Au-delà du spectacle et des récompenses, la 67e cérémonie des Grammy Awards a pris une tournure politique. Face à la montée des idées conservatrices et à l’approche de la présidentielle, plusieurs artistes ont fait de la scène une tribune contre les politiques de Donald Trump, affirmant la musique comme un acte de résistance.
Dans un climat où les tensions autour des droits des minorités, de l’inclusion et des libertés individuelles restent vives aux États-Unis, plusieurs artistes ont profité de leur tribune aux Grammy Awards pour adresser des messages engagés. Parmi eux, Shakira, Lady Gaga et Alicia Keys ont pris la parole pour défendre les droits des immigrants, de la communauté LGBTQ+ et des initiatives d’inclusion, s’opposant aux politiques conservatrices promues par Donald Trump.
Shakira, qui a reçu le prix du Meilleur Album Pop Latino pour Las Mujeres Ya No Lloran, a choisi de dédier sa victoire aux immigrants, un message fort dans un pays où la question migratoire est un sujet brûlant. «Je dédie ce prix à tous mes frères et sœurs immigrants. Vous êtes aimés dans ce pays et je lutterai toujours pour vous », a-t-elle déclaré, déclenchant une ovation du public.
Des discours engagés
Quelques instants plus tard, Lady Gaga, en recevant le prix de la Meilleure Performance Pop en Duo ou en Groupe pour Die with a Smile avec Bruno Mars, a réaffirmé son engagement pour la communauté LGBTQ+. « Les personnes trans ne sont pas invisibles. Elles méritent l’amour. La communauté queer mérite d’être valorisée. La musique, c’est l’amour. » Une prise de parole qui fait écho aux restrictions croissantes visant les droits des personnes transgenres aux États-Unis.
Dans le même élan, le groupe boygenius a dédié son prix du Meilleur Album Rock aux « personnes LGBTQ+ en lutte contre les lois répressives qui menacent leur existence aux États-Unis » (…) La musique appartient à tout le monde, mais surtout à celles et ceux qui luttent pour exister dans un monde qui les efface », a déclaré Phoebe Bridgers, la chanteuse, soulignant la montée des restrictions législatives visant les personnes queer et trans. Ce message s’inscrit dans un contexte où plusieurs États républicains tentent d’interdire l’accès aux soins pour les personnes trans et de restreindre leurs droits fondamentaux
Les Grammy Awards sous le signe de la contestation
Loin d’être isolées, ces prises de parole se sont inscrites dans un mouvement plus large d’engagement au cours de la cérémonie. Trevor Noah, maître de cérémonie, a donné le ton dès l’ouverture avec un monologue mêlant humour et critique politique. « Ce pourrait bien être la dernière fois que je suis autorisé à animer un événement aux États-Unis. » Une pique acerbe adressée à l’administration Trump et à ses attaques répétées contre les figures médiatiques issues de l’immigration.
Billie Eilish, quant à elle, a utilisé sa performance pour délivrer un message puissant sur le droit à l’avortement. Lorsqu’elle a interprété What Was I Made For?, une image de la Cour suprême des États-Unis s’est affichée en arrière-plan, accompagnée des mots My body, my choice. Un symbole fort dans un contexte où les restrictions sur les droits reproductifs se multiplient, alimentant un vif débat politique et social à travers le pays.
Pour sa part, Alicia Keys a profité de son Dr. Dre Global Impact Award – distinction spéciale décernée par la Recording Academy pour honorer les artistes noirs dont l’engagement a eu une influence significative sur l’industrie musicale – pour défendre les initiatives de Diversité, d’Équité et d’Inclusion (DEI), devenues une cible récurrente des conservateurs. « La DEI n’est pas une menace, c’est un cadeau », a-t-elle martelé, insistant sur la nécessité de préserver ces politiques dans l’industrie musicale et au-delà.
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