Maedeh Hojabri Iranienne de 18 ans a été arrêtée avec trois autres jeunes filles en mai par les autorités. Sa faute ? Avoir dansé en public et publié ses vidéos sur Instagram. Pour la soutenir les réseaux sociaux se mobilisent. Hier Amnesty International a lancé le hastag #Dancingisnotacrime.
La jeune femme a défié le régime iranien. Elle a osé dansé en public et a publié des vidéos la montrant en train de danser cheveux découverts. Le code pénal iranien réprime cet acte anodin considéré comme anti-islamique. Puisque les femmes doivent être entièrement couvertes à l’exception du visage et des mains. Le régime n’autorise les femmes à danser que dans un cadre exclusivement familial. Sur son compte Instagram (aujourd’hui suspendu) plus de 300 vidéos racontaient la vie d’une adolescente se déhanchant comme des millions d’autres. En Iran de tels actes sur le web sont considérés comme des « contenus immoraux ». Pourtant de nombreuses iraniennes ont choisi d’enfreindre la loi pour protester.
https://twitter.com/amnesty/status/1016311680882692097
Ma mère m’a dit : Je danse pour votre adolescence et jeunesse volées, pour la liberté et la joie que vous méritez. Solmaz Eikder cité par Le Monde.
Des « aveux » publics
Libérée sous caution l’adolescente est apparue à la télévision publique Irib TV le 8 juillet. En pleurs, le visage flouté la jeune fille s’excuse. « Je regrette [mes vidéos], mais je ne cherchais pas à répandre l’immoralité ». Les larmes de Maedeh Hojabri ont déclenché une vague de solidarité sur les réseaux sociaux. Les internautes ont posté de nombreuses vidéos où on les voit danser. Deux hastags signent cette vague de protestation. #dansingisnotacrime lancé par l’ONG Amnisty International et #Beraghs_ta_beraghsim (« Danse pour que nous continuions à danser »). L’indignation de la toile n’infléchit pas la cyberpolice. Selon Courrier International elle a annoncé que les contenus de 51 000 pages populaires sur Instagram faisaient l’objet d’une enquête et que les « hors-la-loi » seraient « sévèrement punis ».
En Iran, danser est un «crime». Ils s’en fichent et continuent de danser par centaines pour soutenir #MaedehHojabri. pic.twitter.com/DtUkn1adkS
— Nouvo RTS (@Nouvo) July 10, 2018
Des rumeurs de censure sur Instagram
La médiatisation des coupables est un procédé bien rodé en Iran. La photographe Reihane Taravati arrêté en 2014 avec 5 autres personnes pour avoir dansé sur « Happy » de Pharell William a tweeté. « (…) Maintenant vous arrêtez Maedeh Hojabri et elle n’a que 18 ans ! Que ferez-vous à la prochaine génération? ». Puis en 2016 la police avait utilisé les aveux publics pour mettre fin à la publication de jeunes mannequins. Peu vêtue et sans voile leurs photos avaient déclenché la répression des autorités. Après avoir bloqué en mai Telegram la messagerie cryptée très appréciée des iraniens la censure pourrait s’exercer sur Instagram.
"Dancing & being #happy is in our culture & blood! These [arrests] has to stop,I'm hopeful for the next fearless generation,People will connect & learn from each other all around the world,this is the beautiful power of social media!"
On #CNN with @BeckyCNN #DancingIsNotACrime pic.twitter.com/GxvNlpjWGr— Reihane Taravati (@reihanetaravati) July 10, 2018