE FEMME NOIRE

Capture Une du Chicago Tribune du 27 février 2019
Capture Une du Chicago Tribune du 27 février 2019

Lori Lightfoot, 56 ans est candidate à la mairie de Chicago. Noire et homosexuelle, elle est avec l’afro américaine Toni Preckwinkle, 71 ans, favorite des prochaines élections. L’effet Obama ?

En avril prochain, une seule chose est certaine, la prochaine maire de Chicago sera une femme noire. Avec respectivement 17,5% et 16% des suffrages, Lori Lightfoot et Toni Preckwinkle devancent les 12 autres candidats à la succession de Rham Emanuel, démocrate dans la place depuis 2011 et qui ne se représente pas. La 3ème ville des Etats-Unis, berceau des Obama a été dirigée par une femme, Jane Byrne en 1979 et un afro américain, Harold Washington en 1983. Autant dire que l’exploit est de taille dans une ville minée par l’insécurité. Plus de 550 meurtres recensés en 2018, même si le nombre décroit depuis deux ans.

Si Lori Lightfoot l’emporte, elle sera la première femme noire ouvertement homosexuelle à accéder à cette fonction. L’ancienne procureure fédérale est la cadette d’une fratrie de 4 enfants, issue d’une famille modeste. Son père handicapé cumulait deux à trois jobs pour subvenir aux besoins de sa famille. La bio de la candidate relève l’importance de l’éducation de sa mère qui l’a toujours poussé vers « l’excellence » sans se trouver d’excuse en raison de sa race, son sexe ou de ses difficultés économiques. Un credo que Lori Lightfoot impulse dans son programme. « Pour que Chicago reste une ville de classe mondiale, nous devons créer un nouveau chemin. Une voie dans laquelle l’équité et l’inclusion sont nos principes directeurs ».

Cette élection peut aussi être vue comme le rejet de ce qui a été la toute puissante machine démocrate de la ville, un vaste système de patronage politique de la dynastie Daley puisque que Bill Daley a été défait. Il est le fils de Richard J, Daley et frère de Richard M. Daley qui à eux deux ont régné (sur la ville) pendant 43 ans. Et le rejet d’un Conseil municipal accoquiné avec le maire autocrate R. Emanuel et son style corporatif de gouvernance.

presse gauche.org

De la même manière, Toni Preckwinkle se revendique comme la candidate la plus progressiste. Ses priorités vont à l’éducation avec un renforcement des écoles de quartier, les questions de sécurité public et l’instauration d’un salaire minimum de 15$ de l’heure. Le site américain Ballotpedia rapporte qu’elle mène sa campagne en accusant sa concurrente d’être une riche avocate d’affaire liée aux élites au pouvoir. Avant d’embrasser une carrière politique, la présidente du Conseil du comté de Cook a enseigné l’histoire pendant dix ans. Et son engagement pour la justice raciale s’est illustré par la suppression des « cash bail », système qui envoie devant les tribunaux les personnes qui ne paient pas leurs dettes.

Quelle que soit l’issue de ce scrutin la mairesse de Chicago devra affronter de nombreux problèmes cruciaux. La violation des droits civiques et une ville qui compte un taux de criminalité élevé. Les deux facteurs combinés engendrent une défiance des minorités vis-à-vis de la police. Elire une femme noire pourrait être un atout vis-à-vis de ces questions. le journal québécois presse gauche.org rappelle que Toni Lightfoot a été nommé par l’ancien maire de Chicago pour « pour superviser la réforme policière » après la mort d’un jeune homme. Et de conclure : « Les emplois, les responsabilités policières et la violence armée ont été les enjeux les plus importants de cette campagne. Ils ont mis en lumière la colère contre la ségrégation et les inégalités qui ont longtemps prospéré à Chicago ».