LA LISTE DE LECTURE ESTIVALE DE SIMONE

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©lacie-slezak-unsplash

Simone ne déroge pas à la tendance de l’été et vous propose sa liste de lecture pour ce mois d’août. L’été, c’est l’occasion de mettre à jour sa PAL (Pile A Lire), c’est aussi le moment des découvertes.
L’ambiance est propice pour plonger dans un bon bouquin, une « page turner » comme disent les américains. On vous embarque ailleurs avec, en vrac, un livre qui parle de la condition des femmes, plein d’humour et de dérision, un pavé qui ressemble à un polar sous ses dehors de sujet sociétal
. Mais aussi des indispensables lectures féministes pas revanchardes, un vent de fraîcheur spirituelle et du lien intergénérationnel !

Comment peut-on (encore) être une femme?

Le pitch : Oui les femmes ont le droit de vote, un compte en banque personnel, la pilule et ne sont pas toutes aigries !
Mais elles voudraient des chaussures chics et élégantes qui ne tuent pas leurs chevilles, payer le même prix que les hommes leur rasoir, ne pas être obligées de s’épiler comme une fille prébubère, ne pas dégoûter la moitié du genre humain à cause d’un peu de sang tous les mois, faire fi de l’injonction sociétale de faire des enfants… A travers un récit personnel coup de gueule bourré d’exemples, l’autrice évoque les différentes étapes de la vie d’une femme.

Elle avoue  » (…) je me méfie de ce réflexe que nous avons, nous les femmes, de signaler par avance nos propres défauts et de penser que ce serait faire preuve de grossièreté, de suffisance et d’une manque de féminité que de nous montrer satisfaites ». Elle serait ravie que les hommes lisent la section des sports dans le journal en laissant les femmes diriger le monde, ils y ont passé suffisamment de temps et méritent de se reposer.

Perdu du poids? Non. C’est juste que nous sommes dans une plus grande pièce que d’habitude, très cher »
« Vous trouvez mes enfants bien élevés? C’est parce que je les ai couverts d’électrodes et qu’au moindre écart j’appuie sur le bouton – vilain garnement – de la télécommande.

Pourquoi c’est une lecture Simone : Pour avoir des arguments de chocs auprès des récalcitrants au changement. Caitlin a une répartie toute britannique à l’humour corrosif sur de vrais sujets. Le poids, le Botox, l’épilation, les règles sont notre réalité quotidienne façonnée par les stéréotypes codifiés par la société, ces derniers nous imposant des comportements contre nature.

Caitlin MoranCharleston essais, 2014,419 pages, 8,90€

Bluebird

Le pitch: Juliette a seize ans et demi. Excellente élève, elle veut devenir médecin, elle aide sa maman à élever sa petite soeur depuis le divorce. Elle se bagarre avec Lou, son frère.Elle rencontre Tom, étudiant australien venu pour une année en Belgique. Il est doux, la surnomme « Bluebird », il sera son « premier », celui qu’on oublie pas. Un jour elle se plie en deux de douleur, sa mère la conduit aux urgences. Diagnostic : sept mois de grossesse. Comment vivre cet événement? Comment son entourage réagira-t-il? Que dire à l’école? Et surtout que faire du bébé à naître? Juliette va lui écrire une longue lettre, raconter son histoire, leur histoire. Confesser son écartèlement entre le garder et le proposer à l’adoption. C’est tendre, difficile, juste et sans jugement.

J’aimais écouter Tom, c’est fou comme les gens changent dès que tu les connais. Tu te fais une idée et lorsque tu les approches, tu les perçois autrement.

Pourquoi c’est une lecture Simone : Geneviève Damas est une écrivaine belge de grand talent, très empathique envers ses personnages. Elle dépeint avec beaucoup de vérité la remise en cause de cette jeune fille propulsée dans une monde de responsabilités qui arrivent beaucoup trop tôt. Parce qu’on a toutes eu une première aventure avec son cortège de questions.

Geneviève Damas, Gallimard, 2019, 154 pages, 12€

Petit Dictionnaire de La Joie

Le pitch : D’Absolu à Zéro, Blanche fait chanter l’instant. Ce livre vous accompagnera longtemps. Il se feuillette au gré des envies et des états d’âme. L’histoire d’un mot, la philosophie et la spiritualité qui l’accompagnent, les anectodes à son propos sont autant de bonheurs égoïstes ou à partager en famille ou entre amis.

Été :

On dort la fenêtre ouverte pour que nos rêves prennent l’air.
On ne s’habille même plus, seulement un maillot, l’eau et le soleil.

On ne peut plus travailler, la lumière tape trop fort à la fenêtre.
On insulte les murs qui nous séparent de l’été. Il nous veut nus et nonchalants dans un pré, sur une plage, dans un arbre, sur le carrelage de ma cuisine.

On passe des musiques douces pour la paresse alors que le soleil s’en donne à cœur joie.

