« BOOMER REMOVER », LE CORONAVIRUS RÉACTIVE LE CLIVAGE GÉNÉRATIONNEL

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photo d’illustration/Unsplash

« Boomer remover » littéralement « élimination des baby boomers » fait son apparition depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. Les jeunes générations reprochent aux boomers leur esprit d’indiscipline face aux dangers du coronavirus, alors qu’ils sont les plus vulnérables.

Serions nous irréconciliables ? Le récent Ok boomer était le point d’orgue d’une supposée guerre générationnelle. En cause les baby boomers accusés d’avoir failli à leur tâche d’entretenir la planète et de la transmettre en état de marche à leurs enfants. Fustigés par la jeune garde écologiste, Greta Thunberg en tête, les boomers sont une cible, boucs émissaires de tous les bouleversements du monde.

La pandémie affecte de manière disproportionnée les personnes âgées tandis que le changement climatique affecte de manière disproportionnée les jeunes.

C’est pourquoi les baby-boomers offensés par #BoomerRemover devrait réfléchir à ce que les jeunes pensent du refus des baby-boomers de prendre des mesures climatiques significatives.

Du « virus chinois » à « boomer remover »

La crise sanitaire provoquée par le coronavirus en fournit une autre illustration. De « virus chinois » terme employé hier et assumé par Trump à « boomer remover », il y a un glissement qui indique la volonté de trouver un fautif, puis une stigmatisation. Et qui de mieux placée qu’une génération biberonnée à la liberté post soixante-huitarde. « Il est interdit d’interdire » est tatoué dans leur adn. Sur les réseaux sociaux, des témoignages de leurs enfants font part de leur incompréhension face à leur attitude peu adaptée aux circonstances.

« Pire que des ados »

Qualifiés d’inconscients face aux dangers du coronavirus, les boomers refuseraient de changer leur comportement.  » (ma mère) est sortie nourrir les moineaux comme tous les jours. Elle lutte contre l’extinction de leur espèce » raconte sur facebook une internaute. Un post symptomatique qui active la guerre générationnelle. L’éducation s’en trouve renverser, les enfants de la génération X parlent de leurs parents comme d’insupportables rebelles. « Pire que des ados ». Identifiés comme une population particulièrement à risque, les boomers façonnés pour les plus âgés par la guerre, relativisent la crise sanitaire.

The New Yorker définit en quelques lignes la culture de cette génération. « Ils sont nés dans la période prospère qui a suivi la Seconde Guerre mondiale (…), maintenant ils dirigent le monde et ne lâchent pas prise. Ils prennent leur retraite plus tard et achètent des crèmes antirides à la pelle. Comme l’ont souligné d’innombrables articles de tendance, ils n’aiment pas qu’on les appelle « grand-mère » et « grand-père » – ou même « seniors », même lorsqu’ils le sont incontestablement ». Un sentiment lié à un décalage de perception entre l’âge réel et l’âge ressenti.

Age réel et âge ressenti

Les chercheurs américains Benny Barak et Leon Shiffman parlent de feel age ou âge ressenti, fruit de nos expériences, de nos comportements et de notre environnement. Cet âge social construit sur des normes structure depuis toujours l’identité de chaque génération. Il se combine avec 3 autres types d’âge : Celui induit par notre apparence (look age), celui définit par nos actes (do age) et celui correspondant à nos goûts (interest age). Qui n’a jamais éprouvé ce sentiment de décalage entre son âge réel et cette autre perception ?

« On en a vu d’autres »

Nos parents âgés et grands parents nous ont raconté la guerre de 40. Comment ils ont du s’adapter pour survivre, se nourrir et adopter des stratégies de protection face à un ennemi visible. D’où peut-être un sentiment d’invulnérabilité pour ceux et celles qui peuvent encore en témoigner. « On en a vu d’autres » résume leur philosophie (surtout quand l’adversaire est invisible). Elisabeth Roman, fondatrice du magazine Tchika raconte sur Facebook le difficile dialogue avec sa mère, lorsque la journaliste lui demande de laisser sa (petite) poubelle sur le balcon. « Ca va attirer les rats! » réagit la femme de 91 ans , qualifiant au passage sa fille de « paranoïaque ».

Une distanciation qu’une internaute analyse comme un moyen de se rassurer. « Je pense qu’en vieillissant les personnes âgées ritualisent, cela les rassure. Tout changement est source d’angoisse, chacun évacue a sa façon : déni du danger, dépression , agressivité…« . Une manière de reconsidérer la façon dont nous nous adressons à eux. Trop souvent et de manière inconsciente, nous adaptons notre discours en l’infantilisant. Le « elderspeak », autrement dit « le langage des ainés » serait nocif. Parler fort avec un débit exagérément lent provoquerait des réactions de refus de se conformer aux injonctions, comme le montre l’étude ( en anglais) de la chercheuse Anna I. Corwin.

Comments · 1

  1. Je suis baby-boomer. pas du tout certaine que les membres de la génération X ou Y soient plus sensibles aux question de climat que ma génération; Ils en parlent. Quant à changer leur mode de vie, c’est autre chose. J’ai fait plusieurs marches pour la défense du climat. Beaucoup de jeunes c’est vrai. Après la manifestation, j’étais frappée par la masse de jeunes déambulat avec des tonnes de paquets inutiles , les jeunes autosolistes et chevauchant motos, les jeunes totalement absorbés par leur smartphones dernier cri , totalement inconscients de l’obsolescence de leur outil, des jeunes accroc à tout objet connecté qui apporte un mini avantage et beaucoup de destruction d’écosystèmes profitant à plein des vols low cost…etc….

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