UN FORUM NORMAND POUR BOOSTER L’ENTREPRENEURIAT FÉMININ

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Léa Lassarat ©Charlotte Leroux

A Deauville quelques 900 femmes se sont retrouvées le 6 décembre pour une journée dédiée à l’entrepreneuriat féminin. Imaginée par Léa Lassarat, Présidente de la CCI Seine Estuaire et à la tête du réseau Femmes & Challenges. Témoignages de cheffes d’entreprises et talks inspirants étaient au programme.

Léa Lassarat l’avoue volontiers, elle n’était une femme de réseaux. Mais ça c’était avant qu’elle ne décide de quitter le giron de l’entrepreneuriat familial. « J’avais envie de me lancer ». Avec audace, la Présidente de la chambre de commerce du Havre quitte un job qu’elle adore, « J’avais des équipes géniales, j’étais super bien payée, je voyageais dans le monde entier ». Une incompréhension pour ses parents fondateurs de l’entreprise de fabrications de meubles « Interiors » dont elle est la Directrice Générale pendant 10 ans.

Où sont les entrepreneuses ?

A la tête de son premier restaurant à Honfleur en 2013, elle entre au bureau de la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie) et en prend la direction 5 ans plus tard. Un challenge dont elle mesure rapidement la portée. « Il n’y avait que 3 femmes dirigeantes de Chambre de commerce en France sur 115. Cela m’a interpellée » souffle l’entrepreneuse. Au cœur de son activité, Léa Lassarat perçoit que les femmes ne sont pas présentes. « En tant que présidente d’une chambre, je suis là pour développer le territoire, l’attractivité et le développement économique. Et l’entrepreneuriat féminin doit y participer. C’est ce qui m’a poussée à développer un réseau de femmes ». 

Le réseau pour inspirer

« Femmes & Challenges » nait en 2017 et regroupe un millier de femmes entrepreneures. Le mantra du réseau est d’inciter les femmes à se lancer. Léa Lassarat se désespère d’entendre des femmes de plus de 45 ans exprimer des regrets. « Ne pas avoir oser, dire j’aurais bien aimé mais … ». Le business au féminin s’affirme sur le territoire et s’incarne dans un premier forum de la dirigeante et cheffe d’entreprises réuni le 6 décembre à Deauville. Une journée pour donner la parole aux femmes qui font, qui échangent et en inspirent d’autres. Sophie Gaugain, vice présidente de la région rappelle que la Normandie compte 30% de femmes dirigeantes. « Bien, mais ce n’est pas encore suffisant » ponctue-t-elle.

L’entrepreneuriat féminin

A ces énergies créatrices, le forum donne de la visibilité. Il suffit d’écouter Brigitte Jablonski pour se décomplexer sur la question de l’entrepreneuriat féminin. La Présidente de Distriplus, spécialisée dans l’externalisation commerciale préfère parler de ses échecs, et de la lente construction de son adn entrepreneurial. Les « success stories » de ces femmes sont atypiques. Sharon Santoni, fondatrice du blog « My French Country Home » parlent d’un parcours d’entrepreneure par accident. Une envie de réinventer sa vie à l’aube de la cinquantaine. « j’ai commencé un blog sans savoir ce que c’était, j’ai été voir ce que faisais une amie américaine et j’ai eu l’impression qu’elle m’ouvrait les portes d’une très grande fête qui se déroulait sans que je le sache ».

L’instinct

Ce que ressent Sharon Santoni est une liberté nouvelle qu’elle ne nomme pas encore. « Je me suis lancée sans savoir où j’allais. Et c’est seulement lorsque j’ai commencé à vendre des box par abonnement que je me suis rendue compte que j’étais entrepreneure. » L’audace n’est pas un obstacle, mais la fondatrice britannique pointe le regard sur son âge. A l’aube de la soixantaine, elle provoque toujours la surprise auprès de ses interlocuteurs. « Lorsque je prépare une séance photo par email, je sais toujours que quand je franchis la porte et que je me présente, il y a toujours cet instant de surprise. La plupart des gens que je rencontre ont l’âge de mes enfants ! Je surmonte ça en essayant d’être le plus pro possible ».

A HEC jeunes filles, on nous apprenait à être une très bonne collaboratrice de notre patron. l’idée d’être patronne ça ne venait pas à l’esprit !

Edith Cresson

Le bastion politique

L’atypisme est une force qui ne va pas sans combat. Cruellement, l’ex Première ministre Edith Cresson en a fait les frais. Dans un entretien sans langue de bois, la seule femme française à avoir occupé cette fonction livre des anecdotes qu’on aimerait garder à l’ère préhistorique. De ses débuts en politique à la gouvernance de l’Etat, l’ex membre de la commission européenne à l’agriculture raconte le sexisme de la corporation. « Quand en 81, François Mitterand a été élu, il m’a demandé d’être ministre de l’agriculture et là, qu’est ce que j’ai entendu ! Le président de la FNSEA a dit : on voit le mépris dans lequel le Président de la République tient l’agriculture puisqu’il a nommé une femme à ce poste ». De pièges en déformation de propos, la carrière de l’ex ministre de l’agriculture témoigne de la résistance patriarcale de la sphère politique.

Monsieur d’Aubert ministre de la recherche a dit quand j’ai été nommée Premier ministre : Voilà la Pompadour ! Monsieur très chic ! Le suffrage universel ne suffit pas à conférer la légitimité à une femme. 

Edith Cresson

Etre soi sans se soucier du regard des autres est une force. Toutes l’affirment. « Les femmes veulent réussir à faire quelque chose, les hommes veulent la fonction. Quitter le Louvre pour Bercy c’était impensable ! il leur fallait le decorum ! L’apparence du pouvoir est important. Le pouvoir est masculin » assène Edith Cresson. Alors trop d’obstacles ? Sharon Santoni conseille aux femmes de foncer, de suivre sa passion pour ne pas avoir de regrets.

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