UN FILM DOCUMENTE L’INCROYABLE VIE DE RUTH BADER GINSBURG JUGE A LA COUR SUPRÊME

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©RBGlefilm

Ruth Bader Ginsburg est une icône du féminisme. Juge à la Cour Suprême des Etats-Unis elle incarne aujourd’hui à 85 ans le symbole des luttes pour le droit des femmes.  L’une des 9 femmes à étudier le droit à Harvard, elle intègre une promotion de 500 hommes. Un défi qu’elle relève en appliquant toujours le conseil que lui soufflait sa mère. « Sois une femme et sois indépendante ».  Un documentaire retrace son incroyable ascension et ses combats jusqu’à sa nomination par Bill Clinton à la Cour Suprême en 1993. Simone a rencontré Betsy West la co-réalisatrice de « RBG » qui sort le 10 octobre.

Ce documentaire sort à point nommé dans l’Amérique de Trump, c’est une coïncidence ?

Cela nous a pris trois ans et demi pour réaliser ce documentaire. C’était avant les mouvement #metoo et #timesup et avant les changements politiques. Nous n’avions aucune idée alors de ce qui allait arriver. Nous pensions que RBG la deuxième femme juge nommée à la cour supreme des US a retenu l’attention par ses positions fortes au sein d’une cour très conservatrice. Elle est devenue Notorious RBG (en référence au rappeur Notorious BIG). En discutant avec ma co réalisatrice Julie Cohen nous nous sommes dit que beaucoup de gens ignoraient ce qu’elle avait du traverser dans sa jeunesse comme jeune avocate défendant des causes pour changer la vie des femmes américaines. Il fallait qu’on fasse un documentaire sur elle !

Est ce que vous avez compris a quel point il était important avec #metoo qu’il y ait des femmes comme elle qui soient des « roles models » ?

Beaucoup de femmes impactées par #metoo et #timesup ont vu l’histoire de RBG. Et ont compris de quelle manière elle avait lutté pour le droit des femmes pendant des décennies.’Elle est inspirante pour ça. Si vous regardez les discriminations auxquelles elle a fait face quand elle était une jeune fille, c’est incroyable ! Elle faisait partie des meilleures dans la plus grande université de droit du pays (Harvard) et on lui a dit qu’on engageait pas de femmes avocate. C’est ce type de discrimination et bien d’autres qu’elle a attaqué dans son travail. Et c’est inspirant. Toutefois çà ne veut pas dire qu’il n’y plus rien à faire. Mais c’est intéressant de voir comment elle s’est battue pour que la loi change. D’une façon réfléchie. Elle ne hurlait pas pour revendiquer. Elle réfléchissait de façon stratégique à ce qu’elle pouvait faire.

 

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 La féministe Gloria Steinem en parle comme d’une icône mais elle est reste moins connue ?

Steinem connaissait Ruth Bader Ginsburg depuis qu’elle exerçait dans les années 70. Mais à cette époque elle n’avait pas la notoriété de Gloria Steinem. Gloria était en première ligne luttant pour le droit des femmes alors que Ginsburg était en train de travailler  pour changer la loi devant la Cour Suprême. Gloria le savait mais les américains ne savaient pas ce que RBG était en train de faire à cette époque. Je suis très heureuse qu’à l’occasion de ce documentaire les gens puissent la découvrir. Elle a gagné sa place dans l’histoire. C’est important de faire connaître les histoires méconnues de ces femmes.

Est ce qu’il y a un aspect de sa personnalité que vous avez découvert au cours de documentaire ?

Nous avons découvert une personnalité tres réservée et timide qui a aussi un grand sens de l’humour. Elle adore rire. C’est une personne réfléchie. Elle est très liée à sa famille et à ses amis.

Est ce que c’était un challenge de faire un film sur un tel symbole aux Etats-Unis ?

Quand vous faites un film sur la Cour Suprême ce n’est pas facile. Obtenir les autorisations pour raconter totalement l’histoire. Nous l’avons fait étape par étape, progressivement. Nous l’avons filmée d’abord au cours d’évènements publics, puis interviewé des gens qui la connaissaient. Petit à petit nous avons eu accès à a elle.

Il y a peu de gens qui la détestent vraiment dans le documentaire. Vous montrez qu’elle est clivante uniquement par le montage de phrases assassines qui ouvre le film ?

Cela reflète le sexisme, la misogynie et la haine auxquels elle a été confrontée. Nous voulions interviewer des gens qui ont joué un rôle important dans sa vie. Et aussi donner la parole à des détracteurs conservateurs. C’était intéressant de voir à quel point ces personnes l’admirent également ! En 1970 quand elle s’est battue pour les hommes et les femmes soient traités de la même façon par la Constitution c’était une position radicale. Aujourd’hui c’est une question admise même par les conservateurs à l’exception de l’extrême droite. Nous en avons contacté plusieurs qui ont refusé de nous parler.

 

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D’ou vient sa force de caractère ?

Elle a vécu dans un milieu modeste. Sa mère qui était comptable a perdu sa première fille d’une leucémie alors elle a beaucoup investi pour que Ruth reçoive une bonne éducation. Sa mère lui disait « sois une femme mais sois indépendante. Ne sois pas consumée par la colère », la colère est une perte de temps. Prends ta colère et fais en quelque chose. Sa mère est morte brutalement quand elle a eu 17 ans. En une génération elle est devenue juge à la Court Suprême. elle n’a pas l’intention d’arrêter. Elle travaille beaucoup et continue à s’entretenir physiquement. Elle a dompté deux cancers et surmonté la mort de son mari Marty avec qui elle formait un couple extraordinaire.

Vous montrez que Ruth Bader Ginsburg a privilégié des liens avec les plus jeunes générations ?

C’est fascinant qu’une femme frêle de 85 ans soit considérée comme une dure à cuire sous des abords très bien élevés ! C’est une personne déterminée et très forte. Les femmes de toute génération qui ont vu le film ont été confrontées à ce qu’elle a vécu. Les femmes de la génération Y la célèbrent et l’aiment.  Et même des petites filles s’habillent comme elle avec des lunettes et des  cols en dentelle ! Qui a 9 ans sait ce qu’est la Cour Suprême !

Elle est partout sur les réseaux sociaux !

Sa notoriété sur les réseaux sociaux aide à faire passer son message et notamment le fait qu’elle soit iconisée comme une rock star sous le nom de Notorious RBG.

Est ce qu’il y a une nouvelle ère pour le cinéma féministe ?

Il y a un intérêt évident pour les histoires méconnues et une reconnaissance. C’est aussi une opportunité pour les réalisateurs de porter à l’écran ces histoires ignorées. A Hollywood il y a peu de sujets de documentaires car ils ne génèrent pas d’argent. Je pense que les réalisatrices de documentaires auront plus d’opportunités  de porter ces histoires à l’écran car les gens sont plus ouverts aux histoires concernant les  femmes.

propos recueillis par Sophie Dancourt

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