CONVERSATION AVEC HILLARY CLINTON

Hillary Clinton ©Gage Skidmore
©Gage Skidmore

Un an après sa défaite à l’élection présidentielle américaine, Hillary Clinton s’est engagée dans une autre campagne. Une tournée mondiale pour promouvoir son livre « Ca s’est passé comme ça » – What happenned – sorti en France le 20 novembre. Elle y raconte les coulisses, la violence, la colère et le sexisme qui ont marqué la course à l’investiture américaine. A l’invitation de « Teen Vogue », déclinaison pour adolescentes du célèbre magazine de mode elle a conversé avec 5 jeunes femmes de moins de 21 ans. Une interview réalisée par des activistes « qui changent le monde » mises à l’honneur par le magazine. Extraits.

Converser sur la manière de changer le monde dans un magazine de mode a de quoi surprendre. Mais depuis l’élection de Donald Trump « Teen Vogue » a pris un virage nettement plus sociétal sous l’impulsion de sa jeune rédactrice en chef Elaine Welteroth. Engagée politiquement, défendant le droit des femmes et des LGBT la nouvelle ligne éditoriale a offert une tribune à l’ex candidate le 28 novembre. Sur le mode de l’interview, Hillary Clinton répond à de (très) jeunes militantes américaines qui performent. Hunter Schafer (18 ans) mannequin trans, Simone Askew (20 ans) première femme Africano américaine nommée capitaine à Westpoint (académie militaire), Nadya Okamoto (19 ans) fondatrice de « Period » ONG délivrant des « packs pour les règles » aux femmes en situation de précarité. Mary Copeny (dix ans) la plus jeune ambassadrice des marches activistes pour le droit des femmes et pour le climat. Et Muzoon Almellehan (19 ans) réfugiée syrienne engagée pour l’éducation des filles.

Sur ses aspirations de jeunesse, Hillary Clinton a des métiers (déjà) libéraux en tête : journaliste, médecin … pour pouvoir « redonner aux gens » ce qu’elle a reçue. Elle explique qu’elle est devenue avocate pour exercer une profession qui ait un sens. Et développe les qualités qui lui ont été nécessaire pour être accepté dans un monde d’hommes. Avec la devise empruntée à Shirley Chisholm – première femme politique noire engagée dans la course présidentielle américaine il y 45 ans – « Si on ne vous donne pas une place à la table, apportez une chaise pliante » Hillary Clinton ajoute que rien ne remplace le fait d’être bien préparé, de savoir ce que vous voulez dire et être assez courageuse pour le dire. Une leçon de persévérance qui balaie l’idée qu’une femme devrait travailler deux fois plus qu’un homme pour réussir. « Il suffit juste d’avoir les compétences requises pour le job ». La société doit prendre conscience qu’elle perd de nombreux talents à force de conditionner les femmes à penser qu’elles ne sont pas assez douées.

 

Revenant sur son cas personnel longuement analysé dans son livre, la jeune génération s’interroge sur la manière dont elle a fait face aux réflexions sexistes qui ne s’intéressaient qu’à son aspect extérieur, son maquillage ou sa coiffure. Reconnaissant que mener une première campagne présidentielle est difficile pour tout le monde, Hillary Clinton avoue que ça l’est plus encore pour une femme. Pour mettre fin à ce type de remarques, elle a très vite adopté un comportement vestimentaire qui a donné son nom au mouvement féministe « Pantsuit Nation ». « Quand j’ai commencé à me présenter aux élections – et pendant tout le temps où j’ai été au Sénat, secrétaire d’État et candidate à la Présidence –  j’ai adopté le tailleur pantalon. Au bout d’un moment, cela a clos les discussions sur le sujet ».

Puis à la question de savoir comment devenir un leader pour tous incluant les minorités, Hillary Clinton cite Nelson Mandela qui lors de son intronisation comme chef d’Etat a tenu à remercier devant un parterre de personnalités du monde entier trois de ses gardiens blancs qui l’avaient toujours traité dignement.

 

C’est ça le leadership. Vous êtes censé diriger tout le monde, pas seulement les gens qui sont d’accord avec vous. Et pour rassembler les gens, ne les divisez pas davantage. Cela va être particulièrement important dans notre pays, mais même dans le monde, en ce siècle.

 

L’ex candidate ajoute une dernière recommandation aux jeunes femmes qui en un mot. L’éducation. La clé pour aller de l’avant. Face à Mary Copeny qui ambitionne de se présenter aux élections présidentielles de 2044 (elle aura alors 37 ans) Hillary Clinton conclut « Vous faites déjà ce que vous devez faire. Vous apprenez beaucoup et c’est une excellente préparation. Je serais ravie si vous vous présentez à la présidence en 2044. Bon sang, dans combien d’années ? J’espère que je serais là ! »

Interview à lire dans son intégralité ici en anglais

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