On n’a plus la force, dans cette chaleur, de penser au bonheur. Il nous traverse sans faire de bruit. Le clapotis des vagues nus rappelle simplement que nous vivons peut-être un moment parfait.
(…)

C’est l’été. La joie a des odeurs de monoï.

Pourquoi c’est une lecture Simone : Blanche de Richemont est un rayon de soleil, aventurière, ascète, cette romancière fait de la résistance lumineuse avec cette opus méditatif sur la joie.
A mettre entre toutes les mains!

Blanche de Richemont, Philippe Rey, 2017, 232 pages, 20€

Une étincelle de vie

Le pitch : Une prise d’otages dans l’unique centre IVG du Mississippi. Durant plus de quatre cents pages nous allons faire connaissance avec Hugh, Wren, Bex, Viona, Izy, Olive, Joy, Janine, Hariet, le Dr Louie, George et Beth. Tous sont rassemblés autour d’un droit, le droit à l’avortement. Chacun.e a son avis, son ressenti à ce sujet. Le tour de force de l’autrice est de ne pas prendre parti et de partager le point de vue de chaque protagoniste. Le titre du livre provient de la réaction qui se produit lors de la rencontre entre le spermatozoïde et l’ovocyte. Elle crée une étincelle de zinc. Plus l’étincelle est importante, plus le bébé aura de chance d’être en bonne santé.

Le Centre incarne le calme au cœur de la tempête idéologique. C’est le soleil dans un monde de femmes qui n’ont plus le temps ni le choix.

Ce désir d’objectivité maximum s’enracine depuis plusieurs romans chez Picoult. Elle incite à une réflexion débarrassée de tout jugement. Son récit est là pour ouvrir le débat. Certains livres racontent des histoires et d’autres marquent l’histoire. L’intelligence du propos, du style (on remonte les heures de la journée), les recherches menées pour aboutir à cet opus sont impressionnantes. Que l’on soit pro-choice, pro-life, une femme, un homme, quel que soit son âge, ce Best Seller sur la liste de New York Times parle de l’avenir économique de la société, de l’impact de l’accès à la contraception et l’avortement. Une œuvre chorale passionnante, menée de main de maître qui résonne au coeur de l’Amérique Trumpiste avide de revenir sur l’arrêt Roe v. Wade de la Cour Suprême, qui a autorisé l’avortement aux Etats-Unis.

Pourquoi c’est une lecture Simone : L’avortement reste stigmatisé, souvent une source de honte. Dans un travail préparatoire quasi documentaire, Jodi Picoult a interrogé 151 femmes ayant subi un avortement avant d’entrer dans l’écriture de ce roman. Elle s’est rendu compte que ce sujet ne fera jamais l’unanimité mais qu’une des solutions passe par une meilleure prévention et le remboursement de toute forme de contrôle des naissances. Elle écrit que ce que nous pensons à quinze ans est différent de ce que nous penserons à trente-cinq et cinquante ans. La lecture de ce roman est une invitation à rester vigilante face à nos propres biais. Un roman de notre époque dangereuse pour la liberté des femmes de disposer de leur propre corps.

Jodi Picoult, Actes Sud grand format, 2019, 410 pages, 22€

Les oubliés du dimanche

Le pitch : Juliette a 21 ans, adore son travail d’aide-soignante aux « Hortensias », une maison de retraite à Milly et aime faire la fête au « Paradis » le samedi soir. Elle vit chez ses grands-parents taciturnes avec son cousin Jules, tous deux orphelins suite au décès de leurs parents dans un mystérieux accident de voiture. Parmi les résidents, Justine crée un lien privilégié avec Hélène, 96 ans. Elle retranscrit dans son cahier bleu, l’histoire de cette dernière, née pendant l’entre-deux guerres. Grâce au récit d’Hélène, la jeune fille va petit à petit s’ouvrir au monde et quitter la peur d’être aimée.

Dans cette atmosphère paisible, le personnel découvre qu’un corbeau sème le trouble en contactant les familles. Starsky et Hutch, les deux représentants de l’ordre dans le village, mènent l’enquête : qui oblige les familles à venir visiter les oubliés du dimanche?

Bien qu’ils s’appellent pépé et mémé, mes grands parents sont plus jeunes que la plupart des résidents des Hortensias. Mais je ne sais pas à partir de quand on est vieux. Madame Le Camus, ma chef de service dit que c’est à partir du moment où on ne peut plus s’occuper de sa maison tout seul (…) moi je pense que ça commence avec la solitude. Quand l’autre est parti pour le ciel ou pour quelqu’un.
 

Pourquoi c’est une lecture Simone : Les personnage centraux sont des femmes que le fossé des générations pourraient éloigner. Mais la tendresse, l’échange et la douceur seront les ponts de leur l’amitié. Un roman drôle et mélancolique, très bien construit, dense, profond qui détricote la segmentation de la société en fonction des âges.

Valérie Perrin, Le Livre de Poche, 2015, 410 pages, 7,90€

Retrouver les conseils de lecture de Sophie Lizoulet sur sa page : Lire le voyage immobile

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