« THE ASSISTANT » PRIMÉ A DEAUVILLE EST LE 1er FILM POST METOO

The Assistant movie
Capture Insta ©Deauvilleus

« The Assistant » est le deuxième long métrage de la réalisatrice américaine Kitty Green. Un film à valeur documentaire qui s’intéresse à une jeune femme fraichement diplomée, engagée comme assistante d’un producteur influent et sans visage. Une exploration post MeToo récompensé par le prix de la mise en scène au festival du cinéma américain de Deauville.

Il a fallu beaucoup de persévérance à Katty Green pour boucler le budget de son premier long métrage de fiction. Car lorsqu’une réalisatrice plonge dans les perversions de l’industrie du cinéma, cela donne « The Assistant », la vie de Jane (magnifique Julia Garner), assistante d’un oppresseur dont on ne voit jamais le visage. Le point de vue de la réalisatrice ne s’attache qu’à son héroïne, témoin de tous les vices d’un producteur qui maintient une pression sans faille.

La voix de l’oppresseur

Toujours vêtue de la même manière, Jane occupe ses journées à répondre au téléphone, aux injonctions de son boss dont on ne connaitra que la voix, aux menaces de sa femme trompée. Dans un silence oppressant, elle effectue des tâches bien éloignées de l’apprentissage d’un travail de production. Ce scénario pourrait se calquer sur d’autres industries où l’emprise ici ne s’exerce jamais par la violence physique. Entre reproches et de perverses obligations de s’excuser par mail après chaque « erreur », l’assistante entrevoit parfois des raisons de rester. La voix de celui qui est toujours nommé « il » se fait en de rares occasions cajoleuses. « Je suis dur parce que j’ai de grandes ambitions pour vous », le comble d’une manipulation bien orchestrée.

Des tâches extra professionnelles

La vie de Jane est solitaire, trop de travail pour penser à l’anniversaire d’un père qui habite loin, trop absorbée pour maintenir un minimum de liens sociaux. Même au sein de ce bureau sans âme, les autres collaborateurs affichent leur indifférence, et se réjouissent de ses embarras. La liste des tâches extra professionnelle du job d’assistante est sans fin. Jouer les baby sitter, recevoir avec dédain un manteau à suspendre, mordre dans un croissant sous le regard désapprobateur de l’équipe, tout est prétexte à son effacement. Car de façon insidieuse, l’asservissement de Jane la transforme en robot sans âme.

Des financements indépendants

Pour financer ce film, la réalisatrice a eu recours à des financements indépendants, les studios ayant refusé de porter un tel sujet après la condamnation de Weinstein. L’industrie du cinéma est un prétexte pour parler plus largement de l’exploitation des femmes dans la vie professionnelle. Jennifer Dana, l’une des productrices du film a déclaré être très fier de ce film, « à la fois en tant qu’expérience cinématographique et pour la façon dont il contribue à la conversation en cours sur le genre, le pouvoir et les rôles des femmes sur le lieu de travail”.

Lire aussi : FESTIVAL DE DEAUVILLE : TOUJOURS UNE LARGE PLACE POUR LES RÉALISATRICES

Laisser un commentaire

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.