L’INED vient de publier « Le monde privé des femmes » une étude sur la condition des femmes au travers du prisme du logement. Un travail très complet qui envisage la place des femmes dans la société sous un angle inédit. Les auteures ont envisagé la « sphère du logement » sous ses nombreux aspects : espace tout à tour privé ou collectif, angle patrimonial, lieu d’enfermement ou de sociabilisation … Des dimensions « sociologiquement essentielles ».
Sous titré « Genres et habitat dans la société française » l’ouvrage envisage le logement dans toutes ses fonctions. Cadre de vie familial, espace de repos ou « territoires » d’activités, le logement procure aussi un statut social, selon que l’on est locataire ou propriétaire situé dans un « bon » ou « mauvais » quartier. L’ensemble de ces aspects donne un éclairage dense à la place que les femmes y occupent. Y sont-elles confinées ou jouissent-elles d’une liberté pour investir les espaces collectifs ? Autant de questions auxquelles répondent Anne Lambert, Pascale Dietrich Ragond et Catherine Bonvalet.
L’aspect genré du logement
Divisé en 14 chapitres l’ouvrage s’intéresse à de multiples sujets traités sous l’angle du genre. Ainsi l’apéritif, moment convivial par excellence est analysé comme « un moment d’appropriation du foyer par les hommes ». Au delà de ce qui semble anecdotique, les auteures posent la question de la fragilité des femmes et questionnent leur pouvoir. Et de citer les femmes des milieux populaires détentrices de la responsabilité des finances au sein de. la familles mais dans un « rapport de pouvoir avec leur conjoint ». De même à l’opposé de cette classe la situation n’est pas forcément meilleure. Les femmes propriétaires d’un patrimoine sont moins nombreuses que les hommes. La propriété a un genre.
Le logement « un territoire à soi »
Toutefois le logement peut constituer « un lien d’affirmation de soi » pour les femmes même si l’accès au patrimoine est difficile. Ainsi l’étude constate que des femmes en situation difficile passées par des ruptures conjugales parviennent avec l’aide de leur proche à accéder à la propriété même de faible valeur. La volonté de se constituer « un territoire à soi » est une dimension non négligeable de leur liberté. Vécu en terme de compensation pour certaine femmes, il n’est pas seulement question de finance. Dans ce cas la propriété assure un statut social jusque là défaillant.
Ce projet se propose pour étudier la condition des femmes dans les divers groupes, milieux, classes de la société française contemporaine, d’explorer une voie peu développée aujourd’hui dans les sciences sociales (…). Cette voie consiste à étudier sous tous leurs aspects, les rapports des femmes avec ce que l’on peut appeler « la sphère du logement ». Olivier Schwartz
#Parution #Ined du Monde privé des #femmes – Genre et #habitat dans la société française, sous la direction de Anne Lambert, Pascale Dietrich-Ragon, Catherine Bonvalet https://t.co/YkCtvjpupc pic.twitter.com/GjjZagldwP
— Ined (@InedFr) October 9, 2018
Cette construction est pourtant mise à mal par « l’extérieur ». Si les services sociaux sont enclins à intervenir en faveur des femmes ayant charge d’enfants, il n’en va pas de même pour les services de recouvrement des loyers d’un office HLM. Face à des mères ou des filles débitrices ces personnels « s’autorisent à faire pression sur celles-ci au nom de la responsabilité particulière qu’elles sont supposées avoir en tant que mères ou filles, à l’égard de leurs enfants ou de leurs parents ».
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