COMMENT LA CRISE DE LA QUARANTAINE DEVRAIT OUVRIR UN NOUVEAU RÉCIT SUR LE VIEILLISSEMENT DES FEMMES

crise de la quarantaine

Au volant d’un bolide de sport, un quadra file sur la route avec une jeune femme qui a la moitié de son âge. Voilà l’imaginaire de la crise de la quarantaine. Décliné exclusivement au masculin l’expression pourtant n’a pas cette connotation sexiste pour les femmes.

Patricia Cohen, journaliste au New York Times et autrice de « In Our Prime : The Invention of Middle Age », l’affirme : la crise de la quarantaine est une « fiction culturelle ». Une construction qui se réinventerait à chaque génération mais depuis peu. Comme le souligne l’autrice, la notion d’âge moyen date du milieu du XIXème siècle. « l’âge n’était pas un ingrédient essentiel de l’identité d’une personne ». Cette notion floue englobe une génération comprise entre 40 et 60 ans, autant dire une trop large diversité de population qui n’a pas grand chose à partager hormis un âge chronologique.

Parler de crise au milieu de la vie biaise cette période. L’expression attribuée en 1965 au psychanalyste canadien Elliott Jaques exprimerait le malaise ressenti à l’idée de sa finitude. Pourtant, pour de nombreuses femmes, le milieu de la vie pourrait être une période intense où reconsidérer ses options une fois les charges éducatives accomplies. Vicki Larson, l’autrice de Not Too Old For That: How Women Are Changing the Story of Aging” (2022) suggère de redéfinir cette période de vie à l’aune de son expérience de vie et de ses rôles dans la société.

La crise de la quarantaine, le point de bascule

Mais au lieu de célébrer ce point d’équilibre entre jeunesse et vieillesse, la quarantaine focalise des symptômes comme une maladie accompagnés de sentiments négatifs : lassitude, colère, peur et anxiété. Un pic négatif qui serait combattu différemment entre les femmes et les hommes. Pour ces derniers, un sentiment d’urgence à revivre l’époque de leur jeunesse matérialisée idéalement par la voiture de sport et la compagnie de jeunes femmes. Une image si forte qu’elle a emprisonné l’expression au masculin.

Pourtant, cette période est le moment de renverser la table pour les femmes, époque de liberté où elles peuvent s’affranchir de leur statut de mère ( les enfants quittent le nid) et pas encore grand-mèe pour être qui elles veulent. La crise du « milieu de vie », si elle existe prend un tour positif pour qu’elle redéfinit leur rôle au sein de la famille et de la société. « Les mots « crise de la quarantaine » peuvent donner un aspect négatif à cette période. Mais elle ne doit pas forcément être mauvaise. Elle peut être l’occasion de réévaluer votre vie », explique la psychologue Susan Albers.

La quête de l’authenticité

De quoi se déleste-t-on à mi parcours, quel récit de vie les femmes de la quarantaine et au-delà sont-elles prêtes à écrire pour changer le narratif sur leur propre vieillissement ? Un article publié dans The Conversation s’efforce de définir ce que l’avancée en âge peut signifier de positif en citant l’iconique Patti Smith. « À l’aube de ses soixante-dix ans, Patti est une force créative ; elle se produit toujours avec son groupe. Smith se décrit comme étant « en constante évolution » (…)[elle] semble être une version totalement authentique de sa jeune personne, mais plus âgée ».

La réalisation de cette quête serait tout l’objet de la vieillesse, une ambition plus enthousiasmante que le récit négatif de la dépendance. Peu soucieuse de plaire et de se conformer aux injonctions de la société, la vieillesse devient un nouvel espace de liberté à inventer.

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