Le collectif Les Mardis des Réalisatrices et la commission AAFA-Tunnel de la Comédienne de 50 ans, ont présenté un court-métrage lauréat d’un Trophée d’argent au Deauville Green Award. Cette web-série, fruit d’un engagement partagé, vise à dénoncer les discriminations liées à l’âge des femmes dans l’industrie cinématographique.
Les Mardis des Réalisatrices, un collectif né de la volonté de femmes cinéastes de se soutenir mutuellement et de créer des opportunités professionnelles, s’est associé avec la commission AAFA-Tunnel de la Comédienne de 50 ans pour aborder la problématique de la représentation des femmes âgées de plus de 50 ans à l’écran. Le constat est simple : alors que les rôles masculins restent accessibles jusqu’à un âge avancé, les femmes sont souvent écartées des castings dès qu’elles atteignent la cinquantaine.
Un personnage fort pour changer les mentalités
Sophie Bourel comédienne s’exprime au nom de l’ AAFA commission Tunnel de la Comédienne de 50 ans : « On avait constaté que dans des rôles comme celui d’un commissaire, les hommes pouvaient être castés jusqu’à 75 ans sans problème, tandis que pour les femmes, c’est presque impossible après 50 ans. » Même préoccupation pour Stéphanie Girerd, membre du collectif Les mardis des réalisatrices qui se bat pour la parité dans les métiers de l’audiovisuel. « L’idée de mettre en commun nos problématiques a donné naissance à des petits films réalisés ensemble ».
8 capsules composent un court-métrage. « 50 ans et plus! Mais où sont les femmes? » met en scène une comédienne qui, malgré les préjugés, réussit à obtenir le rôle d’un commissaire, initialement destiné à une femme beaucoup plus jeune. Le processus de création a été collaboratif et inclusif. Les anecdotes de nombreuses actrices et réalisatrices ont été recueillies et intégrées dans le script. Des histoires, souvent choquantes et révélatrices des biais présents dans l’industrie ont été traitées avec un mélange d’humour et de réalisme, rendant le message d’autant plus percutant.
Le scénario a la force du vécu
Le scénario a la force du vécu souligne Stéphanie Girerd. « J’ai une amie mixeuse césarisée, à qui un producteur a demandé un jour si elle saurait se servir de la console de mixage parce que, j’ouvre les guillemets, c’est quand même pas pareil qu’une machine à laver. »… Des biais âgistes qui persistent au cours du tournage. Sophie Bourel déroule le script, « une fois que la comédienne a le rôle, elle se trouve confrontée à d’autres difficultés. Au maquillage on essaie de lui mettre des élastiques pour cacher ses rides ; quand elle court, le réalisateur lui dit : « non mais tu ne peux pas courir plus vite que ton assistant ce n’est pas possible parce qu’il faut que tu fasses quelque chose de ton âge » ».
La comédienne ajoute que dans les représentations cinématographiques « le modèle est faussé avec des jeunes femmes puissantes agressives ou avec des femmes matures mais alors elles ont un petit grain.». Alors que les hommes de plus de 50 ans sont représentés dans leur réalité. Des enjeux qui ont du mal à émerger comme le rappelle les chiffres de la commission Tunnel des 50, « Seuls 9% des rôles sont attribués aux femmes de plus de 50 ans.».